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La Mort Des Partis Politiques

La Mort Des Partis Politiques

La candidature inattendue à la prochaine présidentielle de Me Madické Niang, en violation du consensus extravagant et audacieux, retenu par ses frères libéraux, qui rejettent l’idée d’un plan B, n’est qu’une étape supplémentaire dans la longue série d’actes de rébellion contre le projet de « dévolution familiale » du pouvoir au sein de la formation libérale.

On peut citer, entre autres, la dissidence de Modou Fada Diagne, la démarcation de l’ancienne mairesse de Bambey, jusqu’à la fronde scélérate du rassemblement pour la pérennisation du libéralisme, sans oublier les innombrables mouvements politiques nés des flancs du Parti démocratique sénégalais.

C’est pourquoi, on ne peut s’empêcher de penser, que l’inamovible Pape du Sopi, en laissant péricliter son Parti pour les beaux yeux d’un ex-prince héritier déchu, au lieu de laisser la place à une nouvelle génération des cadres de son parti, se complique inutilement la tâche et fait objectivement le jeu du pouvoir en place.

Le président Macky Sall, de son côté, ne se préoccupe point de structurer ni son parti encore bloqué à un stade infantile voire embryonnaire, ni sa méga-coalition disparate regroupant pêle-mêle des hommes d’appareils politiques sclérosés, des entrepreneurs politiques sans scrupules, des transhumants et des souteneurs prêts à servir tout nouveau pouvoir. Il a pris le parti de s’adosser à l’État et à ses différentes Institutions, pour débaucher ou neutraliser ses adversaires politiques. 

Ce bref aperçu des péripéties pré-électorales, qui agitent la scène politique, au-delà de la répugnance qu’elles suscitent chez les citoyens sénégalais ne font que traduire la crise de la représentation politique, illustrée par un parrainage anachronique, qui signe l’arrêt de mort des partis politiques.

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C’est un fait que la classe politique apparaît de plus en plus discréditée aux yeux de l’opinion. La pratique politique, noble par essence, subit les contrecoups de sa personnalisation excessive. Le vote des électeurs sénégalais est marqué par de fortes connotations sentimentales. On peut citer, à titre d’exemple, l’engagement de la majorité des militants du PDS qui a davantage été une manifestation d’affection à l’endroit du président Wade et de sa famille, qu’une preuve d’adhésion à son programme. De manière plus générale, les partis politiques sont de moins en moins au service de visions et de programmes incarnés par des personnalités mais ils deviennent plutôt des instruments aux mains de leaders plus ou moins charismatiques, mais toujours fortunés, qui ont de plus en plus tendance à vouloir en faire une affaire de clan ou de famille.

Une autre tare de notre système politique est la professionnalisation des acteurs, dont un nombre croissant est constitué d’entrepreneurs politiques provenant, très souvent, du mouvement associatif et n’ayant jamais exercé une profession digne de ce nom, ou de responsables politiques disposant bel et bien d’un emploi, mais qui trouvent peu valorisant, après leurs prestigieuses fonctions au sein des Institutions de la République, de retourner à leur métier d’origine. C’est aussi cela qui favorise le phénomène de la transhumance, qui permet au politicien professionnel de se maintenir, ad vitam aeternam dans les arcanes du pouvoir.

Il serait naïf de croire que la problématique autour des partis politiques et la crise de représentation démocratique sont spécifiques à notre pays. Ces questions ont plutôt tendance à devenir universelles et des phénomènes tels que le dégoût du fait politique, le rejet des élites, la peur de l’Étranger, la corruption, l’abstention et les votes extrémistes sont le lot quotidien des démocraties occidentalisées. L’accession au pouvoir de personnages comme Donald Trump ou Emmanuel Macron, le Brexit sont autant d’illustrations de la contestation du modèle occidental de démocratie représentative.

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Néanmoins, la classe politique de notre pays, de par son refus de mettre en œuvre les pertinentes conclusions des Assises Nationales, complétées par les recommandations de la CNRI, porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle marquée par la lente agonie des formations politiques.

Il faut signaler le rôle peu reluisant joué, à ce niveau, par la bourgeoisie bureaucratique, dont personne ne parle plus, hormis le parti PASTEF et la Coalition, qui le soutient. Cette couche parasitaire, dissimulée derrière l’écran de Benno Bokk Yakaar et nichée au sein de l’État-Parti-APR, est bien là présente, plus prédatrice que jamais. Elle fait, comme toujours, la part belle à l’ancienne puissance coloniale, à certains lobbies d’obédience maçonnique ou religieuse. Elle vampirise l’économie nationale par la création de situations de rentes et la fabrication de nouveaux milliardaires, amis politiques ou proches du clan présidentiel, qui plus que par le passé, domine les autres Institutions.  Mais le trait le plus spécifique de la gouvernance du président Sall est sa mainmise sur le pouvoir judiciaire et les organes de régulation (CENA, CNRA…), qu’il instrumentalise, dans une optique de maîtrise quasi-absolue sur le processus électoral.

Au cas où le climat sociopolitique permettrait la tenue d’un scrutin apaisé en février 2019, la désaffection des masses populaires vis-à-vis des partis politiques risque-t-elle d’entraîner une abstention massive ?

Il est difficile de répondre à cette question. En effet, si les taux de participation aux législatives de 2012, aux locales de 2014 et au référendum de 2016, étaient faibles, on a pu noter une nette amélioration lors des législatives de 2017, peut-être due à la proximité de la présidentielle et la crainte morbide du pouvoir de perdre sa majorité parlementaire, ce qui l’a amené à jeter toutes ses forces dans la bataille. Il y a aussi le fait connu, que dans tous les régimes de type présidentialiste, les élections présidentielles sont les moins touchées par le phénomène de l’abstention.

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Mais encore faudrait-il que les électeurs n’aient pas l’impression, comme lors de la dernière présidentielle au Mali, qu’il n’y a aucune perspective de changement véritable ou de rupture significative dans la conduite des affaires de l’État, après la tenue des élections.

Dans notre pays, l’heure n’est certainement pas à la passivité. Le peuple souverain doit plus que jamais se dresser pour promouvoir la souveraineté nationale et empêcher le bradage programmé de nos nouvelles ressources, dont laisse augurer la gestion opaque, qui en a été faite jusqu’à présent.

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