Depuis l’indépendance du Sénégal, on ne fait que nous faire rêver, le président Senghor nous disait :« à l’an 2000 Dakar sera comme Paris », le président Diouf était sur la même pensée que son prédécesseur, le président Wade disait : « Je prends certaines villes et je les construis pour en faire de véritables bijoux… », le président Sall disait : « à tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers publics, je tiens à préciser que je ne protégerai personne. Je dis bien personne ». Bref, Dakar est toujours Dakar et n’est toujours pas comme Paris, les villes ne sont toujours pas de véritables bijoux et sur la liste des 25 personnes qui devaient passer devant le CREI, une seule personne a été jugée.
Albert Brie disait : « il est bien admis que les politiciens pratiquent couramment le mensonge. Si l’un d’eux prend l’habitude de dire la vérité, le peuple peut aller jusqu’à se demander si cet original ne manque pas à son devoir professionnel ». Il est temps qu’on arrête de penser que ces « politiciens professionnels » peuvent changer la situation du pays. Il y a en cependant certains qui semblent avoir de la valeur et qui sont très détachés des choses terrestres.
Ousmane Sonko suivra l’unité de formation et de recherches de sciences juridiques ou il se spécialisera en droit public. Il réussira le concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration. Il intégrera l’administration après une formation à la section des impôts et domaines. Il deviendra auditeur interne à la direction du contrôle de la DGID jusqu’à sa radiation « pour manquement à l’obligation de discrétion professionnelle prévue à l’article 14 de la loi numéro 61-33 du 15 juin 1961 ». Leur nouvelle offre politique repose sur quatre piliers fondamentaux que sont le patriotisme, le travail, l’éthique et la fraternité.
Il pense que nos ressources naturelles sont lapidées par le gouvernement en place et que Petro-Tim n’avait pas la capacité financière pour être octroyée son contrat d’exploration. Il croit que pour développer le Sénégal, il faudra impérativement développer toutes les régions du Sénégal. Il pense aussi que le PUDC est un bon programme mais ne comprend pas le fait que 300 milliards soient octroyés à ce programme pendant que le TER nous coute 1000 milliards. Il ne conçoit pas que le ministre des finances accorde des exonérations fiscales à des compagnies qui font des bénéfices de milliards pendant que nous affichons un déficit budgétaire. Il pense aussi que rester dans le Francs CFA n’est pas en notre faveur car cela ne reflète pas la force réelle de notre économie et nous met en désavantage face aux économies internationales. Il a aussi rappelé qu’il n’y a jamais eu de développement sans industrialisation et de ce fait il pense que nous devons avoir une politique industrielle et que nous transformons nos produits au lieu de les exporter pour les racheter plus chers en produit fini. Il est catégorique sur les caisses noires et pense que celles-ci doivent être éliminées car ne voyant pas leur intérêt ; il est cependant pour la mise en place de fonds spéciaux pour permettre à l’Etat de mener certaines activités non comptabilisables. Il veut aussi que l’état financier des partis politiques soit déposé et à la limite rendu public comme cela se fait aux Etats-Unis.
Thierno Alassane Sall est ingénieur en télécommunication et en aviation civile. Il a une expérience de 22 ans au sein de l’ASECNA. Ancien patron des cadres de l’APR, il occupera le poste de ministre des infrastructures et des transports terrestres et du désenclavement et de ministre de l’Energie, avant son refus de signer le contrat d’exploration et de l’exploitation de pétrole entre l’Etat du Sénégal et Total. Selon un cadre du parti, leur programme est axé sur ces points : « Il réduira la pauvreté par une redistribution équitable des ressources, il augmentera le niveau de vie dans le monde rural, il repensera le système éducatif et sanitaire, et il réhabilitera le réseau ferroviaire ».
Il est réputé être un homme très pieux et un homme de valeur et ses passages à l’Asecna et dans le gouvernement le démontrent. Quand Farba Senghor voulait dissoudre l’Asecna, Thierno s’y est opposé farouchement et quand les syndicalistes ont fermé l’aéroport, Farba Senghor avait appelé Thierno et lui disait que si d’ici trente minutes l’aéroport n’est pas ouvert, il le mettra en prison sans aucune preuve qu’il soit derrière la fermeture de l’aéroport, une dictature dont le régime libéral nous avait habitués. À la suite de cet incident il sera affecté aux Comores et cette injustice l’a encouragé à se lancer en politique. Il a été brièvement directeur de l’ARTP où le salaire s’élevait à 14 millions avec une maison de fonction aux Almadies, 3000 litres d’essence par mois, l’équivalent de 100 litres par jour et des gardes du corps. Un minimum de trois voitures de fonction à la disposition du directeur. Il ne pouvait pas se permettre d’accepter cela dans un pays où les ambulances et les sapeurs-pompiers n’arrivent pas à se déplacer faute de carburant. Il jugeait le salaire excessif, ce qui l’a poussé à en parler au président Sall à deux reprises, la seconde fois dans la résidence du président à Mermoz pendant que ce dernier s’apprêtait à aller au petit pèlerinage à La Mecque. Cela a résulté de la réduction des salaires des directeurs généraux à 5 millions. Il a été ministre à deux reprises et a quitté à deux reprises pour refus de signer des contrats qu’il jugeait être contre l’intérêt national. Le premier refus était relatif aux chantiers routiers et le second était le contrat liant l’Etat du Sénégal à Total.
Ces deux citoyens peuvent-ils sauver le Sénégal et le remettre sur la bonne voie ? Le Sénégal a donné la chance aux politiciens au sens pur du terme et le problème persiste toujours. Tous les présidents qui ont dirigé le Sénégal ne parlent que de croissance économique et aucun d’entre eux ne parle d’indice de développement humain. La bonne gouvernance est l’un des facteurs les plus importants qui puisse permettre au Sénégal de se développer. Nous faisons partie des pays les moins avancés dans le monde et je pense que nous ne devons point nous réjouir de quoi que ce soit tant que nous ne sortons pas de cette statistique. Est-il temps que la chance soit donnée aux technocrates qui n’ont jamais fait de la politique ou qui ont dirigé avec des valeurs ?
Mohamed Dia