Les Saltigués que Senghor avait dû consulter avant de créer le Parti Socialiste, ne lui avaient certainement pas prédit ce sombre avenir pour sa formation politique, qui a accompagné le Sénégal aux indépendances et présidé à sa destinée pendant plus de quarante longues années.
En effet, à la différence de Wade, qui a laissé des héritiers qui auraient aimé ( de Idrissa Seck à Macky Sall, en passant par Pape Diop, Samuel Sall ou Mamadou Diagne Fada, qui ne rêve pas de réunir de nouveau les Libéraux sous la bannière du seul PDS ? ) reprendre le flambeau enfin de perpétuer l’oeuvre du père, ceux de Senghor ne semblent avoir qu’ un seul objectif: dilapider l’héritage physique ( le parti) et intellectuel ( la pensée) du père, tels des fils peu fiers de leur héritage.
Depuis ce que l’histoire retiendra sous le qualificatif peu élogieux de « congrès sans débat »de 1996, et qui avait vu Abdou Diouf confier les rênes du parti à un Ousmane Tanor Dieng qui n’avait ni la légitimité historique, ni le parcours politique, et pas encore le charisme que requiert une telle charge, le déclin du parti semblait être depuis, irrévocable et irréversible.
Les départs de Djibo Ka qui créa l’Urd, de Moustapha Niass ( AFP ), suivis de ceux de Abdou Rahim Agne (le Parti de la reforme, Abdoulaye Diop Mactar ( Sur), Robert Sagna ( Rsd tds ), Souty Touré ( PSA), Mbaye Jacque Diop ( PPC), ne feront qu’acter cette déliquescence programmée.
L’érosion électorale du parti sous Tanor Dieng ne s’est ainsi jamais démentie au fil des élections présidentielles : (41,51% en l’an 2000 sous Abou Diouf, 13,56% en 2007 sous Tanor, et 11% en 2012 toujours sous ce dernier. Pour les élections législatives, Tanor est toujours obligé d’évoluer au sein de coalitions pour exister, comme s’il a peur de se frotter au suffrage des électeurs, car conscient du résultat.
En décidant de le faire cette fois pour les présidentielles, le poulain du président Abdou Diouf a posé un acte sans précédent, car jamais le parti socialiste n’ avait raté un rendez-vous présidentiel. En officialisant son soutien à la majorité de Macky Sall, en réponse à la décision du maire de Dakar, autre leader du PS de se présenter aux élections, il semble vouloir lui couper l’herbe aux pieds : Ce sera sans le parti, qui a déjà choisi de soutenir le président.
Un choix qui semble rencontrer l’adhésion du président Abdou Diou dont le centre de conférence internationale de Dakar porte le nom, par la volonte de Macky Sall.
Tanor et Abdou Diouf semblent donc décidés de boire le calice jusqu’à la lie quelles qu’ en soient les conséquences pour le parti socialiste.
Car le choix de soutenir la mouvance présidentielle, signe du même coup l’acte de scission du PS en deux factions au moins: ceux qui le suivront dans son compagnonnage avec Macky Sall, et ceux qui feront un autre choix. Et celà profitera à Khalifa Sall qui pourra prétendre être le candidat authentique du parti, car ne s’étant jamais inscrit dans la dissidence, comme ceux qui ont quitté le parti à l’aube de la première alternance en l’an 2000.
Reste à savoir si le Parti de Senghor se relèvera de ce nouveau choc des titans, et dans l’ affirmatif, ce qu’ il en restera.
Serigne Mbacke Ndiaye
Nouvel Horizon