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Un Carnage Sous Le Sceau De L’omerta

Nos routes sont devenues le théâtre tragique où des milliers de personnes subissent le dénouement funeste d’un scénario auquel elles n’ont jamais adhéré. Chaque jour, la presse nationale se livre à un décompte macabre après les séries d’accidents de voitures.

Cette hécatombe qui va crescendo a déjà fini d’installer la désolation dans beaucoup de foyers. Ici, c’est un soutien de famille qui laisse orphelins de petits bouts de bois de Dieu, là-bas, c’est un Cerveau bien fait qui échappe brusquement à la Nation pour disparaître dans les profondeurs de l’éternité. Du jour au lendemain, des familles se retrouvent disloquées parce qu’un pilier important a été arraché sans crier gare.

Mais après tout, ce qui choque le plus, c’est le silence assourdissant qui enveloppe cette tuerie. Devons-nous rester apathique devant une telle calamité ? À la décimation fulgurante de notre population, devons-nous simplement répondre par cette inertie incompréhensible ?

Nous sommes tous témoins de l’indiscipline notoire des automobilistes pour qui la vie des passagers n’a de l’importance qu’avant le paiement du ticket de transport. Que les routes soient cahoteuses ou de qualité excellente, le danger reste identique car les pauvres usagers ont fini par intérioriser comme normal que des bus bondés puissent se livrer à une course-poursuite pour d’éventuels clients. À cela, s’ajoute l’absence de réactions sérieuses des autorités en charge de réglementer ce secteur. Les mesures sporadiques, annoncées en grande pompe à chaque fois que la boucherie routière atteint son paroxysme, comme la trentaine de victimes dénombrée ces deux dernières semaines, ne font même plus sourciller nos conducteurs. Ils doivent, sûrement, rire sous cape car sachant bien que le suivi-application sera vite abandonné, si tant est qu’il en a existé. Ainsi, voyager à l’intérieur du pays est devenu aujourd’hui une vraie psychose. On est transis de peur. Non pas de la mort qui est naturelle et inéluctable mais de se voir sacrifier par des chauffards dont le caractère oscille entre l’impolitesse et l’indélicatesse.

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Enfin, il est grand temps de prendre ce fléau à bras le corps, d’en faire une cause nationale. En effet, il faut que tous les citoyens se sentent concernés au premier chef, parce que nul n’est à l’abri. Si individuellement, on est un bon chauffeur, soucieux de la vie humaine, cela n’aura aucun effet lorsque la majorité conduit sans respecter les règles élémentaires du code de la route.

Amadou Hamé Niang est professeur de lettres modernes au lycée d’enseignement général de Diourbel. Doctorant en littérature comparée.







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