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Le Syndrome Des Proches TrouÉes

Nous, Sénégalais, sommes de grands fêtards devant l’Éternel. Nous ne ratons jamais l’occasion de faire bombance. Notre existence est jalonnée de célébrations à n’en plus finir. De la naissance aux funérailles, nous festoyons. Nous ne faisons plus la distinction entre Tabaski, Korité, Tamkharite, Noël, Pâques, Saint Sylvestre, 15 août, Saint-Valentin… Toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête. Il en est ainsi depuis des années. Dernièrement, lors de la Tabaski, nous avons encore démontré notre propension à gaspiller exagérément. Emporté par l’esprit de la fête, nous avons perdu la maîtrise de nos dépenses. Les temps ont vraiment changé. Autrefois, la Tabaski était un moment privilégié de partage, de solidarité, de communion, de convivialité et de pardon. Aujourd’hui, l’excès a pris le pas sur toutes ces valeurs. Avec nos femmes aussi prétentieuses, difficile d’échapper à la guillotine … financière. Difficile de résister à leurs dépenses qui défient toute logique : tissus à la mode, coiffure à la mode, bijoux à la mode, chaussures à la mode, sans compter les soins esthétiques … Tentées par le goût du luxe ou contaminées par le mimétisme social, elles ont rendu la célébration de cette fête encore plus dispendieuse.

Le constat est que d’année en année, les dépenses consacrées à la Tabaski explosent, atteignent le plafond. Qu’importe ! L’essentiel, pour nous, c’est de ne pas être la risée du voisinage, des amis ou de sa belle-famille. Pauvres complexés ! Nous thésaurisons tout ce que nous gagnons difficilement pour le dilapider ensuite en un jour. Et si ça ne suffit pas, nous nous payons le luxe d’accumuler des dettes à gauche et à droite pour être ensuite traqués, pourchassés comme un gibier par nos impitoyables créanciers. Et malheureusement, la conjoncture ne nous apprend jamais à remettre en cause l’ordre de nos priorités. Nous dépensons plus que ce que nous percevons, oubliant qu’après la Tabaski, la vie continue.

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Eh oui, les lendemains de fêtes sont toujours terribles et la plupart du temps, ceux qui dépensent toutes leurs économies pour embellir leur fête se retrouvent sans le sou. Aujourd’hui, c’est partout la dèche, la galère. Difficile donc de joindre les deux bouts quand on a les poches trouées. Nombreux sont ceux qui se réveillent sans même avoir de quoi se payer une miche de pain. La dépense quotidienne, n’en parlons même pas. D’aucuns n’hésitent pas à quémander, voire même à revendre leurs boubous qu’ils avaient très cher payés, pour avoir pour avoir de quoi tenir… jusqu’à la fin du mois. Et avec les jours qui filent à la vitesse d’un caméléon, ce n’est jamais gagné d’avance. Il faut être un très bon jongleur pour tenir jusque-là. Au Sénégal, nous sommes habitués au syndrome des poches trouées. Nous ne nous rendons compte de la valeur de l’eau que quand les puits sont à sec. Et c’est vraiment dommage.







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