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L’aveu De CulpabilitÉ De Macky

Le déroulement du jeu politique africain a fait dire à Gazibo et Thiriot ceci : « parmi les nombreux défis épistémologiques que l’étude de l’Afrique pose aux chercheurs, la conciliation entre le spécifique et l’universel, c’est-à-dire l’arrimage entre les études africaines et les travaux de science politique centrale, fait particulièrement débat ». Les manœuvres du président de la République du Sénégal donnent du crédit à ce postulat de départ. En plus de s’éloigner de la pratique universelle de la convenance, il s’écarte, de plus en plus, de ce qui a, pendant longtemps, fait du Sénégal (un cas d’école désormais) un îlot de résistance à l’érosion démocratique en Afrique de l’Ouest.  Et c’est affligeant. En sept ans de gouvernance, il a transformé l’espace sénégalais en un terrain d’expérimentation des turpitudes qui nous étaient si peu familières.

Toutes les dérives de sa majesté ont comme capteur saisissant sa boulimie de puissance qui « biffe » la ligne démarcative entre le tolérable et l’indéfendable, le concevable et l’inconcevable. Le mal et le bien. J’ai été particulièrement indigné d’entendre Macky Sall, au cours de l’interview qu’il a accordée à des journalistes sénégalais triés sur le volet, après son « massage » à la Nation, évoquer la question de l’amnistie de Khalifa Ababacar Sall qui n’a rien à faire en prison. Quel aveu de culpabilité. Est-il en proie aux tourments, notre président ? Il s’est rendu compte, et c’est bien trop tard, de l’infamie dont il a été capable. Son plan machiavélique est de remporter l’élection présidentielle (on ne sait par quel subterfuge) et de libérer, dès le lendemain, Khalifa Ababacar Sall en faisant voter, par ses fayots, une loi d’amnistie. Il ridiculiserait ainsi tous « ses » juges qui se sont compromis tout au long de cette affaire pour de précaires privilèges. Les historiens, les journalistes (pour ce qui nous en reste dans ce pays) et les âmes justes se chargeront de consigner leur vilenie dans la mémoire collective. Ce 3 janvier, ils peuvent mettre fin à toute cette cabale contre le maire de Dakar (nous ne saurions dire ex-maire). La Cour suprême avait, en effet, décidé de mettre l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar en délibéré au 3 janvier. La chambre criminelle devra confirmer ou infirmer l’arrêt rendu par la Cour d’appel de Dakar. Il est temps de sauver la face.

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Que cette sortie du président de la République sur une probable amnistie de Khalifa Ababacar Sall après les élections leur ouvre les yeux s’ils ne les ont fermés à dessein. Tout ce tumulte n’est destiné qu’à écarter un adversaire politique à qui les populations sénégalaises ont exprimé leur sympathie. Il ne s’agit que de cela. Et rien d’autre. La dignité des « suppliciés », parce que Khalifa Sall en a montré jusqu’ici, est une souffrance morale pour celui-là qui croit persécuter. Macky Sall est happé par un tourment intérieur. Il sait qu’il est allé loin, qu’il a foulé aux pieds un ressort démocratique, la justice, et anéantit notre substrat culturel. Le président de la République a été violent, cynique, outrancier dans sa démarche. Une amnistie n’y fera rien. Ce n’est pas ce que les Sénégalais exigent. Khalifa Sall, non plus, n’en est pas demandeur. Qu’il libère ses juges afin qu’ils puissent dire le droit. C’est devenu pathétique d’entendre les hurlements de dépit de la rue à leur égard. Libérez-les monsieur le président. Retrouveront-ils peut-être le goût de l’indépendance, le reflexe de l’« autonomie ». Prendront-ils en compte, sans doute, votre aveu de culpabilité, de complicité (avec qui d’autre qu’eux-mêmes). Car envisager l’amnistie alors que l’affaire est en cours est une reconnaissance patente de vos visées, de votre volonté de l’écarter de l’élection présidentielle. Voyez-vous, monsieur le président, le message que vous transmettez aux justiciables et surtout aux juges : « condamnez-le, je me chargerai de le libérer après ma réélection ». C’est dommage. Vous n’avez pas le droit de faire moins que le président Abdoulaye Wade qui avait bien des choses à vous reprocher, vous le précoce milliardaire qui ne s’en est pas caché. Khalifa Sall doit être candidat. Il doit être libéré. Tout autre débat sut son amnistie n’est que creux verbiage. Le temps atténuera votre tourment moral, votre sentiment de culpabilité et de honte. Ne vous en faites pas.

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