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Le Grand Bond En Avant Des Transhumants LibÉraux

Mao avait lancé en 1960  son « grand bond en avant » pour donner une nouvelle orientation politique à la Chine. Hélas, ce vaste programme ne produit pas tous les effets escomptés ! mais il aura essayé.

Sous nos cieux, les transhumants du PDS s’apprêtent à effectuer le grand trek après avoir trahi leurs partisans et militants, justifiés leurs actes de façon inélégante, peu crédible et fallacieuse ; et surtout d’avoir bénéficié de la clémence du prince dans leurs péripéties judiciaires

Selon eux, le « grand bond avant » vers …..le ridicule, se résumerait donc à:

  • Ne pas jouer les seconds rôles dans la perspective de la réélection du chef de l’Etat et cela, dès le premier tour (c’est l’expression à la mode);
  • S’organiser afin que la famille « libérale » se retrouve et se pérennise au pouvoir ;
  • Faire de sorte que l’actuel chef de l’Etat soit remplacé à la tête du pays par un libéral.
  • Rapprocher Wade et Macky Sall ;
  • et enfin cerise sur le gâteau, promouvoir l’idée que Macky Sall doit être entouré par ses «frères» et non par des socialistes comme c’est le cas présentement ! Quelle ambition ! Quel courage !

Mais comme dirait l’autre, à chacun son bond. Il y a en effet celui de la Chine Maoïste, celui du Lion sénégalais (décrit fièrement dans l’hymne national. Vous savez, celui qui s’élance et dissipe les ténèbres) et enfin le bond du crapaud libéral baveux qui se noie dans la marre à crocodiles…marron-beige.

Sans être moralisateur, condescendant ou prétentieux, il est toujours utile de rappeler quelques notions conceptuelles, malgré une littérature abondante et éprouvée en matière de transhumance.

Qu’est-ce qu’un libéral ? Le libéral est celui qui croit qu’une société libre est le fruit d’un combat permanent, qui croit que l’intérêt de la collectivité,  l’intérêt du pays, l’intérêt des plus pauvres, l’intérêt des générations futures, ne justifie pas qu’on porte atteinte à sa liberté.

Le libéral est celui qui croit qu’une société libre nécessite constamment de faire preuve de courage (que c’est beau! N’est-ce pas Serigne Mbacké Ndiaye & Co).

Qu’est-ce qu’un transhumant ? : la transhumance se présente, le plus souvent, comme des épisodes de reniements, de revirements, de ralliements d’anciens opposants, élus nationaux ou locaux, qui, après avoir bénéficié de l’investiture de leurs partis, démissionnent pour rejoindre la mouvance gouvernementale avec l’espoir de bénéficier de quelques avantages. Ce phénomène pose à la fois des problèmes d’ordre éthique, moral et juridique.

La transhumance est également appréhendée comme un fléau pour la démocratie, en ce qu’elle instrumentalise les élus en quête de quelques avantages matériels et de promotion politique, affaiblit les oppositions dont les élus sont à la merci des majorités au pouvoir, fragilise les équilibres et les contrepoids nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie, cultive et entretient l’immoralisme en politique.

Qu’est-ce qu’un transhumant libéral ? Mon top 3 est le suivant : classement totalement subjectif !

Médaille d’Or : Sada Ndiaye, Ousmane Ngom, Adama Sall, Awa Ndiaye etc… caractéristiques : Militants  du PS, PDS, APR…et blâmés (à défaut d’être condamnés) pour des cas de fraudes, corruption, malversations ou d’abus de pouvoir)

Médaille d’Argent : Serigne Mbacké Ndiaye, Adama Sall, Abdourahim Agne etc… caractéristiques : Habiles jongleurs, éloquents et militants successifs de plusieurs partis et mouvements politiques ; transhumants multi récidivistes.

Médaille de Bronze : Ismael Madior Fall, Latif Coulibaly, Abdoul Aziz Diop etc…caractéristiques : Néo Transhumant (de la société civile vers les prairies libérales. (Eh oui ! j’ai le droit d’appeler cela de la transhumance) ; Ils sont arrogants, suffisants, cyniques et s’autoproclament « intellectuels » oubliant qu’ils ont perdu leur liberté de penser.

D’où le transhumant puise-t-il ses motifs et motivations ?

Principalement, sur une conception du pouvoir où l’enjeu est le contrôle de la redistribution des ressources dans le cadre d’un État patrimonial ; Sur l’existence d’une floraison de partis politiques encore incapables d’assurer les fonctions traditionnelles d’éducation politique, de mobilisation, de représentation d’intérêts divers et fonctionnant sans démocratie interne, au service des ambitions de quelques individus si ce n’est d’un clan; (malgré toutes les lois sur le parrainage !) ; et Sur le prétexte de la massification du parti et d’une démocratie consensuelle à l’africaine pour justifier les dérives liées à la transhumance politique (e.g. les libéraux, les gauchistes, les sudistes, les nordistes, les teints clairs, les petits, les notables, les chevelus, les chauves (désolé Charles !)….bref tout regroupement permettant de participer au festin des vautours.

Les pires exemples qui me viennent en tête pour illustrer les propos précités concernent le cas du député libéral, Samba Bathily dont la proposition d’amender l’article 60 de la Constitution pour légaliser la transhumance parlementaire fut heureusement rejetée ; à l’époque, le professeur de Droit constitutionnel à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Ismaïla Madior Fall déclarait, je cite : « la proposition est irrecevable « . Sic ! en second lieu, le cours magistral sur les aspects positifs de la transhumance délivré par notre bien aimé timonier, à nous, je cite in extenso :

« Ne parlons pas de transhumance qui a une charge très péjorative. Le terme n’est pas acceptable. Mais, il ne faut pas oublier que nous sommes dans une démocratie. La liberté d’aller et venir est garantie par la Constitution (quid de l’article 60, Cher président ?). On ne peut pas mettre les gens dans des carcans politiques. Lorsque vous avez une majorité, il faut chercher à la consolider en allant chercher dans le camp adverse, dans l’opposition… Que quelqu’un quitte un parti où il ne se sent plus à l’aise pour rejoindre un autre parti, il n’y a rien de plus normal. Pourquoi quand quelqu’un quitte le parti au pouvoir pour aller dans un parti d’opposition, on ne parle pas de transhumance. Je suis un exemple, j’ai quitté le Pds pour aller créer mon parti dans l’opposition mais personne n’a parlé de transhumant (parce que cela n’arrive jamais au Sénégal, pardi !). Les idéologies sont désormais relativisées (non, tu crois ?). Nous n’accueillons pas des responsables politiques de l’opposition à coût de milliards ou avec des postes (nous allons juste leur donner le choix entre Rebeuss et l’APR !!!). Non ! Nous sommes dans une logique politique. Nous cherchons à renforcer notre majorité pour gagner au 1er tour (Y aurait-il soudainement une honte à gagner au 2ème tour ?). Le mot d’ordre : c’est l’ouverture (ou la massification, c’est selon !). Amenez des gens d’où qu’ils viennent avec n’importe quel moyen (illégaux, déloyaux, chantage, menace !!!). Nous allons réduire l’opposition à sa plus simple expression (les pauvres !) . Ça va continuer ( on le voit bien !) »…brrr !!! quel discours démocratique et « émergent ». Pas besoin de commentaire ou de lecture expliquée…no wonder !

Que peut-on faire pour atténuer l’occurrence de ce phénomène galopant au Sunugaal ?

Il semble y avoir une absence d’un corpus légal et éthique pour encadrer et dissuader la pratique de la transhumance au Sénégal. Il existe bien un article de la constitution (non appliqué ou de façon sélective) promulguant la répression de la transhumance parlementaire par la déchéance ou la perte du mandat du député qui démissionne de son parti. Rien sur les autres fonctions électives ou nominatives.

Je propose par conséquent (quelle prétention) quelques mesures plus radicales (et utopiques !) :

(1) Mettre devant la maison de chaque transhumant une pancarte mentionnant les différents partis dans lesquels il a temporairement posé sa besace afin de brouter l’herbe verte disponible. Cette pratique est appliquée dans certains pays pour les cas de vols ou de viols…

(2) Pirater le compte email, WhatsApp ou Facebook du transhumant, de façon régulière et soutenue, en lui rappelant ses antécédents et sa parole. (3) créer un site web ou seront régulièrement listés les cas de mal gouvernance, abus de biens sociaux, abus de pouvoir, chantages, utilisation de la justice contre un opposant, un homme d’affaire ou un simple citoyen ; cas de transhumance sous toutes ses formes…

(4) renforcer les lois anti-transhumance en les appliquant à toute fonction élective, nominative et de direction !

(5) Faire signer par tous les candidats à la présidentielle (parrainé bien sûr…sinon ça ne sert à rien !) une charte contre toute pratique liée à la transhumance et à terme, en faire un décret !

Terminons par rendre hommage à tous ceux qui n’ont pas transhumé (ou coalisé…Hello Tanor !) dans le parti au pouvoir après que leur parti ait perdu les élections ! Bravo ! n’oubliez pas que la roue tourne et que les sénégalais utilisent souvent leur bulletin de vote à bon escient, à la surprise des gouvernants !

Une note d’optimisme tout de même pour terminer cette diatribe. Nous notons l’émergence (la vraie !) récente d’une catégorie d’hommes politiques jeunes, intègres (jusqu’à preuve du contraire), maîtrisant les sujets économiques, sociaux et politiques, ne pratiquant pas la politique politicienne et la langue de bois, de façon exclusive et abusive et surtout, ne montrant pas encore de signes d’un complexe d’infériorité par rapport à nos « amis  et pourvoyeurs de desserts» Français ou à d’autres races et contrées ! Courage ! vous en aurez besoin !

In fine, nous devrions obliger nos hommes politiques à répondre aux questions suivantes lors de la prochaine campagne électorale : Allez-vous augmenter (comment ?) la taille du gâteau Sénégal pour qu’il y ait possibilité d’un partage plus équitable des ressources et fruits de la croissance? ou réduire les parts du gâteau attribuées à la minorité politico-affairiste, afin de les redistribuer équitablement à la majorité des citoyens, qui en sont les destinataires finaux en principe ? comment comptez-vous procéder ?

 

Cheikh Mbaye

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