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Le Silence Troublant De Mamour Diallo

Le Silence Troublant De Mamour Diallo

Personnes politiquement exposées dans cette affaire qui défraie la chronique, Mamour Diallo et Seydou Sarr restent inaudibles et invisibles dans la tempête. A leur place, eux les accusés, ce sont des personnes extérieures au « scandale » qui sont montées au front. Pourquoi le procureur de la République – parti en croisade contre Khalifa Sall et ses co-condamnés au nom de la sauvegarde des deniers publics – se montre-t-il si indifférent à ce qui se passe sous ses yeux ? Est-il retenu par sa hiérarchie politique ?

Dans cette baroque affaire foncière qui secoue les médias avec « 94 milliards» de francs Cfa qui seraient tombés dans des poches baladeuses, les choses semblent plus simples que toute la littérature qui est en train d’être déroulée. Ousmane Sonko, homme politique et candidat à l’élection présidentielle du 24 février prochain, accuse publiquement une haute personnalité de la République, en l’occurrence Mamour Diallo, lui aussi homme politique, mais surtout Directeur national des Domaines à la Direction générale des impôts et domaines (DGID) de s’être rendu complice d’un détournement de la somme de 94 milliards de francs Cfa avec un complice présumé dénommé Seydou Sarr. 

  

Au moment de faire la révélation, Ousmane Sonko précise avoir déposé plainte devant le procureur de la République, avoir saisi l’Inspection générale d’Etat, et avoir porté l’affaire devant l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC). 

  

Pendant plusieurs jours ou semaines, les personnes accusées d’avoir commis cette forfaiture ne donnent point signe de vie. La plus exposée d’entre elles, Mamour Diallo, opte pour le silence au moment où les effluves du « scandale » de haute intensité criminelle (si les faits sont avérés bien sûr) balaient les réseaux sociaux sénégalais. 

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L’indignation y est totalement partagée face à un tel carnage foncier opéré sur le dos des intérêts de l’Etat et de la collectivité nationale. Tout le monde s’étonne que le directeur national des Domaines ne daigne pas se faire entendre. Mais comme le silence devient intenable, des missi dominici non identifiés font circuler sur ces mêmes réseaux sociaux l’idée que M. Diallo aurait porté plainte contre son accusateur, mais aucune confirmation par la suite. Et cela interroge ! 

  

On est sidéré de constater qu’aucune des personnes citées comme parties du scandale ne daigne sortir du bois et parler en public. Au contraire, ce sont des gens totalement extérieures à l’affaire qui montent au front munis d’éléments qui ont été contredits par ailleurs. A la fin, cela donne ceci: Mamour Diallo et Seydou Sarr ont été nommément accusés par Ousmane Sonko de détournement d’un montant de 94 milliards de francs Cfa; mais lui Sonko se retrouve attaqué pour on ne sait quel motif valable! Qui veut protéger Mamour Diallo et Seydou Sarr?  

  

On ne présage rien de la réalité des faits et on se refuse à incriminer quiconque, mais il y a une constante irréfragable qui prospère sous nos yeux : c’est l’incapacité chronique des institutions judiciaires de la République à prendre en charge, avec équité et autorité, une affaire comme celle-là, alors que Ousmane Sonko affirme avoir déposé une plainte. 

  

Dans une démocratie aux institutions crédibles – ce qui n’est pas encore le cas du Sénégal –  le Parquet aurait déjà ouvert une information judiciaire et interrogé les personnes présumées impliquées car il n’appartient pas aux citoyens de régler eux-mêmes des divergences qui demandent l’intervention de l’Autorité judiciaire. Si cela devait être ainsi, que deviendrait ce pays ? 

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Plus que jamais donc, le cordon ombilical qui relie l’Exécutif au Parquet doit être raisonnablement coupé afin de laisser des marges de manœuvre raisonnables aux magistrats et juges d’instruction dans la mission que leur assigne le «peuple souverain». Mais personne n’est dupe : le glaive de la justice en cours au Sénégal n’est pas prêt de s’abattre sur des politiciens encartés au parti présidentiel. C’est l’une des nombreuses leçons que les citoyens ont quand même apprises en un septennat !   







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