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Funérailles Pour Un « has Been »

Après une longue agonie, le Parti socialiste (Ps) vient d’achever sa longue descente aux enfers dans les bras du président Macky Sall.

Les héritiers putatifs du PS de Senghor (AFP, Urd, Ps), qui ont livré une guerre sanglante pour l’accaparement d’un lourd et précieux héritage, se retrouvent aujourd’hui réunis dans une maison libérale elle-même excroissance d’une formation oppositionnelle historique, le Pds de Me Wade. Il y a là une trajectoire d’intérêts kaléidoscopiques communs qui rend notre classe politique si singulière sur le continent et confirme le caractère exceptionnel de l’histoire politique de notre pays.

Pourtant, à y regarder de près, à interroger les fondements et les raisons d’être de ces partis et de leurs animateurs historiques, on est frappé par une évidence . Il y a longtemps, que les convictions politiques et idéologiques se sont dissoutes dans des combinaisons pour accéder ou se maintenir au pouvoir, cadence rapide pour s’enrichir en vendant son âme. Et les espoirs de populations crédules, à chaque échéance électorale, se retrouvent roulées dans la farine par des faussaires politiques.

Évidemment, il faut justifier les reniements, la vente des militants socialistes encore debout au nouveau « buur » (roi par la grâce de Dieu selon les croyances populaires) par des platitudes historiques sensées justifier l’allégeance honteuse au camp présidentiel. Et le Premier secrétaire du Ps, Ousmane Tanor Dieng nous sort cette perle comme une découverte politique du 21e siècle : « l’ère des échappées solitaires est révolue et a laissé la place à celles des grands ensembles ». Quelle lumineuse analyse géopolitique pour un diplomate de formation, nous dit-on, même si on ne se souvient pas de ses postes à l’étranger, ou sa dernière affectation au ministère des affaires étrangères !

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Mais le Premier secrétaire oublie de dire que c’est lui qui a vampirisé le Ps par des purges successives pour mieux réussir ses misérables combines alimentaires pour une fin de carrière parasitaire comme le fut toute sa carrière dans les couloirs et les ors du palais du pouvoir.

Il omet de dire qu’il a attenté à la vie du Parti socialiste de Senghor depuis le fameux « congrès sans débats » qui sonna le glas de l’héritage Senghorien et ouvrit le chemin de la longue traversée du désert et l’agonie qui s’ensuivit avec les départs-exclusions des barons socialistes (Djibo Leyti Ka, Moustapha Niasse, actuel président de l’Assemblée nationale, tien tiens !). La défaite historique du parti après quarante ans de règne (avec très peu de partage vers la fin) aggrava la crise, accéléra la déconfiture et le sauve-qui-peut avant le naufrage.

La direction fit illusion en limitant les dégâts post première alternance et fit croire à une improbable renaissance-retour aux affaires. La présidentielle de 2007 doucha les prétentions, fit exploser les contradictions qu’on tentait vainement de cacher aux militants et à l’opinion. Une résistance s’organisa de l’intérieur suite à l’élection de Khalifa Sall à la tête de la mairie de Dakar. Mais une résistance diffuse, presque poltronne en hésitant à sauter le pas comme le firent leurs ainés Djibo et Niasse. Ils oublièrent une chose : ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à grimacer, ni à des vieux briscards et combinards politiques qu’on prend au piège de la roublardise.

Ce fut leurs fautes politiques aux Aïssata Tall Sall et autres Khalifa et autres jeunes loups, compagnons de combat, puis d’infortune de Rebeuss. À trop jouer au jeu « de l’actionnaire majoritaire » comme l’autre, ils en oublièrent les fondamentaux : un parti n’est pas une vulgaire entreprise capitaliste, commerciale avec des actions et des parts de marché interchangeables avec des militants qui vivent, souffrent, espèrent, aspirent…

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Pour autant, peut-on péremptoirement enterrer le Parti socialiste, voire le socialisme tout court ? Je fais partie de ceux qui ne croient pas à la fin des idéologies, de la lutte des classes malgré les zigzags de l’histoire. Le capitalisme, qu’on appelle pudiquement aujourd’hui la « mondialisation » pour ne pas effrayer la petite bourgeoisie politiquement utile, ni heurter les susceptibilités de ceux qu’on nomme pudiquement « partenaire au développement » ; le capitalisme donc, sécrétera toujours les conséquences de sa nature : exploitation, misère, chômage, déplacement massif de populations, destruction de la nature, de l’environnement…

Alors oui, en retournant à ses fondamentaux, les idéaux socialistes, simplement humains, retrouveront de nouveaux espoirs, une nouvelle génération pour les porter avec de nouveaux outils pour les porter et les réaliser. Et peu importe le nom qu’ils porteront : socialiste ou autres. C’est juste des outils au service d’un idéal. Et on ne tue pas des idéaux !

dndiaye@

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