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Moi, Salafiste ?

Moi, Salafiste ?

Depuis le lancement de son livre-vision, Solutions pour un Sénégal nouveau, le dimanche 16 septembre 2018, à la Place de l’Obélisque, le leader du Pastef fait l’objet d’une levée de boucliers et d’une série de tirs groupés venant de toutes parts. De notre point de vue, cela est tout à fait normal. C’est même un signe que Ousmane Sonko et le parti qu’il dirige existent réellement au Sénégal. Au regard de la virulence des propos et de la violence des mots, nous pouvons même affirmer que Pastef fait trembler les tenants du pouvoir qui ont très tôt affiché leur ambition d’obtenir impérativement un second mandat. Peut-être même un deuxième, car on ne sait jamais avec le «wakh wakhète» qui a fini de s’ériger en norme républicaine au pays de la  «téranga».

Que Sonko soit la cible de critiques, mêmes des plus farfelues, est donc un excellent signe de vitalité du Pastef, parti politique très jeune, à l’image de son leader qui détonne face au gotha des détenteurs des institutions étatiques du Sénégal.

Paradoxalement, le Président Macky Sall, premier chef d’Etat sénégalais né après l’indépendance de notre pays, et dans une moindre mesure, son Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, constituent une curieuse exception dans ce qui apparaît comme un syndicat des retraités de la République. Entendons-nous bien ! Je n’ai rien contre les anciens. Je les considère même comme d’indispensables «bibliothèques» qui renferment un savoir nécessaire à la réussite de toute entreprise. Seulement, il s’agit juste de relever, en passant, une bizarrerie.

Le problème est que la plupart des attaques dont Sonko fait l’objet relèvent de la pure subjectivité et de la méconnaissance totale de la nature de la République sénégalaise.

On ne parle que de choses graves et sans objet dans un Etat qui inscrit la laïcité dans sa charte fondamentale.

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Si ce n’est son appartenance à une confrérie ou à un groupe religieux, ce sont ses origines ethniques voire géographiques qui sont évoquées. Que certains esprits peuvent être étonnamment limités !

Contrairement à bon nombre de militants et de sympathisants du Pastef, je trouve très professionnelle la question du journaliste Cheikh Yérim Seck, lors de la cérémonie de lancement de Solutions. En fait, un journaliste ne pose pas des questions pour lui-même. Il le fait pour l’opinion qu’il représente et dont il transmet les interrogations et préoccupations.

Par ailleurs, cela a été une occasion pour Ousmane Sonko de se prononcer sur un vrai-faux débat savamment orchestré – non pas par Cheikh Yérim Seck – dans le but de ternir son image aux yeux des Sénégalais.

Cependant, beaucoup de personnes ont rebondi sur la question de ce journaliste pour, non pas formuler des critiques objectives sur le dernier livre de Sonko et surtout sur sa vision pour un Sénégal nouveau, mais pour se livrer à des considérations crypto-personnelles.

La dernière et pas des moindres, (en attendant les suivantes), est le Dr. Ahmed Khalifa Niass qui vient de se fendre d’une contribution publiée ce lundi sur le site Dakaractu. D’aucuns pensent qu’il ne faut accorder aucun crédit aux écrits de cet érudit qui fait souvent des sorties rocambolesques dans le paysage médiatique sénégalais. Ils oublient que celui-ci n’est pas du tout à négliger. C’est un fin stratège – presqu’un Wangrin – qui connaît assez bien les rouages de l’Etat. Ahmed Khalifa est aussi un «bon client» de la presse sénégalaise qui, en général, lui accorde une audience de choix, en lui tendant le micro ou en publiant ses écrits, quasiment de manière automatique, sans «censure».

Dr. ou Serigne Ahmed Khalifa Niass, même si sa parole ou ses écrits ont pris un sacré coup de discrédit ces derniers temps, reste quand même un érudit confirmé et surtout un homme complexe et ambigu ; donc très difficile à cerner. Il mérite par conséquent une attention toute particulière.

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La contribution qu’il vient de publier sur Sonko a suscité mon attention, pour ne pas écrire mon inquiétude. Je veux en parler très brièvement.

Plusieurs passages de son texte m’ont marqué. En commençant sa contribution par soutenir que son intention n’est pas de «viser la personne de Sonko», il finit par toucher toutes celles et tous ceux qui partagent avec Ousmane le patronyme qu’il porte, en jouant avec son nom de famille. Quelle litote ! Dr., «tôgne bâkhoul» ! Mais je considère cela comme une erreur de communication – d’ailleurs très fréquente au Sénégal – ou comme la dose humoristique du texte. L’humour est aussi un art qui n’est pas donné à tout un chacun. Bon, passons à autre chose ! Ousmane et l’ensemble des Sonko vont quand même en rigoler.

Bon nombre de passages m’ont sérieusement intrigué dans la contribution du khalif. Après avoir reconnu la probité et l’homophobie de Sonko, il déroule effectivement les «arguments» pour étayer sa thèse qui consiste à faire croire que Ousmane n’est pas «Ibadou», mais Salafiste, que Sonko prône le «Sankou» pour le Sénégal.

Il s’agit de dire aux Sénégalais et surtout à l’Etat qui, de toutes les façons, est mieux informé que quiconque : «On vous dit que l’homme des Solutions est un ‘’Ibadou rahmane’’ et vous vous en inquiétez. Moi, Ahmed Khalifa Niass, je vous informe du projet diabolique et monstrueux que Sonko prépare pour le Sénégal». Ensuite, il égrène un chapelet d’accusations aussi graves que gratuites. Mais bon, quand on bénéficie d’une immunité naturelle, d’une licence de «tôgne», les citoyens «ordinaires» sont obligés de se contenter du «mougne».

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Pour ne pas trop entrer dans les détails prémonitoires – bâtine – du genre «33 mille électeurs wahhabistes et salafistes au Sénégal», «femmes habillées d’une burqa, comme celle des dames de Sonko», «Sonko ne reconnaîtra pas les résultats en sa défaveur», «On s’attaquera aux magistrats», «Pastef» et «foi salafiste», etc. que corroborent les allusions à la répression des  «salafistes» en Mauritanie, je demanderais tout de même aux patriotes de tous bords de ne pas négliger ses écrits.

Enfin, je souligne que le Pastef est loin d’être un parti d’«ibadous», de «salafistes» ou de «wahhabistes». Ce n’est pas non plus le parti des mourides, tidianes, layènes, khadres, chrétiens, animistes, etc. C’est le parti des Patriotes sénégalais imbus de valeurs d’éthique, de travail et de solidarité, qui sont prêts à faire un don de soi pour la patrie.

La foi du Pastef n’est relative ni à la religion de Sonko ni à celle d’un autre militant. Ce qui regroupe les militants et sympathisants du Pastef, c’est un projet de «Solutions» aux problèmes des Sénégalais, qui sera bientôt détaillé dans le cadre d’un programme clair, net et précis, qui se ramolli comme L’os de Mor Lam dans la marmite de Awa. Il mijote dans les laboratoires des universités et instituts de recherches du Sénégal et de la diaspora. Je comprends que cela inquiète plus d’un, mais que faire face à un raz-de-marée électoral irréversible ?

Si tous les gens qui travaillent à élire Sonko en 2019 sont des salafistes, alors autant proposer la fermeture de nos écoles et universités, de nos services publics et privés, de nos mosquées et «daaras».

Dr., faisons très attention au poids des mots !

Dr. Amadou SOW

Enseignant chercheur Ucad

Responsable adjoint Pôle formation et débat

Rapporteur de la Commission Enseignement supérieur

et formation professionnelle du programme de Pastef

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