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Pds, La StratÉgie Du Pire

A mesure que l’on se rapproche de l’instant fatidique des élections présidentielles de février prochain, le PDS dévoile les aspects les plus hideux de ses facéties. 

La dernière passe d’armes entre Madické Niang fidèle parmi les plus fidèles compagnons et Abdoulaye Wade, grand horloger du parti libéral au pouvoir jupitérien, en est une des illustrations, sans doute la plus fatale. Cette bataille épistolaire ressemble bien à un dernier épisode d’un long scénario commencé en mars 2012, après la perte du pouvoir. 

Toutes les péripéties ayant ponctué la débâche du PDS ont été douloureuses, voire dramatiques : les trahisons, intrigues et démissions en cascade des dirigeants créées et couvées par Wade, l’arrestation et l’emprisonnement de Karim Wade, les difficultés du couple Wade, les pitoyables sorties injurieuses du vieux chef désespéré contre le Président Sall en dépit des libéralités qu’il avait reçues de son ex-poulain, la rocambolesque exfiltration de Karim vers une prison à ciel ouvert  de Doha après que Madické Niang eut signé sa demande de grâce au nom de sa famille.

 A chacune de ses étapes, l’édifice libéral a, tel un roseau, plié, sans rompre. La désignation de Karim Wade comme candidat du parti a failli achever un  parti malade d’un leadership dilué, éclaté et téléguidé. 

Les  récents départs d’éléments clés  de la garde rapprochée de Wade, (Pape Samba Mboup, Farba Senghor, Modou Diagne fada, Souleymane Ndéné Ndiaye, Serigne Mbacké Ndiaye), les tentatives ratées de rabibochage avec Idrissa Seck, ne se révéleront que comme des secousses de faible intensité, tellement la barque semblait bien être tenue par le timonier Madické assurément à l’influence plus pesante que celle du coordonateur national et factice numéro 2 du PDS, Oumar  Sarr, pourtant plusieurs fois annoncé transhumant.

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Mais très vite, les suites judiciaires de Karim Wade ont révélé l’inexorable volonté de la justice à empêcher la candidature du fils Wade. Ses missives ponctuées de diatribes violentes contre le régime actuel n’y firent rien. Sa participation aux élections présidentielles est devenue plus qu’improbable. 

C’est là précisément qu’intervient le divorce entre Wade son compagnon Madické. L’entêtement savamment entretenu par les radicaux à vouloir vaille que vaille imposer une candidature plus fantasmagorique qu’illusoire  de Karim, irrite de plus en plus l’ex-ministre des affaires étrangères et avocat de la première heure de Wade. 

L’homme est bien introduit à Touba en pays mouride où il jouit d’une grande considération. Il a d’ailleurs toujours été perçu comme la caution éthique du vieux chef, imbattable dans cette contrée. Le démarrage des opérations de parrainage marque certainement un tournant décisif dans la trajectoire des élections. 

Les entraves judiciaires ne semblent outre mesure freiner la détermination des durs à en découdre avec le Président Sall qu’ils accusent de barrer la route à Karim Wade en lui refusant par des subterfuges, l’accès au fichier électoral, condition pour être candidat.

Cette obstination insensée aux yeux de Madické, porte parole du PDS, ne peut que conduire à l’abstention  des militants libéraux, facilitant ainsi la réélection, sans coup férir du candidat sortant.   Comprenant l’inanité de cette « stratégie du pire », Madické Niang aurait adressé une lettre aux militants PDS, en présentant sa candidature, en lieu et place de celle de Karim. Et dans la foulée, organisé, une campagne de collecte  de parrains en sa faveur. L’ire du chef, depuis Doha, ne tarda pas à se déclencher. Sa machine politique, tel un rouleau compresseur se déploya, pour contrer l’initiative de Me Niang. 

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Il est accusé d’avoir commis un crime de lèse-majesté en tentant de faire cavalier au nom … du grand manitou Sitôt, la réaction de Wade est instantanée. Il s’est fendu d’une missive signée de lui-même, pour remettre les pendules à l’heure de Karim. 

Les structures du parti sont agitées et se mettent à pied d’œuvre pour jeter aux orties tout plan B. Karim reste le seul unique plan. Quitte à tout perdre, autant ne pas offrir sur un plateau d’argent au pouvoir, l’éviction programmée de Karim. Madické Niang est sans doute  un homme de confiance de Me Wade. A-t-il  oublié que Karim Wade en ramenant son père à Doha, a décidé de contrôler l’appareil et d’en être le seul centre de décision. C’est  lui qui a fait avorter toutes les tentatives de réconciliation entre Wade et son ex-poulain devenu président. 

A l’image des autres dissidents partis pour inconvenance avec la toute puissance présence de Karim, que peut faire Madické Niang ? Rejoindre  le camp de Macky Sall comme les autres ? ¨Prendre en main son destin personnel en dehors des bases naturelles du PDS ? S’allier à d’autres leaders des ex-libéraux, Abdoulaye Baldé, Pape Diop, Idrissa Seck ? Ou abandonner la politique ? Aucune de ses perspectives ne semble mettre à l’aise cet homme élégant, mesuré et profondément républicain, que probablement aucun Sénégalais n’échangerait contre Karim Wade, ce « petit gosse », devenu Bison Futé et Grand manitou à côté du vieux chef émoussé, pour qui le temps de la retraite définitive a vraiment sonné.

mndiaye@

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