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L’enfer Du Bac De Farafénni

L’enfer Du Bac De Farafénni

Chers compatriotes !!! Vous est-il déjà arrivé de voyager de Dakar à Ziguinchor en passant par le BAC de Farafénni ? Si OUI, Vous avez donc surement vécu comme moi L’ENFER DE FARAFENNI… N’est-ce pas ? Pour ceux qui ne savent pas de quoi il peut s’agir , Suivez..

Or donc , touché par le décès brutal de mon beau frère, le lundi 30 juillet , il me fallait d’urgence rallier Ziguinchor pour assister aux funérailles du défunt. Pris au dépourvu, et ayant toujours voyagé par bateau, je m’entends dire que le bateau est plein jusqu’au 25 août . Je me résolus à essayer l’avion et c’est le moment choisi par Air Sénégal pour augmenter son tarif qui passe de 66 000 Francs à 85600 d’un seul coup pour un aller retour Dakar–Ziguinchor. Sans crier gare et sans aucune communication… Incroyable.

Dépité, je me résolus à voyager par voiture. Mal m’en pris…Car je vais vivre un véritable enfer au propre comme au figuré… Tout commence par la gare routière des Baux maraîchers. Qui n’a de gare que le nom tellement y règne un désordre organisé et entretenu par des transporteurs sans scrupules et d’une cupidité exaspérante. Dans cette gare, pourtant toute neuve et très très mal éclairée, fourmillent dans un maelstrom incroyable, chauffeurs, coxeurs, voleurs, maraudeurs, vendeurs, mécaniciens, dames de petite vertu , truands et j’en passe… Le tout, dans une insécurité totale censée être régulée par un poste de police niché dans un coin et dont les agents semblent être plus préoccupés à autre chose qu’à la quiétude des voyageurs.

Bref, un monde lugubre et ..à part. Où le voyageur se sent agressé dès son arrivée par une nuée de rabatteurs ou « coxeurs » censés l’orienter vers la station dédiée à son itinéraire. Une fois déclinée votre destination, c’est à peine si on ne vous kidnappe pas pour vous amener au pas de course vers la voiture de leur choix qui… « serait en partance immédiate vers votre destination ». Et vous voilà installé presque de force dans un « sept places » attendant les autres clients.

Ah ! « les sept places ». Des véhicules de marque Peugeot et de modèle 505 de type familial. Des modèles d’anthologie qui datent de Mathusalem et qu’on ne fabrique plus depuis 1985 quand l’usine Peugeot a livré le dernier exemplaire de ce type de véhicule. Et pourtant, ils roulent ici au Sénégal et assurent même la quasi-totalité du transport inter urbain. INCROYABLE. Les voyageurs y sont entassés pire que des sardines dans leur boite car les sardines ont l’avantage d’avoir de l’huile qui lubrifie les interstices entre elles. Alors que dans ces véhicules d’un autre âge, les voyageurs sont tellement compactés que même le très léger vent de la flatulence trouve difficilement sa voie pour s’épandre. L’attente des autres voyageurs pour faire le plein avant le départ peut durer tant que la voiture n’a pas toutes ses places prises.

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Pour ma part, j’ai attendu de 20 Heures à 24H45 avant de voir mon « sept places » s’ébranler vers Ziguinchor. Si la sortie de Dakar en direction de la RN1 aura pris une heure, le trajet Dakar–Ker Ayib a été avalé par le chauffeur en moins de cinq heures de route car le petit matin nous a trouvés à la frontière. Un véritable exploit lié à une maestria du jeune chauffeur qui connaissait bien la route. Il fallait attendre l’ouverture du poste frontière pour traverser et entrer en zone gambienne. Cela se fera à huit heures tapantes, heure de reprise d’un nouveau jour de travail. Passons sur le petit racket des policiers qui réclament indistinctement mille francs à chaque voyageur aussi bien du côté sénégalais que du côté gambien. Le pire est à venir. Il commence à Farafenni où on doit prendre le bac pour traverser ce petit bras de fleuve. Tout d’abord, il faudra s’émouvoir de la longue queue des véhicules qui se suivent en rangs serrés sur une longueur de plus de trois cent mètres voire plus. Les gros porteurs et camions à droite, les véhicules de tourisme à gauche. Là, les gambiens ont mis en place un ingénieux système de rétention de personnes pour faire fructifier le marché attenant. Tout s’y vend et le pauvre voyageur retardé sciemment, va boire, va manger, va acheter des colifichets et autres babioles permettant aux vendeurs gambiens de faire du chiffre d’affaires.

Le Ferry lui-même fait l’objet d’un racket institutionnalisé avec des passe-droits accordés à ceux des véhicules qui acceptent d’allonger une somme comprise entre 20000 et 30000 francs CFA pour les faire embarquer en priorité au mépris de leur position dans le peloton des véhicules. Ici, le calvaire des voyageurs est arrimé à l’humeur exécrable des gambiens qui ne se gênent pas du tout pour vous faire comprendre qu’ils sont chez eux avec toutes formes d’exactions, de rudesse, de manque de courtoisie, de cris et de vociférations dans un tumulte organisé accentué par une chaleur torride d’hivernage accompagnée de poussière rouge de latérite qui vous happe littéralement sans aucun abri, ni lieu de repos adéquat. L’attente va durer – en tout cas pour nous- de huit heures à dix sept heures trente, avant qu’on finisse par embarquer dans le Bac et d’aucuns disent que nous avons été chanceux car certains passent la nuit voire des nuits avant d’embarquer. INOUÏE…

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Le plus écoeurant dans tout çà c’est que c’est une situation qui dure depuis plus de cinquante ans et nos gouvernants successifs n’ont jamais songé à y trouver une solution définitive laissant les sénégalais patauger dans cette fange gambienne juste pour pouvoir se rendre en Casamance. Plus de dix heures pour traverser un bras de fleuve en quinze minutes et parcourir un peu plus de dix kms en territoire gambien, il faut le faire. Quel masochisme !!!

Est-ce que nos Autorités sont vraiment conscientes de l’enfer que vivent les sénégalais pour rallier Ziguinchor par le Bac de Farafenni ? Le manque de volonté politique est patent ici et nos compatriotes du sud, peuvent à juste raison se sentir «abandonnés» devant une telle situation. Alors qu’il aurait été très bénéfique pour l’Honneur, pour la souveraineté nationale et le développement du terroir, de construire une bonne voie de contournement passant par Tambacounda pour se passer de ce calvaire gambien qui nous humilie chaque jour et nous retarde d’autant. S’il faut attendre plus de cinq heures pour embarquer autant passer ces cinq heures à rouler sur une route praticable pour arriver à bon port sans devoir subir les exactions des gambiens. Le rallongement de la distance est un faux alibi car DAKAR –MATAM fait bien plus de cinq cent Kms et DAKAR KIDIRA et DAKAR –BAKEL et pourtant les véhicules s’y rendent régulièrement.

D’aucuns pensent que le pont en construction va définitivement régler le problème de la Transgambienne. J’en doute fort. Je ne voudrais pas paraître un oiseau de mauvais augure mais je demeure très circonspect par rapport à cette certitude. Connaissant les gambiens avec leur système mafieux d’extorsion de sous sur le trajet Dakar Ziguinchor, je crains fort qu’ils ne mettent en place d’autres stratagèmes de racket des sénégalais qui voudront emprunter le pont pour compenser le manque à gagner lié à la disparition programmée du commerce du Ferry. Attendons voir….

NON !! Il est grand temps que nos gouvernants fassent de la route TAMBA-ZIGUINCHOR, une SURPRIORITE si on veut vraiment EMERGER. Sur ce chapitre, il serait très édifiant que le Ministre en charge des transports ou son directeur de cabinet ou même un haut fonctionnaire de son département fasse le trajet Dakar –Ziguinchor par Farafenni de manière anonyme pour se rendre compte du calvaire des sénégalais dans cette odyssée et donc de l’urgence à y mettre un terme. Dans cette affaire, les transporteurs auraient du être les premiers concernés pour exiger fortement et fermement la construction de cette route TAMBA-ZIGUINCHOR. Mais comme ils ont presque tous –entre autres commodités- leur deuxième, troisième voire quatrième et cinquième bureau dans cette halte forcée de Farafenni, on comprend qu’ils ne soient pas trop pressés de CHANGER. Justement à propos de changement, quand est ce que les sénégalais en général et les commerçants et transporteurs en particulier comprendront-ils qu’il faut CHANGER pour AVANCER ? Ici , on est adeptes de l’inertie et de la sclérose. ;

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RIEN NE DOIT BOUGER..

Alors que le monde change. Voyez moi ces vieilles guimbardes de 505 «sept places» qui ne sont plus fabriquées depuis belle lurette et qui continuent à assurer le transport interurbain. Ce qui veut dire que les pièces ainsi que les réparations sont pour la plupart des pièces «artisanales» ou bricolées par des tourneurs informels. NON !!! On est TROP FORT au Sénégal. Et pourtant ces transporteurs sont dans le circuit depuis plus de quarante ans. Incroyable… Ils ne se rendent même pas compte que tout bouge. En Mauritanie, le trajet ROSSO-Nouakchott est assuré par des véhicules 4X4 climatisés de neuf places pour une distance de presque mille Kms. Nos transporteurs, eux restent dans leur petit cocon de «sept places» sans aucune perspective, cantonnés dans leur «sama auto». Alors qu’il aurait été plus gratifiant pour eux par exemple, de s’associer par groupe de sept chauffeurs ou propriétaires pour acheter un bus neuf climatisé de soixante dix places qui fera le transport interurbain à leur compte. Si cela était fait, chacun des propriétaires-transporteurs aurait dix places par bus ce qui est nettement plus profitable que «sept places». Ensuite, le bus faisant une navette par jour, chaque transporteur va conduire une journée par semaine et se reposer les autres jours ou faire autre chose. Les voyageurs aussi vont être dans de bonnes conditions de sécurité et de confort avec ces bus qui vont adopter des horaires de circulation concertés et portés à la connaissance des voyageurs. N’est ce pas bien meilleur que ces «sept places» mortifères qui ne font qu’encombrer les gares et les routes et surtout sont sources d’accidents fréquents et mortels liés à la vétusté des véhicules qui ne sont plus fabriqués ?

Allez , Messieurs, l’idée est gratuite, aucun droit à payer. Accentuez la réflexion car vraiment il faut changer Waye… Sinon un autre « Auchan » des transports va venir avec des véhicules neufs, confortables et des prix concurrentiels pour vous chiper toute votre clientèle. DEH..Dakar DEM DIKK a commencé non ? Avertissement sans frais.. A bon entendeur.. Que DIEU Nous garde et garde le Sénégal.

 

Guimba KONATE

guimba.konate@gmail.com

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