Allah, le très Miséricordieux, le Magnanime, soit loué !
Nous étions partis au pèlerinage, à Touba, et en sommes retournés, les besaces remplies.
Chez moi, j’ai trouvé le domicile sens dessus dessous.
En descendant du Bus, à l’angle où une jeune dame bien potelée me demandait 100f pour rallier Pikine, j’ai aperçu le 1er Vice-président de la deuxième institution du pays insulter ad hominem un membre de l’Opposition, de surcroît chef parti.
Quand j’ai demandé au boutiquier, Diallo, il m’a rétorqué que l’insulté en est à son second affront.
Ayant trop crevé la dalle, j’ai fait un petit crochet chez le « Tangana » de Barry qui me raconte que le président de la république a encore récidivé en entrant dans la grande mosquée de Touba avec ses chaussures, suscitant l’indignation de tous les disciples Mourides.
J’en suis sorti pour regagner ma chambre car étant lessivé par les interminables bouchons sur la route du Magal, avec le chauffeur du bus datant de l’époque de l’événement de Watergate dont la gorge profonde se signale dans nos grand-places quotidiens; chauffard qui, puant le liquide amère, s’échangent d’insanités avec son apprenti à l’image de son alter ego qui pissait sur la chaussée, sous le regard médusé des automobilistes.
Au moment de tomber mon « Bāay Lāat », un jeune frère étudiant m’appelle pour me demander si j’étais au courant que le locataire de l’avenue Léopold Sédar Senghor était sur la ferme résolution de restreindre les libertés en limitant l’accès aux réseaux sociaux, avec l’instauration d’une Police du web qui va traquer et mater les internautes comme ils le font avec nous quand on réclame nos maigres bourses.
Tenaillé par le sommeil et la fatigue dus à ces heures de voyage, j’éteins mon téléphone pour pouvoir me blottir dans les bras de Morphée. Tout d’un coup le gardien de la maison voisine en compagnie de qui je tue le temps de mes nuits des lendemains incertains toque à ma porte, sûrement pour récupérer la noix de coco en guise de présent de Touba, et me lance cette lapalissade des secrets de polichinelle de notre champs politique : devines qui j’ai vu hier, tard dans la nuit, ce politicien dont le génie se résume à retourner sa veste à chaque fois que le vent change de direction qui, s’auto-proclame consultant. Tellement les personnages à ce profil sont nombreux que j’ai préféré donner ma langue au chat.
Pour prendre congé de moi en apothéose, il m’informe des deux gros poissons péchés dans les eaux de l’Opposition à savoir le golden boy des Parcelles Assainies et le panafricaniste qui qualifiait de manière véhémente la transhumance politique d’espèce animalière.
Une fois lu cette revue de presse cousue en relais par des journalistes du quartier, je me prélasse sur mon lit…tranquillement.
Amdy Moustapha Niang
L’article La rue se substitue-t-elle aux salles de rédaction ? .