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Il Y A DÉmocratie Et DÉmocratie

Voyez « l’affaire Benalla » ! De quoi s’agit-il quant au fond ? Alexandre Benalla est chargé de mission auprès du Président de la République française M. Emmanuel Macron, responsable de sa sécurité rapprochée. Le 18 juillet 2018, le quotidien Le Monde diffuse une vidéo qui le montre intervenant auprès de policiers lors des manifestations du 1er Mai, frappant à plusieurs reprises un homme et une femme et le jetant par terre. Le 19 juillet  le Parquet ouvre une enquête préliminaire pour « violences par personne chargée d’une mission de service public », « usurpation de fonctions » et « usurpation de signes réservés à l’autorité publique ».

Alexandre Benalla est alors placé en garde à vue et mis en examen, pour « violences en réunion », « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique en accomplissant des actes réservés à l’autorité publique » et « recel de détournement d’images issues d’un système de vidéo protection » Les partis d’opposition  s’organisent à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Les médias se mobilisent. Les médias sociaux s’enflamment. Notons que personne n’a été blessé ; personne n’a même porté plainte.

L’Assemblée Nationale et le Sénat convoquent une commission d’enquête  parlementaire qui se  réunit dès le 22 juillet. Le Ministre de l’Intérieur, le Préfet de Police de Paris, le  directeur de l’Ordre public et de la Circulation et le commissaire général Alain Gibelin sont auditionnés sous serment par la Commission. Les médias révèlent les privilèges dont jouirait M. Benalla (salaire mensuel de plus de 7.000 Euros, grade de lieutenant-colonel de réserve de la gendarmerie, logement de fonction, permis de port d’arme, voiture de fonction) et évoquent l’existence d’une police parallèle ne répondant que du Président de la République. Une procédure de licenciement à l’encontre de M.Benalla  est enclenchée. Mais le Président de la République est personnellement mis en cause

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Il est même sous-entendu qu’il entretiendrait une relation  homosexuelle  avec Alexandre Benalla.

Quand il intervient le 24 juillet  et endosse la responsabilité de l’affaire. « Le seul responsable, c’est moi » dira-t-il. L’affaire ne s’éteint pourtant pas. L’opposition parle  maintenant d’une motion de censure à l’Assemblée Nationale pour faire tomber le gouvernement. Observons maintenant cette autre « affaire », tragique celle-là,  qui s’est passée ici, au Sénégal, à Dakar presqu’en même  que « l’affaire Benalla ». Il s’agit de la mort atroce de Pape Sarr  un jeune homme d’une trentaine d’années, aux mains de la police de Thiaroye.

Interpellé à son domicile par la police enquêtant sur un vol de moutons puis conduit au  commissariat du quartier il sera roué de coups, aspergé d’un liquide inflammable et  torturé à l’électricité.

Il mourra des suites de ses brûlures, dans des conditions atroces. Selon sa sœur interpellée en même que lui et présente au commissariat : « c’est du diluant qu’ils ont déversé sur mon frère avant d’utiliser la matraque électrifiée. C’est le contact de l’électricité avec le diluant qui a mis le feu aux habits de mon frère. Ils étaient tout surpris par le feu et ont fui…Tout s’est déroulé devant moi. Mon frère  a été ensuite évacué par les policiers à l’Hôpital de Pikine avant d’être acheminé vers l’Hôpital Principal de Dakar où il a finalement rendu l’âme ». Et après ? Rien !

La presse privée et les médias sociaux ont bien rapporté l’affaire. Des témoignages ont été diffusés. L’Association des Jeunes Avocats Sénégalais  (AJAS)  a bien exigé « une réaction exemplaire des autorités judiciaires afin que de tels actes de barbarie ne demeurent impunis… » Le Président du Comité Sénégalais des Droits de l’Homme Me Pape Sène a lui,  invite le procureur de la République à s’auto-saisir et à ouvrir une enquête. Mais à ce jour, à notre connaissance ni le Ministre de l’Intérieur ni le Directeur de la Sûreté ni même le Commissaire de police de Pikine n’ont répondu du drame. On s’en tient encore à la version de la police selon laquelle la victime se serait suicidée au commissariat.

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Il faut mettre ces deux affaires – celle dite « affaire Benalla » survenue en France et celle de la mort horrible de Pape Sarr au commissariat de Thiaroye pour voir qu’il y a bien Démocratie et… démocratie. Je veux dire que la Démocratie qui a cours en France où ceux qui exercent le pouvoir à tous les niveaux, du policier au président de la République, peuvent être interpellés à tout moment par les médias et sommés de rendre compte de leurs paroles et de leurs actes aux citoyens,  n’a rien à voir avec celle qui a cours sous nos cieux. Je ne dis pas que la démocratie qui a cours en France et en Occident en général est parfaite et qu’elle permet de faire entendre la voix et de défendre les intérêts de tous les citoyens. Loin de là. Elle est souvent manipulée pour le compte d’intérêts privés et de lobbys.

L’affaire Benalla  pourrait ainsi bien être  une espèce de  complot. Entre des journalistes à qui elle procure du sensationnel au lieu des habituels marronniers de l’été  et des politiciens qui trouvent enfin un angle d’attaque efficace contre le président Macron. Il n’empêche : il est rappelé au Prince qu’il n’est prince que par la volonté du peuple et au peuple qu’il est le seul souverain. Il est rappelé que les institutions de la République sont au service exclusif du peuple et que nul, pas même le Président de la République, ne peut se mettre au-dessus d’elles. Tout le contraire de ce que l’assassinat de Pape Sar nous dit. A savoir qu’au Sénégal le citoyen ordinaire ne compte pas. Sa sécurité et sa vie même comptent peu. N’importe quel représentant de l’Etat peut l’écraser à tout moment.

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« Ndeyssane » se lamenteront les bonnes âmes aux obsèques de Pape Sarr. « Un jeune homme si bien élevé, si pieux ! » « C’est Dieu qui l’a voulu ainsi ! Quand notre heure arrive, n’y peut rien. Qu’Allah l’accueille au paradis » Et on distribuera des biscuits après l’enterrement avant de manger un bon « ceebu yapp », en « sarakh », dira-t-on. Et ce sera tout.

 

 

abathily@seneplus.com

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