Une telle interrogation peut sembler à première vue, être une provocation, tant il est ancré dans la conscience des Sénégalais, notamment, chez ceux qui se réclament de la gauche, que notre Economie nationale est encore entre les mains du capital étranger.
S’il s’agit de l’envergure de la dette du Sénégal, les évaluations récentes ayant 2014 comme «année de base de référence », chiffre celle-ci à 42% du PIB, donc bien loin du seuil de 70% au-delà duquel, elle devient confiscatoire de la souveraineté nationale.
Mieux, les projections d’emprunts nouveaux s’inscrivent dans une dynamique décroissante, allant de 749,7 milliards dans la Loi des Finances Rectificative de 2018, pour tomber à 371,66 milliards en 2019, et à 200,5 milliards en 2020.
C’est ainsi que la répartition des Ressources de l’Etat dans la période 2019 -2021, prévoit 70% en ressources internes, et 30% en ressources externes.
Donc, le Sénégal est en phase avancée dans l’accroissement de son « coefficient d’indépendance budgétaire ».
Mais, c’est le Recencement des Entreprises de 2013, qui conforte le mieux, le bien- fondé de cette interrogation contenue dans le titre de ce texte.
En effet, il révèle que dans le nombre total des entreprises recensées, le Sénégal compte 81,68% de micro entrepreneurs dénommés « Entreprenants » dans le Recensement, qui font 8,6% du Chiffre d’Affaires annuel de toutes les Entreprises recensées.
Le reste, soit 8,32% des entreprises est réparti entre s les « Petites Entreprises » qui font 7,3% du Chiffre d’Affaires, puis, les « Entreprises Moyennes » qui en font 8,8%, et enfin les « Grandes Entreprises », qui sont définies comme celles qui ont au moins 2 milliards de Chiffres d’Affaires, réalisent 69,6% du Chiffre d’Affaire total.
Mais ce qui est renverssant, et qui brise tous les préjugés en la matière, c’est que le recensement a révélé que 78,9 % de ces « grandes Entreprises » sont détenus par des Entrepreneurs Sénégalais qui disposent de 73,5% du capital de celles-ci !
Par contre, les Entreprises sous contrôle étranger ne font que 21,1% du Chiffre d’Affaires, avec 26,5% du capital.
Notre Economie est donc fortement concentrée entre les mains des Grandes Entreprises sous le contrôle des Entrepreneurs Nationaux.
Ainsi, notre pays est loin de l’époque quand se tenait le 4ème congrès de l’UPS en 1967, dont le Rapport général révélait que 70% des capitaux dans le Commerce étaient français, et 80% dans l’Industrie.
Nos Nationaux, d’ailleurs, comptent peser davantage en se positionnant dans les « grands marchés publics », auxquels ils participent à la marge en s’associant avec des investisseurs étrangers, comme c’est le cas du « Train Express Régional »( TER) où la « Compagnie Sahélienne d’Entreprise » (CSE) est associée au marché de la « Plate- forme ferroviaire » à hauteur de 35%.
C’est ainsi qu’aujourd’hui, comme le président Macky Sall les y a invités lors d’un « Conseil Présidentiel sur les Investissements », nos plus grands entrepreneurs ont mis sur pied le « Club des Investisseurs Nationaux » doté d’un « Fonds d’Investissement » de 20 milliards de Fr CFA, et dans le Secteur industriel, les nationaux les plus puissants ont mis sur pied le « Syndicat des Industriels du Sénégal ».
Pour marquer sa volonté de les accompagner, le président Macky Sall a eu une séance de travail avec les membres du » Club ».
Nos entrepreneurs nationaux organisés, font ainsi face aux Industriels Français, regroupés dans le «SPIDS », et aux Français dans le Commerce et les Services, regroupés dans le « SCIMPEX », qui viennent de former une seule organisation, dénommée « Union des Prestataires des Industriels et des Commerçants du Sénégal » (UPIC) qui est membre du « Conseil National du Patronat » du Sénégal (CNP), et qui a porté à sa tête un entrepreneur Sénégalais, Amadou Seck, qui est le DG « d’ EUROGERM SENEGAL», filiale « d’EUROGERME France », qui vient de se porter candidat à la Présidentielle du 24 Février 2019.
La bataille pour la consolidation de notre souveraineté économique est ainsi devenue un enjeu de taille de la Présidentielle du 24 février 2019, qui interpelle tous les candidats, et le peuple dans sa totalité.