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La Bourda: Un échauffement Des Cœurs

Naissance n’est plus sacrée, plus digne de célébration que celle du Choisi, le Prophète Mouhammad (P.S.L). Seydi El Hadji Malick SY (rta), même s’il a composé des œuvres de référence sur la biographie du Prophète (P.S.L) comme Nouniya ou encore Mimiya, initie la récitation de la Bourda dès l’apparition de la lune. Dans son Nouniya ou Riyy-az-Zamân fi mawlid sayyid banî Adnân, Maodo écrit :

Un jour, un mois, un an et la lumière de la foi jaillit !

Ô quelle belle époque qui prime toutes les autres !

Ce fut la joie ! Et la joie succède à la joie. Ce fut la grande joie !

Et cette fête était différente de toutes les autres époques !

C’était le printemps, c’est bien connu.

Ce fut précisément un lundi, cinquante jour après l’événement de l’éléphant.

Cette naissance, de la plus haute noblesse, renferme un bien immense

Célébrer l’événement, c’est s’assurer une victoire sur tous les chagrins.

Ces magnifiques vers de Seydi El Malick traduisent la noblesse de cette créature que le monde musulman s’apprête à fêter. Une fête qui démarre, chaque année, avec la récitation de La Bourda de Boussirîyi.

Louange à Allah (swt). Seigneur, déverse (abondamment, éternellement) Ta Bénédiction et Ta Paix sur Ton Bien-Aimé le Prophète, le meilleur de toute Ta créature (réunie). [Mawlâya salli wa salim da-îman abadan ala habîbîka khayril khalkhi koulihimi].

Dès l’apparition de la lune de Raabial awwal, les soirs rythment et les mosquées vibrent au son du refrain de Boussirîyi, auteur du poème Al Bourdatoul Madîh.

Moment de grâces, d’adoration, de retrouvailles, de réjouissances, le Mawlid, c’est surtout la célébration de la naissance de l’Elu de Dieu (swt) que la majorité des connaisseurs estiment le douzième (12ème) jour. Pour régler la divergence sur la question de la naissance, Seydi El Hadji Malick propose la récitation du panégyrique sur le Prophète, plus connu sous l’appellation de Bourda. En effet, Maodo, en véritable stratège et pédagogue, réunissait ses Moukhadams, pendant cette période, pour faire le bilan de leurs missions et débattre sur des sujets d’actualité ou religieux. Ainsi, chaque soir, après la prière de Isha (Guéwé), les fidèles fredonnent, avec une fervente passion, ce poème de Boussirîyi dédié à Seydina Mouhammad (Psl).

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Boussirîyi, de son vrai nom Abou Abdallah Mouhammad Ibn Saïd Al BOUSSIRÎYI, est né en Egypte en 1213. Descendant de la tribu maghrébine des Sanhâja, Boussirîyi est un savant érudit, spécialiste des hadiths du Prophète (Psl), calligraphe, mais aussi un grand poète qui n’écrivait que pour les rois, les vizirs, les souverains… en échange d’une récompense.

A la poésie panégyrique, il a consacré la plupart de ses écrits, mais son chef-d’œuvre reste de loin celui qu’il a composé en l’honneur de Nabil Moustapha (psl). Sharafu-dîn (noble dans la religion), il a réalisé des écrits qui frôlent la perfection, une poésie dans laquelle la beauté idéale est exprimée avec un langage mesuré. Une poésie qui, selon Pape Malick SY ibn Serigne Babacar SY (rta), « flatte l’oreille, touche au cœur, frappe l’imagination et élève l’esprit ».

A la composition de ce chef-d’œuvre, Boussirîyi s’y lance lorsque, atteint d’une hémiplégie et inspiré d’une grâce divine, il n’entrevoit plus de remède au mal qui le ronge. Il dédie, ainsi, ce poème à la plus parfaite créature : « Tout ce que l’on sait sur lui c’est qu’il appartient à l’espèce humaine et qu’il demeure la meilleure de toutes les créatures de Dieu » (Vers 23, chapitre 3). Ce que le Coran, au dernier verset de la sourate 18, Al Khaf (La Caverne), corrobore ainsi : « Dis : « Je suis juste un être humain comme vous. Il m’a été révélé que votre Dieu est un Dieu unique. Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur qu’il fasse de bonnes actions et qu’il n’associe dans son adoration aucun autre à son Seigneur ». » Il dut son salut (guérison) à l’évocation de ces vers sur le Prophète (Psl). Il meurt en 1295, laissant à la postérité cette sublime œuvre poétique, Al Bourdatoul Madîh, pour laquelle il fut fortement rétribué.

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Composé en dix (10) chapitres de 160 vers, La Bourda, qui signifie Le Manteau, est une évocation dans laquelle chaque passage est dédié à un aspect de l’œuvre du Prophète. Ainsi, Boussirîyi, dès l’incipit, s’interroge sur les causes de ses larmes et les errements de son cœur tout en sachant que sa passion est trahie par son état : « Comment nierais-tu un amour attesté par tes larmes et ta maladie, tels des témoins à charges… ? » (chapitre 1). Ensuite, il entreprend d’établir un avertissement contre les errances de l’âme, tout en conseillant au fidèle de se détourner de la passion, car « L’âme est semblable au bébé. Abandonné à lui-même, il voudrait téter jusqu’à l’adolescence. Mais, si on le sèvre, il renonce à l’allaitement. »

Il retrace à la suite, avec une parfaite maîtrise de la langue, les qualités de « l’ami de Dieu » (chapitre 3), sa naissance (chapitre 4), ses miracles (chapitre 5), la noblesse et l’éloge du Coran (chapitre 6), son voyage nocturne et son ascension (chapitre 7), son combat pour la cause de Dieu (chapitre 8) et son intercession (chapitre 9).

A l’instar de la Salatoul ala Nabi, la récitation de la Bourda est une porte, selon certains oulémas, pour échapper aux châtiments de l’Enfer, une porte pour recevoir la bénédiction divine ici-bas et dans l’au-delà. C’est pourquoi, un grand érudit disait de la nativité du Prophète (Psl) : « La célébration de sa naissance est la commémoration de la libération du genre humain. » et Boussirîyi d’écrire :

« Mouhammad est le Seigneur des deux mondes, des deux catégories d’êtres, des deux divisions de la race humaine, les arabophones et les autres…

C’est l’ami de Dieu dont on espère l’intercession le jour de la résurrection contre tous les périls imprévus. » (Vers 6 et 8, chapitre 3).

Cette ode au Prophète (Psl) occupe une place particulière au sein de l’Islam : ses vers sont portés en amulette, récités pour un défunt, mais également parce qu’un homme de Dieu a révélé avoir vu le Prophète (Psl), en rêve, manifester son contentement à la récitation de certains vers du poème (vers 6, 38, 39, 54, 55 et 114).

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D’un intérêt religieux et historique considérable, La Bourda est une glorification incomparable du Prophète (Psl), faisant ainsi dire à certains commentateurs que l’auteur, Boussirîyi, avait atteint la « khakhîkhatoul mouhamadiya » au moment de sa composition. L’œuvre reflète, ainsi, tout l’attachement de l’auteur à la personne du Prophète (Psl) :

« Oui, je suis épris ! Le spectre de celle de que j’aime m’est apparu, dans la nuit et m’a tenu éveillé. Par la douleur qu’il provoque au réveil, l’amour repousse les délices du rêve. »

Dans le dernier chapitre, « Supplication », le poète renouvelle sa confiance en Seydina Mouhammad (Psl), tout en priant Dieu (swt) de Lui accorder la grâce et la bénédiction :

« Ô la plus noble des créatures, je n’aurai personne auprès de qui je pourrais trouver refuge le jour de l’universel événement en dehors de toi ! » (Vers 1, chapitre 10)

« (Seigneur) Répands ta bénédiction continuellement et abondamment sur le Prophète

Tant que la brise d’Est fera incliner les rameaux du saule musqué et tant que le chamelier charmera son troupeau par son chant. » (Vers 159-160)

Ces derniers vers, qui clôt le poème, révèlent tout le souffle lyrique et épique qui a animé son auteur et dont il a fait usage pour chanter son homonyme, Seydina Mouhammad (Psl).

La Bourda, une œuvre qui est restée dans les temps et qui symbolise, chez les croyants tijanes, l’échauffement des cœurs prêts pour le Mawlid. Voilà succinctement, la belle composition poétique en l’honneur du Prophète (Psl) que Seydi El Hadji Malick SY (rta) a choisi de psalmodier pendant les dix premières nuits de Raabial awwal.

Allahouma salli ala Seydina Mouhammad nabiyil oumiyi wa ala alihi wa sahbihi wa salam.

Makhar DIOP

77 545 71 00

Mbour- Sénégal

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