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CrÉpuscule D’une DÉmocratie Autoritaire

CrÉpuscule D’une DÉmocratie Autoritaire

Jamais l’on n’avait à ce point abusé de la patience légendaire des Sénégalais. Nous avions surestimé nos capacités à conjurer une telle déshérence au sommet de l’État. Le festin « yaakariste » a attiré tellement de marionnettistes et de marionnettes que la vie politique sénégalaise ressemble à une foire d’empoigne. Le pays est littéralement engoncé dans des tempêtes éditoriales organisées par des journaleux entretenus par des officines proches du pouvoir.

Nous devons accepter l’idée que nos partenaires, quelles que soient leurs origines, préfèrent avoir à faire avec les moins sourcilleux d’entre nous. Au Sénégal, il faut l’avouer, les politiques publiques ont au fil du temps, laissé toute une partie de la population sur le bas-côté. Sinon, comment expliquer la frénésie migratoire qui s’est emparée de la jeunesse ? Les éternels exclus de la croissance économique, pour subsister, ont dû inventer une économie de survie perfusée par une diaspora maltraitée. Notre activité économique hybride met en évidence deux économies antagoniques, l’une portée par des capitaux étrangers, régulièrement fêtée dans les médias internationaux (croissance) et celle dite informelle. Cette façon de faire a tapissé le chemin à des générations d’entrepreneurs politiques véreux. À ce niveau, l’on peut insister sur les réelles intentions de cette pseudo-élite qui règne dans l’espace politique. Sa force réside dans sa capacité à nourrir des alliances avec des partenaires étrangers, on s’allie avec l’extérieur pour envoyer ses propres compatriotes à l’abattoir.

Cette culture d’accaparement qui a montré son efficacité est imparable. La criminalisation de la contestation sous toutes ses formes lui confère une précieuse pérennité. Une sorte d’ingénierie intellectuelle, qui procède sciemment à une occultation de notre histoire commune et propose à chaque fois une version revisitée, selon l’homme fort qui réside en son palais. On parle de continuité de l’État, mais l’histoire nationale est régulièrement réécrite. Il y a eu le Senghorisme, puis le Dioufisme, suivi du Wadisme, mais point de Sallisme plutôt un Yaakarisme pharisien qui festoie à tout bout de champ.

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Et si nous sanctionnions le « yaakarisme banania » le 24 février 2019 ? Et avec lui, toute cette ploutocratie. Nous découvrirons alors que des Sénégalais ont pu hypothéquer froidement la vie de générations entières à une échelle insoupçonnée, sans aucune once de regrets. Trahir son pays, c’est vendre ce qui ne peut l’être, trahir son pays c’est réécrire l’histoire, c’est aussi brader des ressources de façon unilatérale. C’est ceux-là que la françafrique a jusqu’ici adoubé et couvé. Ce goût pour la médiocrité conforte souvent les françafricains dans leur esprit de supériorité, c’est une ficelle pour le maillage de notre société de consuméristes néo-colonisés. Une sorte de prison à ciel ouvert d’où l’on ne peut sortir qu’en empruntant des pirogues de fortune. Dès lors, ceux qui prétendent nous gouverner éprouvent le besoin de donner des gages pour surnager et dominer la masse servile. Il faut « cheffer » à tout prix ! Cela permet d’asseoir un pouvoir « omnipotent » comme celui qui, depuis presque sept ans s’en prend à nos acquis démocratiques.

Comment, après avoir organisé une élection présidentielle transparente, le Sénégal s’apprête-t-il à retourner dans l’enfer de la contestation pré et post électoral ? L’heure n’est plus à des discussions philosophiques sponsorisées, il s’agit de porter le doigt là où ça fait mal. Nous devons choisir de faire le bonheur de nos frères et sœurs ou avouer que le crime contre l’humanité est permis. Les réunions aux phrases ampoulées dans des cénacles aseptisés aux frais du contribuable sont autant d’insultes à notre intelligence. La politique a attiré une quantité d’affairistes depuis qu’une technocratie frappée de mimétisme a remplacé le militantisme et l’engagement au service de l’intérêt général. Qui se souvient de l’élimination politique de Mamadou Dia et de la solitude de Cheikh Anta Diop ne dira pas le contraire.

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Qu’est devenu le projet national ? Nous devons, à ce stade de notre histoire politique, être de nouveau en mesure, de porter à la tête de l’État, un homme choisi démocratiquement par le peuple, comme nous l’avions fait en 2012. Un homme prêt à interpréter consciencieusement, la musique républicaine, sans états d’âme. En restaurant la démocratie qui est devenue un mirage dont les interprétations varient depuis qu’une nouvelle religion, l’argent, a pulvérisé nos valeurs ancestrales. Cette assertion de l’écrivain Boubacar Boris Diop permet de mieux comprendre les soubassements de cette errance cultuelle :

« Je crois que deux choses sont essentielles dans la vie de chaque être humain : connaître le passé de son peuple et savoir qu’on va mourir. »

En réhabilitant la véritable parole politique, aujourd’hui orpheline, nous nous réconcilierons avec nos valeurs et par conséquent avec notre histoire. Nous sommes à la croisée des chemins.







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