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Le Sieur Bob, Encore Lui…

Le Sieur Bob, Encore Lui…

Encore et encore lui. On croyait que sa lugubre silhouette cesserait de hanter les paysages africains. Le revoici qui refait donc surface à la veille d’un de ces moments politiques décisifs.

Il, c’est Robert, Uncle Bob, Bourgi. Celui qui il y a deux ans, en le disant lui-même, verbatim, avait “niqué” François Fillon en lui filant des costards chics pour mieux le tailler en pièces. Toujours lui, dans ses méthodes sulfureuses mais lethales. Elles ont fait sa triste réputation. 

L’audacieux, c’est lui, qui ose encore se présenter en dernier Mohican d’une culture politique que l’on souhaite voir ensevelie: la francAfrique !

Son interview de ce matin dans le journal, l’Observateur, parfois voix de son maître, en dit long sur sa résilience. Sa détermination à maintenir les pays du pré-carré français sous le joug toxique des forces les plus rétrogrades, d’exploitation, rémanences de la France coloniale. 

Ce que Bourgi dit est grave. Celui qui avait voulu encadrer l’opposition gabonaise contre le président sortant, Ali Bongo Ondimba, quitte à la voir se faire coiffer au poteau, peu importe qu’il y ait eu massive fraude, revient ici, chez nous, pour vouloir dicter aux Sénégalais un choix unique. Le sien. Il s’appelle Macky Sall. Qu’il couvre de toutes les vertus en refusant de voir ses tares qui en font l’homme politique le plus détesté du Sénégal. Lui, le voit en homme providentiel !

Outre que son ingérence dans notre processus électoral la fout mal, il est regrettable de savoir qu’un homme élu par les sénégalais puisse encore passer par lui pour en faire le missi dominici, l’intermédiaire quasi officiel, du Sénégal dans ses relations avec l’Hexagone. C’est évident : pour sauver sa peau, Macky Sall agit ainsi en militant actif d’un maintien voire d’un réveil de la très détestable franceafrique. Je n’en suis pas étonné. Le 3 ou 4 avril 2012, juste après l’investiture de Mickey, j’avais aperçu Robert en compagnie de Aliou Mongol Sall entrant à son domicile dakarois.

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Robert est, en réalité, un rat des palais africains, un sans-gene, cynique, capable des coups les plus tordus, qui ne s’acoquine qu’avec les pouvoirs en place pour ne leur tourner le dos qu’après leur chute. Il sait aussi monter des processus de fraudes électorales: il y a près de 20 ans, n’est-ce pas lui qui avait acheté des magistrats français pour qu’ils viennent au Gabon couvrir un scrutin truqué par celui qu’il appelait papa, Omar Bongo. Seules les révélations du journal satirique, le Canard Enchaine, avaient pu déjouer la manoeuvre en exposant les magistrats !

J’ai fait la connaissance de Robert Bourgi au milieu des années 1980.

Assis un jour à mon bureau de Jeune Afrique, c’est lui qui m’appelle au nom de feu le Président Omar Bongo pour m’inviter à dîner dans un restaurant parisien.

Sur place, il me sort sa formule fétiche que lui a enseignée son mentor, Jacques Foccart, le chef des réseaux de renseignements français en Afrique: “secret de 2, secret des Dieux; secret de 3, secret de tous”.

Je ne comprends pas dès lors qu’il tombe dans le piège en racontant presque par le menu ses audiences à trois avec Sarkozy, l’une avec Karim, l’autre avec Macky.

Ce sont nos officiels qui manquent de personnalité. Ou as-t-on vu un africain, sénégalais ou pas, accompagner une autorité libanaise dans un rendez-vous de haute importance? Jamais ! Qui a même vu nos compatriotes Libano-Sénégalais se mêler avec le peuple autochtone. L’autre avait raison de voir en eux des “sénégalais à part entière, au terme de la Loi, mais entièrement à part, envers la société”. Et où as-t-on entendu l’un d’eux se révolter contre le traitement d’esclave infligé à nos sœurs au Liban où elles sont victimes de sévices inhumains ?

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Que Robert Bourgi ait ou non la nationalité sénégalaise ne devrait pas en faire un pilier dans nos relations diplomatiques.

Ou, pis, qu’il puisse nager comme un poisson dans l’eau de notre vie politique, au point d’en faire la Une.

Ce n’est assurément-là que le signe d’un manque de personnalité. D’une société qui se laisse pénétrer par des forces toxiques sans les dompter, éliminer.

Le maître de Robert Bourgi, le très puissant Foccart, n’avait pas pu m’imposer sa volonté quand, en sa présence et celle d’Yves Guena, deux grognards du Gaullisme, j’étais allé interviewer en exclusivité Jacques Chirac alors Premier ministre français à la tête d’un gouvernement de cohabitation avec François Mitterand.

C’était à l’hôtel Éden Roc à Antibes Juans-les-Pins en 1986. Foccart n’avait pas pu obtenir que je change mes questions: “Ah, les Sénégalais”, s’était-il exclamé, dans un aveu d’impuissance.

Voilà que maintenant son poulain veut se poser en maître des pensées des acteurs politiques sénégalais.

N’est-il pas temps, grand temps, que la classe politique, dans un sursaut d’honneur, notamment l’opposition, sorte un communiqué conjoint pour demander à Robert Bourgi de cesser de se mêler de nos affaires intérieures avec ampliation à l’Union africaine, la CEDEAO, l’Elysee, l’Union Européenne et l’ONU ?

Il faut arrêter Bob Bourgi. Donner le coup de massue, fatal, que l’hydre francafricaine mérite de recevoir en pleine gueule. Il faut qu’elle rende l’âme enfin. Cela n’est pas envisageable sans une neutralisation définitive de Robert Bourgi. Possible. Urgente.

Ps: La dernière fois que j’ai vu Robert Bourgi, c’était lors des obsèques parisiennes de Evelyne Valentin, ex-Secrétaire particulière du Président Omar Bongo. En compagnie de son épouse nous avions fait le trajet en voiture de l’église du 8eme arrondissement parisien vers le cimetière de Nanterre. C’était il y a 5 ans. Robert, je te prie de ne pas toucher à nos affaires…

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