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Réflexion: Omerta (lecture Recommandée Par )

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Le silence dans une démocratie est toujours assourdissant, voire engourdissant. Dans les républiques démocratiques où l’épithète n’est pas une coquetterie esthétique, les arguments contradictoires, comme deux sumotoris dans un cercle restreint, s’entrechoquent avec force. C’est un signe de vitalité.

On comprend l’interrogation pugnace et légitime de l’honorable députée Madame Hélène Tine : « Pourquoi ce silence des chefs religieux ? » Se demande-t-elle, faisant allusion à ce silence complice et gênant de certaines forces vives de la nation dans la situation du pays fortement marquée par une absence totale d’équité et de règles dans la gouvernance. La question de la parlementaire est à mettre en corrélation avec la conclusion du perspicace chroniqueur Pape Allé Niang qui avertit constamment les porteurs de voix qui ont mis leurs langues dans leurs poches : « Ceux qui refusent d’élever la voix contre les pyromanes seront obligés d’aller chercher de l’eau pour éteindre le feu ! »

Mais sur l’autoroute « Ila 2e mandat », il se passe beaucoup de choses ! Le terrain s’est aplati, le rouleau-compresseur marron et beige a bien comprimé le chemin des valeurs. Une certaine élite qui s’est affalée, balise la voie au Prince et surtout à la Princesse qui désormais « nomme les ministres ». Et l’on se demande si ces hommes et femmes, qui récemment étaient mis sur un piédestal, s’en sortiront indemne ! A lire et à écouter certains d’entre eux « dire que leur bataille d’hier était circonstancielle », on est envahi par un énorme sentiment de tristesse. On a juste envie de nous interroger : « Diantre ! Que vous arrive-t-il ? »

Un collectif d’imams, pour un black-out de la Sénélec, était monté au créneau ! La voix forte et solennelle, le regard déterminé et sincère, les imams avaient alors pris le parti du peuple pour exiger au pouvoir d’alors de mettre fin à notre faim de lumière. Mais ça, c’était il y a naguère.

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Aujourd’hui, il est vrai qu’on a soif, soif à avaler la mer et ses poissons ! Assoiffé de justice et de liberté aussi. En ces temps de spleen citoyen, on aurait aimé entendre une voix de la plus belle eau prendre notre parti. Mais on a soif ! On est si seul !

Peut-être que les coupures intempestives d’eau d’aujourd’hui et les délestages de jadis ne sont pas de la même eau ? On me dira qu’entre hier et aujourd’hui, c’est l’eau et le feu ; et qu’entre temps, beaucoup ont appris à nager entre deux eaux.

Ce qui est sûr et certain est que ce silence, loin de valoir son pesant d’or, est assez troublant dans une démocratie comme la nôtre, puisque dans ces républiques le silence y est toujours de plomb.

A la décharge des religieux, on peut dire que, Feu l’Imam Ndiour de Thiès nous avait habitué à des sorties bien commentées par les médias mais qui étaient axées sur les difficultés des populations. Serigne Cheikh nous avait suggéré avant son « départ », il nous avait parlé comme toujours à cœur ouvert, nous demandant de veiller au pays, de « le sanctifier avec des cœurs d’or si on ne veut pas qu’un bain de sang ne vienne le purifier.» Feus Serigne Sidy Moctar Mbacké et Serigne Abdou Aziz Al Amine, avec une grande responsabilité, teintée de pudeur, si proche de la circonspection qui seyait à leur rang, s’étaient fortement émus des affaires Karim Wade et Khalifa Sall.

Depuis c’est l’omerta. Je ne sais pas si Vigny a raison de penser que : « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse »

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Les autorités religieuses ne sont pas d’ailleurs les seules à garder le silence, après avoir « tout dit ». Presque tout dit. D’ailleurs que vaut la parole d’un « simple citoyen ordinaire » dans une ancienne démocratie devenue une république bananière quelconque ? Certainement c’est fort de ce constat que certains d’entre eux, la grande majorité, se sont emmurés dans un silence gênant ; tandis d’autres qui, assument fièrement « amitié » et « adversité » dans l’échiquier politique, disent à qui veut l’entendre leur proximité avec le pouvoir qu’ils défendent crânement, même quand il a tort d’assoiffer son peuple et de priver injustement certains citoyens de leur liberté, et jettent des regards incendiaires aux « ennemis » du prince contre lesquels ils n’hésitent pas à lancer des « fatwas » !

Il y a ceux qui ont perdu la voix, se tenant coi dans leur coin, mâchant avidement leur marron-glacé. Ont-ils avalé leur langue ? Peut-être que l’ont-ils simplement au fond de la bouche ?

Entre-temps le pays a changé : des convictions se sont émoussées, des masques sont tombés. Des professeurs émérites sont devenus « tailleur constitutionnel », d’autres des dames de compagnies, heureuses de tenir à la Première Dame son sac Louis Vuitton. Des écrivains réputés se sont mués en de piètres plumitifs trempant leur plume dans une encre tellement incolore que personne n’en voit l’orthographe, des intellectuels organiques chargés de propagandistes !

Ceux qui ont la voix si faible que la leur n’est même plus audible. Ils sont si haut perchés que l’écho de leur voix ne parvient plus à franchir la distance qui les sépare du peuple ! Ils sont si loin. Ils sont si hauts !

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Une certaine gauche qui n’est même plus « caviar », a rasé sa barbe, et rangé marteau et faucille, défend le pouvoir avec une véhémence si excessive qu’on en éprouve de la commisération en pensant à toutes les batailles épiques que la gauche a livrées dans ce pays pour l’indépendance, la liberté.

« Le silence des peuples est la leçon des rois. » Pourvu seulement, qu’en interprétant ce silence plein de mépris et de dépit des citoyens, le prince ne soit pas aussi débile que le petit moustique qui, auprès de sa mamie, s’enorgueillissait des tapes et claques des mains qu’il entendait dans les chambres qu’il écumait la nuit !

Vivement le doux soupir de la brise de l’hivernage qui viendra souffler sur ces feuilles jaunies d’automne qui empêchent les bourgeons printaniers de pousser.

 

Moustapha Diop

mrgediop@gmail.com

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