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PoussÉe De FiÈvre Subite De Civisme

« Évitez l’arrogance, ce comportement qui a perdu tant de pouvoir…On met l’accent sur le faste, les manifestations externes…Il y a cette tendance naturelle vers le pouvoir jouissif… ». Prêchant par l’exemple, il confie à ses ouailles qui n’en ont cure, qu’il a même « refusé une voiture 4×4 en guise de cadeau, pour ne pas véhiculer l’idée d’un chef qui vit au-dessus de ses moyens ». « Eskèye »!

Permettez monsieur le président, qu’on ait un doute légitime et puissant quant à  votre subite poussée de fièvre civique et des leçons de morale qui, au regard de certains de vos hauts faits, auront du mal à pénétrer des esprits même les plus disposés à votre égard, encore moins à ceux qui ne vous créditent plus un gramme de…crédit.

Parce que, voyez-vous monsieur le président, chez nous, nos hommes politiques notamment (pas les seuls), on a depuis longtemps échangé le sacerdoce contre la culture « putassière » du je « gouverne donc je bouffe » ; à l’humilité pour l’exemple du guide, on a revêtu les habits clinquants du m’as-tu-vu. Vous les y encouragez quand dès que vous les nommez (ministre, DG etc.), vous leur distribuez des avantages auxquels les mortels peuplant nos pays n’y pensent que dans leurs rêves les plus fous : véhicules grand luxe, maisons de fonction ou indemnité de logement supérieure aux cent smicards du pays. Vous les exemptez de factures d’électricité et d’eau et, pour qu’ils aillent parader chaque week-end avec leurs grosses cylindrées devant des populations affamées, vous les dotez de carburant dont ils redistribuent la moitié à leurs maîtresses et autres griots et laudateurs…

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Vous fermez même les yeux quand ils dilapident les deniers publics et/ou confondent les caisses de l’Etat à leurs poches sans fond. Vous avez la liste de ces prédateurs dans vos tiroirs qui comme des danaïdes, engloutissent des dossiers d’hommes et de femmes qui auraient dû aller prendre la place de voleurs de poulets et de pain rassis pour survivre. Ce sont eux qui sécrètent des citoyens en colère. Ces derniers qui, parce qu’on a détourné ce qui leur était destiné, n’ont ni eau, ni routes, ni électricité, et leurs enfants étudient sous des abris provisoires. Alors à qui faites-vous la leçon du civisme ? Les plus grands inciviques et prédateurs sont avec et autour de vous. Et puis, une devinette monsieur le président : qui, parce qu’il avait le pouvoir et était ministre, s’est assis sur le civisme en votant par force sans carte d’identité nationale chez lui, dans sa ville, dans son bureau de vote ? Alors, il me plait d’ajouter à la célèbre formule de votre pote Mbaye Ndiaye à votre investiture « vous êtes à la tête de la plus grande alliance politique de l’Afrique », « la plus grande alliance de prédateurs, d’inciviques d’Afrique ». Commencez par passer votre « balai citoyen » dans ce capharnaüm, pour qu’on croit (enfin difficilement) à vos prêches de circonstances !

« Regardez à quoi ressemble Dakar ! Il y a des parkings géants de véhicules partout…Ce sont des garages et des espaces de vente de véhicules partout. On me dira qu’il ne faut pas dire ça à la veille des élections, mais je le dirai quand même ! » Quel courage d’un président COURAGEUX ! Mais aussi très …oublieux. Permettez qu’on vous rappelle quelques faits d’histoire.

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1/ Ces garages de vente de voitures à ciel ouvert sont apparus et se sont développés comme des furoncles dans nos villes, rues, trottoirs avec vous, suite à la première alternance dont vous fûtes un des pontes. C’est avec ça, entre autres, que votre prédécesseur et mentor, se glorifiait d’avoir « fabriqué des milliardaires ». Il a autorisé leur développement monstrueux avec des « facilités » douanières qui ont rogné sur les recettes. Vous étiez (entre autre) ministre de l’Intérieur et vous n’avez pas vu le développement insidieux et à grande échelle de cette délinquance à col blanc amidonnée à la sauce libérale d’abord, et marron-beige ensuite ?

2/ Oui, veille d’élection ou pas, VOUS POUVEZ faire semblant de vous indigner, parce que ce sont vos hommes (et femmes aussi), militants, copains et coquins, prédateurs d’hier, aujourd’hui réfugiés dans votre « no man’s law ». Ils ont ri sous cape quand vous vous lanciez dans ces logorrhées moralisatrices, avant d’éclater carrément de rire dès qu’ils ont rejoint leurs salons huppés et autres grands places de la ville. Ils ne croient pas un instant que vous irez en guerre contre ces pollueurs de nos villes, ces promoteurs de dépotoirs urbains. Parce qu’ils sont avec vous, qu’ils financeront votre réélection ou défaite ; parce que quelque part, ils SONT VOUS. Alors, votre « tiédorie » là, (de « Tiedo ». Je sais que ça n’existe pas mais faut enrichir le français, que diable), on en doute sérieusement. Non pas que vous ayez ces origines, mais que vous en fassiez montre vis-à-vis des prédateurs de toute nature et de toutes origines. 

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3/ « Je me suis rendu compte que je n’étais pas assez connu », souffrez-vous ! Vous croyez ? On sait que le respect de la parole donnée ne fait pas partie de vos « convictions républicaines » ; on sait que dans votre bouche, voire dans vos écrits, le cancer politique de la transhumance n’a jamais quitté la partie de votre cerveau qui pense que la fin justifie les moyens. Comme de mettre hors d’état de se présenter contre vous, des adversaires politiques que vous jugez dangereux pour votre éventuel second mandat. On sait que vous faites des propositions qui peuvent relever du chantage « je pourrais les amnistier après ma réélection ».

4/ Alors oui, nous savons que vous « n’êtes pas un révolutionnaire ». C’est de notoriété publique. Même votre « club de Sandrine » le sait. Et puis, vous ne le savez peut-être pas, mais il n’est pas besoin d’être « révolutionnaire » pour embrasser « l’égalité, la justice et l’Etat de droit ». Il s’agit juste d’être républicain et citoyen. Quand on a, non seulement son pays « au cœur », mais aussi « à cœur ».

dndiaye@

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