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Cadres Politiques Du Département De Matam : Quel Gâchis, Quel Manque De Vision !

Et nos marchands d’illusion se parèrent de leurs plus beaux habits ; leurs voitures et chauffeurs alignés d’un côté, leurs «gros bras» de l’autre. Ils se prennent pour des messies devant apporter à nos parents restés au Nord-est la «bonne nouvelle». Ils se trompent lourdement de priorités. Malheureusement, ils ne le savent point. A y voir de près, ils font réellement dans l’auto-duperie volontaire. Et les quelques rares esprits éclairés parmi eux font comme dans le dicton : «Contre mauvaise fortune, bon cœur».

J’ai été sidéré, comme la plupart d’autres cadres et d’autres jeunes du département, d’entendre et par la suite constater que des responsables politiques (certains ont quand même refusé d’être mêlés à cette grande farce) se sont rendus à Matam pour faire le tour des dix communes au motif de sensibiliser sur le parrainage et de préparer les élections de 2019 pour le compte de la mouvance présidentielle et, retenez bien, avec un budget de 51 millions. C’est simplement pathétique. Cela témoigne d’un manque total de respect et de considération envers les populations dans une contrée qui manque presque de tout, où dans certaines parties, certains cercles sont au bord de la famine. Serions-nous maudits à ce point ? Ou avons-nous simplement les «dirigeants» que nous méritons ?

Mieux, la tragédie-comédie politique dans le département de Matam réside dans le fait qu’ils sont presque tous du même bord. Sada Ndiaye et Seydou Demba Kébé, qui avaient fait un peu dans le simulacre de résistance, n’ont pas pu tenir longtemps face à l’appel des sirènes, que dis-je, l’appel des gyrophares. Cela mérite une petite réflexion, et peut-être vous pourriez m’aider à cerner certains détails. A Matam et depuis des lustres, ils sont rares ceux qui tiennent à des convictions fortes, à rester dans un parti politique contre vents et marées. Nous avons l’impression qu’ils étoufferaient en dehors du parti au pouvoir. Ce sont des faits facilement vérifiables par voie simplement empirique. Ils étaient combien sous Wade ? Ils sont combien maintenant ? Et ils seront combien demain dans l’Apr après le Président Macky Sall ? Même l’élève en cours préparatoire à l’école élémentaire de Thiéhel Sébbé peut répondre à ces interrogations.

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Cette farce de mauvais goût a commencé au centre culturel de Matam, sous la houlette du «coordonnateur», entraîneur et capitaine Farba Ngom (quand il dit que son boubou bleu est jaune, ils crieront avec lui, en chœur : bien sûr qu’il est jaune, Ngom !). La horde de responsables a écouté les directives et a acquiescé. Il s’agissait pour eux d’organiser une tournée de 72 heures dans les dix communes que compte le département (Matam, Ourossogui, Thilogne, Nguidjilogne, Ogo, Nabadji, Bokidiawé, Dabia, Agnams et Oréfondé). Les responsables ont rivalisé d’ardeur, chacun essayant de mobiliser au maximum pour faire bonne impression pendant le passage de la caravane. Si la même énergie était mobilisée pour atténuer la souffrance des populations, nous en serions heureux. Cinquante et un millions pourraient suffire pour construire un centre de santé ou plusieurs postes de santé. Avec cet argent, Kawel Dialoubé pourrait apercevoir le bout du tunnel dans son rêve de disposer enfin de l’électricité. Avec cet argent, certaines familles pouvaient être aidées et secourues. Mais non, nos amis ont d’autres priorités, ils ont préféré la bamboula et le folklore.

Le Diéri est confronté à de multiples problèmes. Des forages insuffisants peinent à alimenter certains villages qui ne bénéficient que de raccordements défectueux. Et vous vous n’ignorez pas encore que certains villages cotisent pour payer eux-mêmes leur personnel de santé. Vous voulez aussi que l’on parle du Dandé Mayo ?

Apparemment, le ridicule ne tue plus. Dans Trésors de pensées (1852), Antoine Claude Gabriel Jobert écrit ceci : «Le ridicule est la seule chose que craignent encore ceux qui ne craignent plus la honte.» Craignez le ridicule, chers aînés, puisque vous avez franchi la ligne de la honte !

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Les lecteurs avertis savent déjà que ce n’est pas la première fois que nous dénonçons ces genres de pratiques. Nous avions, à l’époque et à visage découvert (pendant que beaucoup se cachaient derrière des pseudonymes), dénoncé les comportements antirépublicains du député Farba Ngom. Et voilà que ce même parlementaire et maire vient d’ajouter l’insulte à la douleur. Voici les faits :

Il y a de cela quelques jours, le général de corps d’Armée Meïssa Niang (Haut commandant de la gendarmerie et directeur de la Justice militaire) a procédé à l’inauguration de trois brigades de gendarmerie dans la région de Matam : à Kanel, à Ndendory et à Agnam (département de Matam). C’est une excellente nouvelle puisque cela entre dans le cadre de la sécurisation des personnes et des biens. Nous profitons de l’occasion pour souhaiter au général une retraite bien méritée.

Cependant, l’installation de la brigade à Agnam pose un problème de cohérence territoriale. Cela heurte la conscience des puristes et de tous ceux qui tiennent à l’histoire administrative et territoriale.

Historiquement et bien avant les réformes de ces dernières années, les trois localités de l’actuel département de Matam qui avaient statut de commune sont : Matam (1952), Ourossogui (1990) et Thilogne (1996). C’étaient les localités les plus peuplées et les plus importantes soit sur le plan de leur centralité, soit sur celui des échanges. Lorsqu’il a fallu créer un nouveau Cem dans la zone, en plus du celui de Matam ville, on avait choisi Thilogne, c’était déjà à la fin des années 80. Et ce n’était point par hasard si Thilogne fut le chef-lieu d’arrondissement avant les réformes de 1996. Vous comprenez donc aisément que par cohérence et par logique, la brigade devrait être à Thilogne. Et pourtant, les premiers gendarmes affectés y étaient déjà installés. Pourquoi alors ce changement ? Il faut que Farba Ngom arrête de manipuler les autorités de ce pays par des petites combines. Et pendant ce temps, l’actuel maire Sidy Kawory Dia ne crie pas assez fort, pendant ce temps l’ancien maire et ancien sénateur Abdoul Guissé reste muet. Seriez-vous tous devenus des valets du maire des Agnams qui continue de faire la pluie et le beau temps en foulant complétement au pied l’élégance républicaine ? A Thilogne et à ma connaissance, il n’y a que Mamadou Elimane Kane qui fait dans la résistance.

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Je passerai sous silence ce ministre que le député envoie le représenter dans des cérémonies et qui agit sous sa dictée.

Il est temps de mettre fin à ce manque de respect et de considération, à ce faible niveau de représentation par une résistance intelligente.

Je lance un appel à tous les jeunes du département, à toutes les personnes qui savent dire «Non, stop !», à tous celles et ceux qui sont imbus des valeurs républicaines et qui tiennent à leur terroir comme à la prunelle de leurs yeux, de se joindre à nous, de se joindre à ceux qui craignent la honte et le ridicule, pour instaurer ce front de refus. J’en appelle au sens du devoir de chacune et de chacun de vous pour un changement de mentalités, au-delà des clivages politiques et partisans. Assumez-vous, préparez-vous, car demain est un nouveau jour ! Il est temps de se départir de ces pratiques d’un autre siècle et aider vos parents, vos frères, sœurs, nièces et neveux à prendre conscience des enjeux. Aidez ces milliers de citoyens à refuser la manipulation ! Soutenez ces milliers de personnes pour inventer de nouvelles méthodes, à ouvrir les yeux pour garantir un avenir meilleur, sous de nouveaux paradigmes !

 

Amadou Tidiane FALL

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