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Rufisque : Chronique D’une «mise à Mort Programmée» (par Amadou Moustapha Diop)

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Rufisque ville mémoire, ville chargée d’histoire ayant fortement contribué à la formation des premières générations d’élites politiques et intellectuelles, se meurt lentement. En effet, il est dans la trajectoire historique et symbolique des sociétés humaines, des moments qui interpellent la conscience des contemporains que nous sommes et appellent à l’assumation de notre devoir citoyen incompressible.

Rufisque, disais-je, terre d’élégance et du bon goût à l’instar des trois autres communes (Saint-Louis-Dakar et Gorée), est aujourd’hui la ville qui présente le décor le plus apocalyptique fait de désordre sur la voie publique, de tas d’immondices à l’odeur pestilentielle, de manque d’espaces de dégagement à même de générer les conditions d’un mieux-vivre et d’un épanouissement des Rufisquois. La saleté qui inonde nos espaces de vie installe progressivement les éléments d’une bombe environnementale. C’est pour cette raison qu’il urge d’agir pour assainir notre cadre de vie. Ce travail, personne ne le fera à la place des Rufisquois eux-mêmes. Dans cette grande offensive pour l’éradication de la saleté à Rufisque, se trouve au premier plan le conseil municipal qui doit travailler à l’instauration des prérequis essentiels et à la formation d’une citoyenneté environnementale proactive. Les élus locaux devraient être moins aphones et puiser dans les ressources ordinaires qui leur sont allouées (budget, fonds de concours, etc.) les moyens pour une mobilisation générale et populaire adossée à une stratégie d’intervention à pérenniser pour en finir avec cet état de fait.

Un esprit sain dans un corps sain commence d’abord par l’aménagement d’un cadre de vie assaini et propre avec une culture de la sanction négative (réprimer tous ces comportements qui enfreignent les principes du vivre-ensemble) et positive (créer les conditions d’une saine émulation sous forme d’oscar du quartier le plus propre assorti d’enveloppes financières substantielles ou des lots divers pour ceux qui se seront particulièrement distingués pour leur propreté).

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Comment, des leaders locaux, investis d’un mandat municipal qui leur confère une légitimité incontestable, peuvent-ils faire le choix de l’inaction quand la ville qu’ils sont sensés administrer s’enfonce dans le classement des villes les plus sales du Sénégal ? A quoi sert-il d’élire des hommes et des femmes pour manager, si les choses devraient rester en l’état ? Ne faudrait-il pas tout simplement brûler l’institution municipale puisqu’elle ne sert à rien ? Non, assurément, il y a urgence à rappeler à cette équipe municipale en place depuis 2014 ses obligations régaliennes quant à ses engagements de travailler pour cette collectivité rufisquoise et de sauvegarder ses intérêts.

Rufisque ne mérite pas cette mort programmée. Nous l’avons héritée de nos parents et grands-parents sous une certaine forme et nous devrions penser la léguer à nos enfants et petits-enfants dans des conditions meilleures. Aujourd’hui, Rufisque mérite plutôt assistance et réaction urgente de ceux et celles que la population a choisis pour la repositionner dans le cercle des villes modernes. Pour cela, un plan d’action dûment élaboré s’impose avec des actions correctives dont la mise en œuvre s’inscrirait dans un échéancier aux délais maitrisés. Alors chers administrateurs, à défaut de transformer structurellement cette belle ville de Rufisque, assurez-nous au moins (par des actions de nettoyage soutenues et suivies), l’aménagement d’un environnement plus sain.

Cette interpellation citoyenne ne saurait dédouaner certaines populations qui – par pure irresponsabilité et par déficit d’une culture civique ancrée – s’avèrent être les principaux artisans de la dégradation de leur propre cadre de VIe. C’est dire donc que certaines populations ne sauraient être exemptes de reproches. J’en appelle donc à un sursaut d’orgueil afin que les Rufisquoises et Rufisquois de tout bord, de toute obédience, dans une démarche trans-partite, puissent s’élever au-dessus des clivages et autres coteries partisanes, afin de s’ériger en rempart pour stopper ce processus. Ce travail devra fort opportunément être porté par un leadership transformationnel capable de fédérer toutes les forces vives de notre ville en créant toutes les synergies dynamiques afin de réconcilier Rufisque avec son honorable histoire.

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Avec  l’érection de Diamniadio comme nouvelle ville ainsi que toutes ces infrastructures de dernière génération qui y sortent de terre (marché d’intérêt commun, sphères ministérielles, plateforme industrielle, UCAD2, cité des affaires, etc.), la commune de Rufisque risque d’être un gros bidonville où végéteraient badauds et clochards à longueur de journée dans un environnement particulièrement insalubre. Cette mise à mort programmée de notre centre urbain ne saurait être une fatalité. Réveillons-nous pendant qu’il est encore temps et retrouvons notre capacité d’indignation face à  toutes ces dérives et cette image de ville sale  qui semble être la carte postale de Rufisque.

 

 

Amadou Moustapha DIOP

Activiste et lanceur d’alerte

Militant pour une citoyenneté responsable

Rufisque : Chronique d’une «mise à mort programmée» (Par Amadou Moustapha DIOP) | .

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