Mes chers compatriotes,
Comme celle qui l’a précédée, l’année 2018 en a été une autre en tous points politique dans notre pays. La Constitution, notre loi pourtant fondamentale, a été une nouvelle fois modifiée pour la troisième fois depuis 2012. Cette frénésie constitutionnelle est révélatrice d’un manque de respect pour ce qui fonde la Nation sénégalaise encore en construction. Et lorsqu’elle donne lieu à un vote sans débat, comme ce fut le cas en 2018, elle traduit un manque de culture républicaine et de l’histoire des peuples chez celles et ceux auxquels nous avons confié notre pays et notre représentation pour produire la loi.
Comme celles qui l’ont précédée, l’année 2018 a été une autre succession de mois d’agitation et d’effervescence politiques, créée et entretenue par des manipulations et de la ruse pour changer les règles du jeu d’élections que l’on souhaite gagner à tout prix. Et 2019, année d’élection présidentielle, sera également politique.
Mes chers compatriotes,
Il sera alors temps de sanctionner cette primauté du politique dans notre pays. Il sera alors temps de faire le bon choix qui permettra à notre cher Sénégal de retrouver sa dignité en redonnant toute l’importance qu’il convient à la valeur travail et en réduisant la durée de ce temps politique, déterminé par des politiciens sans autre compétence, qui mobilise toutes les énergies de notre peuple avant, pendant et après les élections.
Pour cela il vous faudra, au soir du 24 février 2019, envoyer au reste de l’Afrique et du monde un message fort signifiant que la vieille démocratie sénégalaise s’est enfin réveillée et qu’elle rejette désormais toute obsession de demeurer au pouvoir le plus longtemps possible et d’en tirer avantage ; car là se trouve assurément la cause principale de l’allongement inconsidéré du temps politique dans notre pays et en Afrique.
Mes chers compatriotes,
Ne nous y trompons pas.
Cette attitude de nos dirigeants doit être acceptée comme à l’origine de notre retard de développement et de progrès. Elle est la cause d’un mieux-être invisible dans les campagnes et les villes, d’une dégradation continue de notre environnement, d’une disparition des valeurs essentielles au vivre ensemble dont une jeune nation a besoin. Elle mêle politique et argent, fait dépendre la première du second.
Elle ne survit ensuite que grâce à des sommes colossales d’argent qui ne peuvent venir que de la corruption et de sa généralisation dans un pays aussi pauvre que le nôtre. Cette dernière envahit tout : grande, petite, multiforme, elle casse les dynamiques d’effort qui seules peuvent construire une économie prospère dans la durée.
L’heure du réveil est venue. L’heure de dire non au tout politique, au triste spectacle qui nous est produit depuis le non-respect des promesses trahies de 2012 lorsque nous avions choisi l’espoir que portait le candidat Macky Sall.
Il est venu l’heure de rejeter le politicien au profit de l’homme politique et de l’homme d’État. Le politicien n’est intéressé que par la prochaine élection ; lorsqu’elle s’approche, il multiplie les inaugurations et pose de premières pierres à tout va. L’homme politique se préoccupe des prochaines générations ; il construit en cours de mandat des écoles et universités, et met en œuvre une politique d’emploi des jeunes aux résultats perceptibles et visibles.
Le politicien cache la vérité à son peuple derrière des statistiques mensongères, s’enferme dans son palais et dans une bulle virtuelle, se persuadant que tout va bien et que son peuple l’aime au point que sa réélection dès le premier tour du prochain scrutin ne doit faire l’objet d’aucun doute. L’homme politique explique la difficulté et réclame l’effort, la sueur et le sang nécessaires pour bâtir du progrès.
Le politicien reste dans les fausses promesses, même après les avoir une première fois trahies. L’homme politique élève au plus haut degré le respect de l’engagement pris.
Le politicien fragilisé par ses mensonges et promesses violées, par sa gouvernance dispendieuse et antipatriotique, finit par prendre peur de la critique, bâillonne l’opposition, emprisonne ses leaders ou s’obstine à les corrompre en achetant leur silence, ce qui s’appelle chez nous « la transhumance ». L’homme politique a une haute conscience du rôle d’une opposition dans le renforcement de la démocratie et de l’État de droit ; il lui prête oreille et en améliore sa gouvernance.
Mes chers compatriotes,
Tenons pour responsable le politicien professionnel, et ne cherchons pas ailleurs les raisons d’une année qui s’achève sans résultats significatifs ressentis par les populations, sans espoir de lendemains qui pourraient être plus heureux.
La faim et l’insécurité alimentaire sont restées persistantes dans plusieurs régions du Sénégal, conséquence d’une campagne agricole qui, parce que mal préparée, n’a pas été au niveau des performances statistiques officielles vantées et fêtées. Nous avions pourtant prévenu de cette réalité ; cela n’a pas empêché de prendre un retard inadmissible dans l’organisation du soutien de l’État à nos compatriotes en souffrance.
L’endettement extérieur du Sénégal s’est poursuivi, motivé par le financement de grands projets à utiliser comme éléments de propagande politique et par le gaspillage de nos ressources financières. Le budget de l’État ne parvient plus en cette fin d’année à assurer des dépenses aussi essentielles que les contributions locales aux projets de développement ou le fonctionnement des campus universitaires. Nous avions pourtant prévenu et appelé à la modération vis à vis de l’endettement extérieur, alors que l’on nous opposait une interdiction d’en débattre.
Le privilège accordé dans l’attribution des marchés à des entreprises ou à des fournisseurs étrangers, l’accumulation d’arriérés internes et la pression de l’administration fiscale sur les entreprises locales pour essayer de trouver solution au gap de la trésorerie publique sont autant de raisons qui compromettent la poursuite de l’activité de nos entreprises nationales. Nous avions pourtant prévenu de l’inévitable éviction de notre secteur privé national sans lequel aucune émergence ne s’est jamais construite dans le monde, sans lequel la nôtre restera un vœu pieu et un slogan politique, du reste de moins en moins agité, sauf sous la forme d’un recommencement et constat de temps perdu baptisé « phase 2 du PSE ».
Qu’il s’agisse d’enseignement, de formation, de renforcement de capacités, de chômage en général et de celui des jeunes en particulier ;
Qu’il s’agisse d’accès aux services essentiels de santé, d’eau potable, d’électricité (où par contre quelques progrès réservés aux villes ont pu être réalisés en matière de réduction des délestages) ;
Qu’il s’agisse d’assainissement et de lutte contre les inondations ; qu’il s’agisse de protection de la nature, de lutte contre l’érosion côtière notamment à Saint Louis, Kayar et Rufisque, de traitement des déchets ménagers et industriels ;
Qu’il s’agisse de la prise en charge de services de base dont nos concitoyens résidant à l’étranger sont demandeurs lorsqu’ils souhaitent disposer de documents administratifs ; qu’il s’agisse de notre politique étrangère hésitante et indécise, on ne peut qu’être déçu et soucieux de vérité dite et de priorités mieux choisies.
Le parti Alliance pour la Citoyenneté et le Travail, à l’occasion de son Congrès extraordinaire tenu le 30 septembre dernier vous a proposé une alternative pour reconstruire ensemble le Sénégal. Elle repose avant toute chose sur une nouvelle conception de la politique ou ce que n’aurait jamais dû cesser d’être la politique au Sénégal : à savoir un sacerdoce au service des populations. Elle appelle au respect de la parole donnée par nos dirigeants.
Elle propose de construire notre émergence économique sur de nouvelles priorités nous éloignant des grands projets en décalage avec l’état de notre économie. La croissance de cette dernière doit reposer sur celles que sont l’éradication de la faim dans un pays indépendant depuis près de 60 années et la lutte résolue contre l’extrême pauvreté ; sur une attention toute particulière portée au développement de l’agriculture au sens large, de la transformation des produits du cru, de l’agro-business pour éloigner les campagnes des affres de la faim, y créer des revenus, y retenir les populations et pouvoir nourrir les villes à des conditions plus avantageuses.
L’amélioration des revenus dans les villes doit avoir pour base le soutien résolu au développement de l’artisanat, premier employeur au Sénégal, secteur certes informel mais suffisamment organisé pour transmettre un savoir faire, parfois ancestral, et créer des emplois. Il devra être structuré pour satisfaire le maximum de la consommation des ménages et de la commande publique. Les financements, les ressources budgétaires, les législations fiscales et douanières seront mises au service d’un principe fort : « Sénégalais d’abord ».
C’est à cette condition qu’une semi-manufacture puis une manufacture nationales pourront éclore, seuls signes véritables d’un début d’émergence parce que correspondant à une transformation structurelle de notre économie.
La création de revenus au profit des Sénégalais passera par de « grands travaux » à forte intensité de main d’œuvre se substituant aux « grands projets » choisis pour entretenir l’égo de gouvernants en quête de grandeur et réservés aux grandes entreprises étrangères.
Par le civisme et la citoyenneté, nous parviendrons à transformer notre jeunesse en pionniers du développement du Sénégal, porteurs d’un idéal d’assistance aux plus pauvres, de contribution aux travaux d’intérêt général, et lorsque formés, de créateurs d’emplois pour d’autres concitoyens.
L’alternative que nous proposons engagera dans ses premières heures de vie les réformes nécessaires à la réduction du pouvoir présidentiel au Sénégal, au renforcement de ceux d’une Assemblée nationale redevenue chambre des citoyens par la révision du mode d’élection des députés, et à la consécration de l’indépendance du pouvoir judiciaire ; le Conseil Économique, Social et Environnemental et le Haut Conseil des Collectivités Territoriales seront remplacés par des structures non budgétivores et œuvrant avec utilité au niveau des terroirs.
Mes chers compagnons de parti, chers compatriotes, chers hôtes étrangers qui vivez parmi nous,
je vous adresse mes vœux les meilleurs pour l’année qui s’annonce. Ensemble souhaitons qu’elle soit pour le monde une année de conflits éteints et de paix retrouvée là où elle en est absente.
Souhaitons pour le Sénégal aussi une année de paix et prions Dieu (SWT) que les élections présidentielles de 2019 conduisent au meilleur choix pour notre pays et ses générations futures.
Vive le Sénégal !
Deweneti !