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Non à L’éducation Sexuelle

Non à L’éducation Sexuelle

L’aveu est la reine des preuves. En disant à la face des sénégalais, dans une interview sur les ondes d’une radio sénégalaise, que sa volonté est de faire introduire l’éducation sexuelle dans nos écoles, Human Rights Watch (HRW) conforte tous ceux qui doutaient de la pertinence et de l’opportunité de son récent rapport intitulé : « Ce n’est pas normal, Exploitation sexuelle, harcèlement et abus dans les écoles secondaires au Sénégal », publié le 18 octobre 2018. Les autorités du Ministère de l’Education Nationale qui avaient tôt fait d’alerter l’opinion publique nationale sur les véritables motivations des activistes de HRW, n’en seront que remerciées.

En effet, le contenu de ce rapport qui a fini de soulever la polémique, nous amène à nous poser des questions sur les réelles motivations de ses auteurs, au-delà de ce qu’ils veulent nous dire à travers les résultats obtenus. Sans nous attarder sur le titre assez alarmiste, le constat est que, dès le départ, le rapport tranche. Il parle d’une « exploitation sexuelle généralisée dans les écoles » et jette le discrédit, d’une part, sur le corps enseignant et, d’autre part, sur le gouvernement et son incapacité à apporter une réponse efficace à la question : « Le gouvernement s’est avéré inutilement lent à adopter un programme national exhaustif de santé sexuelle et reproductive. Au moment de la rédaction de ce rapport, il était réticent à inclure des contenus sur la sexualité dans les programmes d’enseignement en raison des préoccupations selon lesquelles l’enseignement de la sexualité contredirait les valeurs culturelles et morales du Sénégal, ainsi que du fait des pressions exercées par les groupes religieux. » (p.5) Ce qui renseigne clairement sur la volonté d’introduire l’éducation sexuelle dans nos écoles.

La démarche heuristique de ce rapport est basée sur des recherches menées en juillet, août, octobre, novembre 2017 et juillet 2018 dans 4 régions sur les 14 que compte le Sénégal (Dakar, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor). Il s’agit essentiellement de 42 entretiens individuels auprès de 27 filles et 15 jeunes femmes, dans 22 établissements dont 14 collèges et 8 lycées, de discussions de groupe avec 122 élèves du secondaire qui sont réparties dans 4 écoles publiques, de 11 entretiens avec des enseignants et des activistes, et avec 4 membres de familles ou tuteurs légaux de victimes. Dès lors, nous pouvons valablement nous interroger sur la rigueur scientifique de cette recherche et, par ricochet, sur la fiabilité des résultats. Ces chiffres nous permettent de noter la faiblesse de l’échantillon qui pose problème. Hormis le caractère intentionnel du choix, la faible représentativité ne permet pas de procéder à une généralisation empirique à l’échelle du pays.

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Concernant les critères de choix des localités ciblées (Dakar, Bignona, Ziguinchor, Mpack, Sédhiou, Ndorna, Medina Yoro Foulah, Vélingara), selon HRW ces zones ont été choisies « parce qu’elles présentent les taux de grossesse chez les adolescentes les plus élevés du pays, ainsi que des taux élevés de mariage d’enfant et un faible taux de maintien dans l’enseignement secondaire ». Il justifie le faible taux de maintien des filles à l’école dans ces localités par « la crainte que les filles soient exposées au harcèlement sexuel et à la violence sexiste à l’école ». (p.28) Or, en l’absence d’une analyse causale adéquate sur les grossesses et les mariages précoces chez les jeunes filles et sur leur maintien à l’école, il n’est pas possible d’aboutir à de telles conclusions univoques. Ces zones ciblées ont leurs spécificités sociologiques et culturelles. Dès lors, une meilleure compréhension des cultures et des réalités locales s’avère nécessaire pour l’appréhension des phénomènes précités.

Globalement, les conclusions du rapport semblent prédéterminées et dictées plus par un but idéologique que par les faits. La situation décrite n’est pas représentative de la réalité globale des collèges et du comportement des enseignants en général. Aussi, la coïncidence est trop troublante entre la publication de ce rapport qui accable les enseignants comme étant des « prédateurs sexuels » et le débat sur l’introduction de l’éducation sexuelle dans les programmes des écoles primaires devenu récurrent dans plusieurs pays d’Afrique et du Monde.

De ce rapport, on ne peut qu’avoir mal pour ces vaillants enseignants, soldats du savoir, qui nous ont enseigné à tous et qui continuent de le faire avec nos enfants du primaire à l’université. Ils méritent autre chose de la Nation qu’un ramassis de témoignages présentés comme une étude scientifique pour les taxer de harceleurs, violeurs et « engrosseurs » de filles dans une campagne orchestrée sur les réseaux sociaux pour choquer l’opinion publique nationale et internationale. La méthode est connue de certaines organisations. Quand bien même, elle s’avère une démarche portant atteinte à l’honorabilité des éducateurs que sont nos enseignants dans leur écrasante majorité.

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Stigmatiser les enseignants, alors que nous savons tous que des brebis galeuses existent dans tous les corps de métiers et dans toutes les couches sociales, n’est pas digne d’une organisation sérieuse voulant alerter sur un problème sociétal jusque-là pris en charge et traité par la Justice et les différentes institutions. Avec de tels manquements notés dans le rapport, on ne saurait jeter l’opprobre sur le corps enseignant et indexer tout le système scolaire du pays, avec le dessein inavoué d’introduire ses orientations dans les programmes scolaires. Quand on se fixe comme objectif d’analyser un fait en vue de produire des recommandations qui vont servir de base à des actions de plaidoyer visant à influencer la politique d’un pays dans un domaine ou un autre, la moindre des choses est de respecter l’exigence de rigueur scientifique. Vue son importance, cette question ne saurait faire l’objet d’une telle légèreté dans son appréhension.

Il est vrai que l’Etat doit renforcer les moyens de répression contre tous ceux qui s’adonnent à ces pratiques criminelles partout et dans toutes les sphères privées et publiques avec tout l’arsenal juridique, les mesures administratives et l’information qu’il faut mais il lui incombe également de protéger l’innocence de l’enfance. Une innocence incompatible avec des cours d’éducation sexuelle dès l’école primaire. Dans nos curricula, existent des cours sur l’anatomie, la santé reproductive et autres, dispensés au secondaire et, de fort belle manière, par les enseignants d’économie familiale. On s’entend bien là-dessus qu’ils n’ont jamais été contestés et recueillent l’assentiment des parents. Dans nos normes et valeurs, nos coutumes et croyances, encore ancrées en la plupart d’entre nous, l’éducation initiale est du ressort de personnes bien connues dans nos sphères privées et familiales. Nos sociétés n’ont pas attendues HRW ou l’école pour éduquer nos enfants sur certaines questions comme la sexualité.

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Nous vivons dans un monde globalisé. Notre planète est devenue un « village global » où le destin de l’humanité semble être, de plus en plus, régi par le principe de la globalisation. Dans ce contexte, nous assistons à une accélération des mutations sociales exacerbées par le choc des cultures et des civilisations. L’Afrique n’échappe pas à cette dynamique. Notre continent, entré de plein pied dans cette mouvance, fait face à de nouveaux défis qui questionnent notre capacité à nous adapter aux changements qu’entraine, dans son sillage, la globalisation et à apporter des réponses efficaces face aux enjeux de ce monde en perpétuel mutation.

Dans ce monde en rapide évolution, que deviendront ceux qui ne feront pas preuve d’une grande réactivité face à ces profondes mutations ? Quand nous laissons certaines questions importantes entre les mains d’autres jusqu’au point où nous ne disposons plus de liberté pour infléchir les choses, nous devrons tôt ou tard prendre des décisions sous contrainte car nous n’aurons plus le choix. Le seul moyen d’échapper à une telle situation est de réfléchir sur le type de société que nous voulons construire et de prendre conscience des mutations afin d’anticiper sur les réponses à y apporter avant que celles-ci ne s’imposent à nous de manière contraignante. A nous de décider si nous devons subir le changement, l’attendre pour réagir ou nous y préparer en anticipant ou en le provoquant. Aujourd’hui, il revient à l’Etat du Sénégal de mener une étude sérieuse sur cette question à travers la mobilisation d’une équipe pluridisciplinaire composée de psychologues, sociologues, pédopsychiatre, juristes etc. Le besoin de financement ne doit pas nous faire accepter tout et n’importe quoi et piétiner au sol les valeurs qui ont fondé notre société !

Viviane Solange Mbengue, sociologue et Moussa Diaw, gestionnaire d’entreprise

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