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AÏssata, La Faute Fatale

AÏssata, La Faute Fatale

Plus dure est donc la chute, la bronca de désapprobation quasi universelle ne cessant de monter. Quand je t’ai aperçue à l’écran, en mode faire-valoir, le visage gêné, tête presque basse, j’ai eu à la fois pitié et honte pour toi. Je me suis aussitôt demandé : que diable est-elle allée faire dans cette galère ? En avait-elle besoin ? Comment peut-elle justifier sur le tard un compagnonnage longtemps récusé et considéré comme immoral avec les pilleurs de la nation. Dire, comme certains, que la famille Omarienne a pesé dans un tel choix est risible. Qui n’a pas de liens avec des familles religieuses ? Trop facile de céder à leurs injonctions intéressées.

Non Aissata, c’est une bourde quelle que soit la présentation qui en est faite : tu la regretteras et elle scelle la fin de ta romance avec le peuple sénégalais qui, pourtant, t’aimait toutes ethnies et obédiences politiques confondues.

J’ai mal pour toi. Je te considère comme une amie. De longue date. Depuis les années 1990. Au décès de ta maman, il y a deux ans, je suis venu jusque chez toi présenter mes condoléances. J’y ai retrouvé tes sœurs, dont Rama Tall. J’ai revu ton père, ancien petit mais digne fonctionnaire, respecte de tous, du ministere de la Communication.

Sur place, j’étais fier de sentir que les conditions décentes dans lesquelles ils vivaient avaient à voir avec ta propre réussite, toi la fille partie de rien et devenue, à force de talent et travail, une figure connue et reconnue de tous dans ce pays.

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Puis un an après, parlant au nom de ta nièce dont le mari, le doué guitariste Habib Faye, faisait l’objet d’une cérémonie funebre, quelle ne fut pas ma joie de t’entendre décliner des formules rassembleuses, témoignages de la densité des relations inter-ethniques dans le Sénégal.

Tu n’étais certes pas encore en passe d’être une Angela Merkel ou Teresa May du pays, les bons sentiments du peuple ne faisant pas forcément une arithmétique électorale gagnante. Cela tu le savais. Mais ce que tu devais surtout savoir, c’est que malgré tes défauts – qui n’en na pas ?-, tu étais une icône à qui aucune erreur n’est permise. Les yeux fermés, hélas, dans un moment d’abandon, tu as ratée le coche.

Je ne te dénies pas le choix libre en démocratie de porter ton soutien sur un candidat. Mais le faire pour celui qui incarne le neddokobanditisme, qui a pillé nos ressources en hydrocarbures avec son frère, qui a bradé notre souveraineté, qui a mis en taule ton…ami, Khalifa, qui a réuni autour de lui les pires espèces, brigands et nuls types (hommes et femmes), truands et transhumants, qui est le symbole du Mackyavelisme en morale et politique, il fallait vraiment le faire.

Alors désormais Aissata tu pourras dire, à la question : foo todj ?, tu répondras: Yakaar, l’espoir.

Les gamines sénégalaises, les femmes du pays, parmi les plus brillantes au sein de la population, tenaient en toi un exemple à suivre. Par ton choix aussi tortueux qu’un serpent, la plupart d’entre elles ne vont, ne peuvent plus te suivre dans cette course sur la voie de ta perte.

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Je suis triste. Parce que je pense que tu mérites mieux dans notre pays. Imagine comment tu vas regarder les Sénégalais si, comme ce n’est pas impossible, ce régime est défait dans quelques semaines. Et même à supposer qu’il gagne, quelque promotion qui te serait offerte n’en vaudrait pas la peine: ce serait d’ailleurs celle de la compromission.

Aissata Tall Sall, je te prends comme une amie et sœur, et pour cela, en tenant compte, pour ma part, des leçons politiques de la vie, je devine combien ton malheur est grand. Tu le sais plus que quiconque : tu es passée à côté de l’histoire, qui sera impitoyable à ton égard. Car en faisant ce pas dans le vide, sans parachute, tu te retrouves avec une bande de losers honnis du pays entier.

Quel gâchis. J’ai pitié. Je prie pour toi… 







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