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Le Vide Et Le Trop-plein

Malgré le filtre démocratique du parrainage, nous aurons le trop-plein de candidats. Nous aurons aussi le vide, car malgré la multitude de candidatures, le débat politique n’a jamais été aussi pauvre. Les invectives, les attaques personnelles, les vieilles haines libérales dignes de Marc Antoine et de Octave l’emportent sur le débat programmatique. Les libéraux accusent Macky Sall de s’être illégitimement accaparé l’héritage en coiffant comme au poteau le fils biologique et le fils d’emprunt, en étant le troisième larron comme dans la fable de Jean de la Fontaine.

Pendant que le fils d’emprunt et le biologique se battaient pour l’héritage de Wade, l’un se prenant pour un lion (Karim Wade), et l’autre pour un renard (Idrissa Seck), le fils d’occasion (qui n’a jamais été dans les schémas du vieux Wade) rafla la mise. Cette querelle d’héritage a complètement pollué l’atmosphère politique depuis 2012. C’est connu, les querelles d’héritage sont toujours interminables et insolubles. La querelle des Socialistes aura aussi pollué la vie politique pendant les dernières années. Ousmane Tanor Dieng n’a jamais pardonné à Khalifa Sall son crime de lèse-majesté, c’est-à-dire son opa politique sur le PS qui priverait Tanor de la bouée de sauvetage politique qui lui a permis depuis 2000 de survivre politiquement et qui lui permet aujourd’hui d’être un roi fainéant à la tête du Haut conseil des collectivités territoriales. Khalifa Sall avait raison de vouloir s’emparer du PS et de mettre fin à la logique fonctionnaliste de Tanor (abdiquer toute ambition présidentielle, mais rester à la tête du PS pour exister par la fonction).

Querelle d’héritage aussi chez les progressistes, parce que Moustapha Niasse qui se comporte comme un chef de confrérie et non pas comme un chef de parti ne saurait accepter non pas un débat sur sa succession, mais l’idée même d’y penser. Les querelles d’héritage politique créent beaucoup de scissiparités politiques et drainent des passions, des rancœurs et haines politiques qui créent un brouillage politique qui fait que le pays ferme une page politique et historique sans qu’on s’en rende compte. La présidentielle de 2019 va être la première sans les deux piliers de notre vie politique depuis 45 ans. Pour la première fois, depuis 45 ans, nous allons à des élections sans le Parti socialiste et sans Abdoulaye Wade comme candidat. Le PS et Wade sont les «mamelles» de la vie politique depuis 45 ans.

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Le PS est le parti de la Nation et de l’Etat. Wade, quant à lui, est l’incarnation des libertés publiques, de l’audace d’une opposition légale en Afrique au temps de Bokassa et de Idi Amin, mais surtout de la longue marche vers l’alternance. Il n’y aurait jamais eu d’exception sénégalaise sans le combat titanesque de Wade. Le pays lui doit énormément. A titre d’exemple, notre code électoral n’est rien d’autre que le résumé des 26 ans de lutte de Wade contre la fraude électorale. La vieillesse est certes un naufrage, mais il ne faut jamais que le Sénégal oublie que Wade n’est pas Karim qui se donne des accents gaulliens dans son dernier message audio, sans en avoir la stature ou le courage politique. Avec l’absence de Wade et du PS, la présidentielle de 2019 ferme une longue page d’histoire et en ouvre une autre.

Le débat devrait porter sur cette autre page qui s’ouvre et qui verrait le Sénégal ne plus vivre de sa rente démocratique, c’est-à-dire un Sénégal plus ambitieux en quête de gloire continentale. Les candidats à la présidentielle devraient être jugés non plus sur des questions électorales, mais sur leur ambition pour le pays et surtout comment financer cette ambition. Quel gâchis que le débat se limite à des querelles d’héritage ou des querelles personnelles, alors que nous avons un personnel politique d’une très grande qualité (Idrissa Seck, Abdoul Mbaye, Sonko…) et un gouvernement où nous n’avons jamais eu autant d’ingénieurs ! Quel gâchis que de tels cerveaux en soient réduits à des querelles de personnes et ne soient en compétition pour proposer des réponses aux questions que les citoyens se posent ! Si les cerveaux de notre classe politique se penchaient sur les vraies questions du pays et non pas sur leurs problèmes de personnes, dans une décennie nous serions comme Singapour. Mais pour l’instant, même si nous votons depuis 1848 et malgré nos deux alternances présidentielles, nous sommes encore dans la même classe que le Congo démocratique où le débat principal se focalise sur les questions de participation et de règle du jeu, même si en 2000 et en 2012 nous nous sommes hissés au niveau de l’Angleterre.

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James Mattis, Marc Aurele et Donald Trump

Le secrétaire à la Défense (le ministre de la Défense des Etats-Unis), James Mattis, est connu pour être un grand lecteur du grand empereur Marc Aurèle (empereur philosophe). Si vous voulez comprendre sa démission, ouvrez les écrits de Marc Aurèle qui disait que «la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut l’être et le courage de changer ce qui peut l’être, mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre». Comme un miracle de Noël, James Mattis a retrouvé la sagesse de distinguer les recommandations de Marc Aurèle. Mattis, en bon militaire et patriote, a eu le courage d’essayer de changer Donald Trump pour l’intérêt de son pays, mais s’est rendu compte que c’était au-dessus de ses forces de supporter un Trump qu’on ne peut pas changer. Sa décision est très sage parce que l’histoire ne comprendrait pas qu’un général quatre étoiles, qui a porté les couleurs de l’Amérique sur tant de champs de batailles, puisse cautionner les tâtonnements stratégiques et militaires de Trump qui, lui seul, est le premier problème de sécurité nationale pour les Etats-Unis. Dans un de mes textes, j’affirmais que Trump est soluble dans l’Amérique et que nous aurions quatre ans de téléréalité à la Maison Blanche. Nous avons déjà la téléréalité, mais est-ce que les Américains vont la laisser durer quatre ans ? Rien n’est moins sûr. Le retrait brusque des Etats-Unis de Syrie ne fera que renforcer l’hégémonie de Poutine dans la région, car contrairement à Trump qui réagit à l’instinct, lui a une stratégie très cohérente. «Il ne faut pas arrêter un ennemi qui se trompe», disait Napoléon. C’est pourquoi Poutine s’est empressé de féliciter Trump.

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