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Maristes Et Fissel Mbadane: Deux Drames Caractéristiques De La Crise De Couple

A peine on avait fini d’essuyer nos larmes, que l’on apprend la mort tragique d’Amy Dieng de l’autre partie du pays.

Les sénégalais ont vécu une première quinzaine du mois de novembre à nulle autre pareille. Ces premiers quinze jours sont ponctués par l’horreur, la terreur et le sang. Il suffit d’une petite attention pour découvrir à quel point les citoyens sénégalais vivent désormais dans l’angoisse, la peur constante et le stress. Le traumatisme est devenu un lot quotidien au Sénégal. Assistons-nous à la banalisation de la mort ? Le débat se pose, eu égard à ce qui vient de se produire en moins d’un mois.

Dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 novembre, le quartier Les Maristes a été le théâtre d’une barbarie rarement égalable. Aida Mbacké aurait aspergé d’essence son mari et mis le feu dans la chambre où elle l’aurait enfermé. Transporté d’urgence à l’Hôpital général de Grand-Yoff (Hoggy), le mari (Khadim Diop) décéda finalement le mercredi 7 novembre, vers 9 heures. Le quotidien, Vox Populi, renseigne qu’une mauvaise interprétation serait à l’origine de cette sauvagerie. Khadim Diop aurait en effet dit à son épouse qu’il venait de lui trouver une « niarel » (coépouse). Ce dernier, par plaisanterie, faisait allusion à son véhicule qu’il venait d’acquérir. Tels sont les faits relatés par les différents journaux de la place, conformément à cette affaire.

Le jeudi 15 novembre, comme si l’histoire bégayait, un autre drame lié à la vie de couple refait surface. Le regard de tous les sénégalais est tourné vers Fissel Mbadane, localité située dans la commune de Thiadiaye, département de Mbour. L’on y apprend que Saliou Ciss, professeur de Science de le Vie et de la Terre (SVT) aurait décapité sa femme, Amy Dieng. Le bourreau venait de commettre un double crime, car la dame était en état de grossesse très avancé. L’acte est condamnable à plus d’un titre, même si la source indique que l’homme ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales.

Au regard de ces deux exemples, il y a lieu de dire que le couple vit une crise sans précédent. Les conjoints, incapables de se comprendre et de se pardonner mutuellement, préfèrent se livrer à la faucheuse. Veulent-ils nous faire croire que l’amour est indissociable de la mort ?

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Il est sans doute clair que le mariage n’est plus un facteur de stabilité et de sécurité dans nos communautés. A l’état actuel des choses, il y a de fortes chances que le rang du célibat grossisse davantage. Les célibataires découvrent qu’il est de plus en plus rare que deux êtres puissent former une union harmonieuse et durable. « Ils s’aiment et ils se déchirent » serait plutôt la devise de bien des couples, ceux du moins dont l’histoire est passionnante.

Comment peut-on brusquement passer du rose au noir ? Il est opportun de se demander, à la lumière des faits, si amour et mariage sont compatibles. Les protagonistes étaient-ils faits pour le mariage ? L’histoire nous fait découvrir un tableau sombre de l’amour.

Des individus qui s’étaient juré amour et fidélité finissent par s’entre-déchirer, ou dans le pire des cas par s’entre-tuer. Décidément, par amour on se suicide, on assassine, on se ruine. La suite inévitable du couple demeure donc l’échec.

Pourtant ces amoureux ont été transparents l’un à l’autre, leurs cœurs ont été à l’unisson, ils se sont devinés, ils se sont compris en toute lumière. Ces conjoints ont été pénétrés du même « fluide », une même sensation « électrique » les a parcourus. Une entente amoureuse qui amena d’ailleurs Lilyan Kesteloot, dans son œuvre critique, Les poèmes de Léopold Sédar Senghor (1986), à affirmer que c’était le temps de l’amour-copain, de l’amour-partenaire, au mieux de l’amour-compagnon.

Le mot « mariage » selon le Dictionnaire de la langue française « Le petit lettré », est dérivé du bas latin maritaticum qui signifie l’union d’un homme et d’une femme consacrée soit par l’autorité ecclésiastique, soit par l’autorité civile, soit par l’une et l’autre.

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Traditionnellement, cette institution a pour fonction fondamentale de lier deux lignées qui n’ont pas de liens. Dans la plupart des sociétés, c’est la femme qui assure la liaison entre ces deux lignages.

Malheureusement, l’actualité laisse entrevoir que les conjoints ne sont plus épanouis au sein de leur liaison. Le couple est devenu, par la force des choses, le lieu de tous les dangers et de tous les risques. Il n’est d’ailleurs pas rare de rencontrer une frange de personnes qui optent pour le célibat à vie.

Fort de ce constat, la sociologie de la famille, dans le but d’apporter des solutions à cette lancinante question, se développe au XXe siècle. Marzio Barbagli, après un laborieux travail dans son ouvrage intitulé Provando e riprovando (1990), parvient à la conclusion suivante : « Tout se passe comme si d’un coup, à partir de 1965, des millions de personnes éloignées entre elles de milliers de kilomètres, avec des traditions, des idées, des niveaux de revenu, des styles de vie profondément différents, s’étaient accordés pour changer les règles par lesquelles les familles se forment, se transforment, s’agrandissent, se séparent et disparaissent. »

Le sociologue italien est au regret de constater la décadence de la famille. Autrefois symbole du paradis terrestre, la vie à deux est devenue un cercle infernal où la seule issue reste la mort. L’idéal se trouve dès lors bafoué, étant donné que l’objectif fondamental du mariage est l’union et la compréhension mutuelle, ainsi que l’Eternel Dieu lui-même le précise dans la Sainte Bible : « Mais au commencement de la création/ Dieu fit l’homme et la femme/ C’est pourquoi l’homme quittera son/ Père et sa mère, et s’attachera à sa femme/ Et les deux deviendront une seule chair/ Que l’homme donc ne se sépare pas de ce que/ Dieu a joint. »

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Le mariage est donc sacré ; en instaurant une atmosphère de terreur ou en tuant au sein de cette institution, on le désacralise.

Dembo Diallo

 

 

 

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