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Disney A-t-il Volé à L’afrique L’expression « hakuna Matata » ?

Au moment même où l’on envisage la restitution à l’Afrique d’œuvres d’arts mal acquises pendant la période coloniale, des voix déplorent des composantes culturelles africaines piégées par les blockbusters américains. Si personne ne s’est offusqué, il y a quelques mois, du passage à la moulinette de clichés afro-esthétiques dans le long-métrage Black panther – bien au contraire – , une pétition dénonce le verrouillage partiel d’expressions directement puisées dans les langues nationales du continent. C’est parce que la nouvelle version de l’afrophile Roi Lion s’annonce sur les écrans occidentaux que les plus vigilants des observateurs se souviennent d’un bien curieux dépôt de marque.

En 1994, Walt Disney tentait de s’accaparer l’expression « hakuna matata » par le biais des offices de protection de la propriété intellectuelle. Quand bien même ces mots constituent une phrase kiswahili générique et non une invention des parents de Mickey Mouse, le géant du divertissement obtenait gain de cause, en 2003, par une protection valable sur le territoire américain. Si la chanson du film prétend qu’il n’y a « pas de problème » et que « tout va bien », c’est bien à de sinistres ennuis judiciaires que s’exposerait un restaurateur américain qui souhaiterait nommer son établissement en référence à la formule fredonnée par les personnages Timon et Pumbaa.

« Arrêter le dépôt de marque sur le langage africain »

Il y a quelques jours, l’activiste zimbabwéo-canadien Shelton Mpala tirait donc la sonnette d’alarme en initiant une pétition appelant à « arrêter le dépôt de marque sur le langage africain ». Mis en ligne sur le site change.org, ce manifeste contre l’appropriation culturelle a déjà réuni près de 75 000 signatures. Il n’est pas sûr que ce cri du cœur émeuve Disney, tant la franchise « Roi Lion » rapporte des royalties jalousement empochées, grâce à la diffusion du film, aux produits dérivés ou encore à la comédie musicale adaptée du film.

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Il faut dire que la société de production est coutumière de l’aspiration culturelle gourmande. En 1996, le fantôme de l’écrivain français Victor Hugo aurait-il aimé voir son roman « Notre-Dame de Paris » mué en « bossu de Notre-Dame » dessiné ? Les groupies de Disney affirment que les contes comme « Blanche-Neige » n’ont pas un auteur homologué et qu’une culture vieillissante survit notamment grâce à cette lumière cinématographique américaine. Et Le Roi Lion, a-t-il au moins boosté le tourisme en Afrique ?







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