Malgré sa relative jeunesse, le président Macky Sall entouré de dinosaures pseudo-socialistes et quémandant le soutien des chefs religieux, symbolise de plus en plus, comme Miterrand en 1974, l’Homme du passé mais aussi celui du passif social et moral.
Sa démarche politique rappelle, en effet, celle du patriarche Senghor et son Parti-État unifié, à une époque où les militants de gauche étaient embastillés et torturés, où seuls les militants du parti au pouvoir pouvaient voter, car figurant dans le fichier électoral, où certains chefs religieux soutenaient ouvertement l’UPS-PS…
Rien d’étonnant alors à ce que le président Macky Sall désigne l’ancien directeur de cabinet et l’ancien conseiller diplomatique du président-poète, entre autres dinosaures, comme délégués régionaux pour la campagne de parrainage de sa candidature.
C’est dans ce contexte de retour au modèle politique senghorien qu’intervient ce ndigël désuet du clergé officiel de Tivaouane, quelques jours après la commémoration du 21ième anniversaire du décès du vénéré Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh, régulateur social par excellence. Cette prise de position politicienne et partisane est loin d’être unanime au sein de cette famille religieuse, qui comprend certains des pôles les plus antagoniques au pouvoir de Macky (PUR, Bës Du Niakk). Mais plus grave, elle pourrait compromettre les chances des dirigeants officiels d’une des plus grandes confréries de notre pays, de jouer demain ce rôle de médiation et d’arbitrage tant attendu par le peuple, en cas d’exacerbation plus que vraisemblable de la crise politique actuelle.
Mais gageons que le président Macky Sall compte moins sur les prières et bénédictions d’un quelconque marabout que sur sa dynamique bien huilée de fraude électorale, qui consiste à écarter certains de ses adversaires politiques par l’emprisonnement, l’exil, le tripatouillage du code électoral et de la Constitution, sans oublier le parrainage diabolique !
Une autre indication de l’attirance qu’exercent les cheveux grisonnants et blancs sur les tenants de ce régime passéiste est fournie par la prolongation de l’âge de la retraite pour certains magistrats et hauts fonctionnaires ayant en charge la gestion de questions judiciaires et électorales très délicates, directement reliées aux prochaines élections présidentielles. Est-ce cela qui explique ces condamnations cruelles des rivaux du président, le rejet de tous leurs recours par des juridictions suspectes, quand elles ne se déclarent pas tout bonnement incompétentes ?
Face au camp des vieillards dans le vent, bien décidés à jouir encore, au moins de cinq années de bamboula, aux frais du prince, se dressent de jeunes quadragénaires, dont le dénominateur commun est le rejet de ces pratiques politiques perverses, qui polluent la scène politique depuis l’accession de notre pays à l’indépendance formelle, alors même que beaucoup d’entre eux n’étaient pas encore nés.
C’est ainsi qu’un ancien ministre démissionnaire, révolté par la soumission de notre pays aux intérêts étrangers et un magistrat fougueux, écœuré par une Justice aux ordres ont rejoint dans l’opposition politique, M. Ousmane Sonko qui, qu’on le veuille ou non, est celui qui pose les actes politiques les plus cohérents et les plus offensifs, ayant le don de faire sortir les thuriféraires du président de leurs gonds.
Un autre de ses mérites est de se prononcer clairement, à travers son livre-vision, pour la refondation institutionnelle, une amélioration de la gouvernance politique, le renforcement de l’État de droit et la souveraineté monétaire et économique.
On ne peut cependant occulter le fait que malgré sa popularité croissante, Pastef seul ne viendra pas à bout de l’hydre néo-libérale de Benno Bokk Yakaar et même si c’était le cas, ne pourra pas gérer la nécessaire transition politique vers une refondation institutionnelle bien comprise.
C’est pourquoi, il urge pour tous les patriotes dissidents des partis gouvernementaux ou réunis autour de diverses plateformes de gauche ou de la société civile (FIPPU/ Alternative citoyenne, collectif pour une alternative politique souveraine, COS/M23, Mouvement la Voie du véritable changement…) de se réunir autour de l’essentiel, dans le cadre d’accords programmatiques pour bouter Macky et ses affidés hors du pouvoir.