Les courbettes et la désormais célèbre métaphore de la basse-cour servie par Idrissa Seck à Thiès – le 4/11/2009 – devant le chef de l’Etat est l’histoire d’un homme politique talentueux et jadis respecté, reconverti dans la tragi-comédie. Quel triste sort pour un pays si fier, mais hélas si pauvre et qui a une faim légitime d’honnêteté et de compétence ! L’histoire du sous-développement a démontré avec pertinence que la compétence sans honnêteté n’est rien. Le régime sans imagination de Diouf appelait certes à une alternance plus créative, mais du besoin de créativité à l’avènement du désordre, il a fallu allier une sacrée dose d’incompétence.
Comment accepter l’arbitraire et la mégalomanie de Abdoulaye Wade, un Président fidèle qu’à lui-même, incapable de déléguer, et dont la seule constance est l’inconstance ? Le monde contemporain est trop complexe, et l’état des connaissances trop développé pour qu’un homme – aussi brillant soit-il – puisse gouverner en solo. Les défauts précités de notre Président le disqualifient clairement après neuf ans «d’essai» de la conduite du pouvoir. Période d’essai du reste trop longue pour un pays en déconfiture…
L’ex-Premier ministre, non content d’avoir trahi ce Peuple qui l’a soutenu sans faille durant sept mois de pénible et arbitraire détention, retourne sans vergogne louer son tortionnaire.
Le préalable du pardon n’est-il pas la garantie – au moins morale – que la racine de l’arbitraire est vidée. Or, dans le cas de l’ex-Premier ministre, rien d’officiel ne va en ce sens. Seule a été mise en avant la nécessité de réunir la famille libérale indépendamment des trahisons et des coups bas. Comment penser que le Peuple sénégalais puisse se contenter de cette union des chaos, de la pagaille comme promesse d’avenir ? Envisageable avec moins de dégâts dans les vieilles démocraties, cette stratégie est inopérante dans notre démocratie en gestation avec sa justice aux ordres.
L’attitude de Idrissa Seck nous renseigne avec éloquence sur la légèreté de ses convictions, son insouciance du droit, et surtout de son incompréhension aveuglante des attentes du Peuple sénégalais.
Ousmane CISS
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