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Wade «retro Satana»

Wade «retro Satana»

Bravo à El Hadj Issa Sall qui, de tous les cinq candidats à l’élection présidentielle du 24 février 2019, aura été le seul, à haute et intelligible voix, à s’insurger contre les propos tenus par l’ancien président Abdoulaye Wade. Dans une vidéo diffusée la veille de son retour à Dakar, le président Abdoulaye Wade a menacé tout le Sénégal, de tout mettre en œuvre pour empêcher la tenue de l’élection présidentielle. Il avait préconisé des actions pour le jour de son arrivée le 7 février 2019, pour la veille du scrutin et le jour même du scrutin. Plus grave, Abdoulaye Wade, une fois qu’il a foulé le sol sénégalais, s’est permis des diatribes et a appelé ouvertement ses partisans à brûler et casser les matériels électoraux. Idrissa Seck, Madické Niang et Ousmane Sonko se sont refusés de faire le moindre commentaire sur ces propos on ne peut plus inacceptables sortis de la bouche d’Abdoulaye Wade. Chacun de ces candidats de l’opposition s’est refusé, au nom d’une logique de petits calculs politiciens, à se démarquer d’une entreprise anti-républicaine et non démocratique. Il apparaît absurde qu’ils restent passifs alors qu’ils battent campagne, consacrent une grosse débauche d’énergie pour une élection qu’un autre homme politique, dont le candidat se trouve disqualifié en raison des règles communes à tous les candidats, voudrait empêcher. Idrissa Seck, Ousmane Sonko et Madické Niang peuvent-ils être si crédules pour encore espérer qu’un Abdoulaye Wade soutienne l’un d’entre eux ? Le plus incohérent de tous demeure Ousmane Sonko qui se définit comme le candidat anti-système et qui, rattrapé par les dures réalités du terrain, se met à tout renier pour chercher à s’allier avec Abdoulaye Wade et Pierre Goudiaby Atepa, qui symbolisent les visages les plus exécrables de ce système. Aussi, il faudrait bien que Ousmane Sonko soit on ne peut plus naïf, pour s’imaginer un seul instant que Abdoulaye Wade arriverait à lui apporter un soutien. Quand est-ce qu’ils comprendront que seule la personne de Karim Wade compte aux yeux de son père ? On peut néanmoins concéder à Ousmane Sonko, qu’en s’affichant avec lui et en distillant de petites appréciations positives sur sa personne, Abdoulaye Wade indiquerait ainsi subtilement à ses partisans qui ne suivraient pas sa consigne de sabotage du scrutin, de voter pour Ousmane Sonko. En effet, Abdoulaye Wade serait ravi de voir Oumane Sonko devancer Idrissa Seck et Madické Niang. Comme quoi, Me Wade a la rancune tenace !

Le silence coupable de Macky Sall

Le président sortant, Macky Sall, est le moins excusable de tous les candidats. C’est un truisme que de dire que jusqu’à l’installation d’un nouveau chef d’Etat, il incarne l’Etat et la République du Sénégal. Aucun calcul ne devrait l’autoriser à rester de marbre devant les propos d’Abdoulaye Wade. Son sacerdoce de chef de l’Etat lui impose de réaffirmer l’autorité de l’Etat et la nécessaire préservation de la paix publique et de la protection des institutions de la République. Nul ne lui demande de manquer de respect à Abdoulaye Wade. En dépit des ignominies qu’Abdoulaye Wade a eu à déverser sur sa personne, Macky Sall lui a toujours témoigné un respect et une révérence qu’il ne devrait même plus mériter. Seulement, le président Macky Sall devrait s’aménager une tribune pour distinguer la posture du candidat, de l’homme Macky Sall, de celle du chef de l’Etat. L’homme Macky Sall pourrait tout accepter stoïquement d’Abdoulaye Wade. Par contre, le candidat devait condamner et fustiger les propos et l’attitude de Wade au même titre que ses autres concurrents. Mieux, la personne du chef de l’Etat qu’il incarne, lui impose l’obligation de faire entendre la voix de l’Etat du Sénégal. Abdoulaye Wade ne saurait laisser croire qu’en cette période le Sénégal constituerait un «no man’s land». Il ne serait vraiment pas superflu que le chef de l’Etat daigne dire publiquement que «force restera à la loi». Cela ne voudrait nullement pas dire qu’il faudrait emprisonner Abdoulaye Wade ou le violenter d’une façon ou d’une autre, mais une déclaration aurait rassuré et constituerait une mise en garde, même de principe, contre les éventuelles personnes qui pourraient être amenées à vouloir suivre les appels à la sédition. On pourra toujours dire que le président Sall ne manquerait pas de prendre au sérieux les escapades de son prédécesseur, car différents milieux de son alliance Benno bokk yaakaar ont eu à réagir contre les propos de Abdoulaye Wade. Cela ne saurait suffire. On peut aussi considérer que les forces de sécurité veillent au grain. Sans doute, seulement, elles auraient été ragaillardies par un soutien public du Chef suprême. Le silence de Macky Sall est coupable.

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Que Dieu nous en garde mais, on ne le dira jamais assez, en cas de débordements ou de grabuges provoqués ou incités par Abdoulaye Wade, la responsabilité des autorités de l’Etat sera pleine et entière. Abdoulaye Wade avait annoncé la couleur en diffusant une vidéo qui annonçait qu’il arriverait au Sénégal pour «saboter les élections». La prudence et la moindre des précautions auraient été de ne pas le laisser arriver au Sénégal. L’Etat du Sénégal avait la latitude de ne pas lui permettre d’arriver au Sénégal, ne serait-ce que le temps de laisser passer la période électorale. Le cas échéant, Abdoulaye Wade aurait dû rester en France et proférer des menaces et des diatribes, mais on pourrait toujours considérer que ce serait le moindre mal. En effet, le laisser débarquer au Sénégal, se pavaner dans les rues et continuer de défier l’Etat est inacceptable. Assurément, l’Etat ne serait pas humilié à ce point si Abdoulaye Wade n’avait pas été autorisé à embarquer pour Dakar. Et pourtant, le Sénégal en avait bien les moyens.

L’attitude du candidat Macky Sall s’expliquerait-elle par la crainte de braquer davantage Abdoulaye Wade s’il se prononçait contre ses propos ? Ce serait une crainte injustifiée. Un appel de Abdoulaye Wade à voter contre Macky Sall ne pourrait empêcher la réélection de ce dernier. Depuis que Macky Sall est arrivé au pouvoir après l’avoir battu en 2012, Abdoulaye Wade n’a jamais digéré sa cuisante défaite et a nourri une volonté de revanche. Il a donc systématiquement été sur le terrain pour pourfendre Macky Sall, battre campagne contre lui et ceci à toutes les élections nationales. Il reste qu’à chaque fois, Macky Sall a remporté les suffrages sans bavure. C’était le cas lors des élections législatives de 2012, lors des élections locales de 2014, lors des élections législatives de 2017 et lors du vote référendaire de 2016. Qu’est-ce qui a pu changer pour qu’un éventuel nouvel appel de Wade à voter contre Macky Sall puisse faire autant peur ? Peut-être qu’on pourrait ravaler de telles appréhensions à la boutade wolof selon laquelle le gallinacé a une phobie de l’aigle depuis qu’il était un petit poussin. Qu’est-ce qu’il y aurait encore pour Macky Sall à sauver vis-à-vis de Abdoulaye Wade, qui a clamé urbi et orbi qu’il débarquait pour «déboulonner Macky Sall, le chasser du Palais présidentiel» ?

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Wade manque de respect à Serigne Mountakha

On savait déjà, depuis qu’il avait manqué de respect au défunt Serigne Saliou Mbacké, que Abdoulaye Wade n’en avait cure des autorités religieuses de Touba. Plus d’une fois, il a été dit et répété que les courbettes de Abdoulaye Wade à Touba n’obéissent qu’à un opportunisme politicien. On en a eu encore la bonne preuve vendredi dernier, 8 février 2019. Abdoulaye Wade a rendu une visite au Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké Bassirou. C’était l’occasion de profiter de cette tribune, pendant plus de 80 minutes, pour insulter le président Macky Sall. L’exercice a fini par gêner tous les disciples mourides. Abdoulaye Wade s’est montré d’une insolence et d’un manque de tenue qui ont scandalisé plus d’un. Abdoulaye Wade n’a eu le moindre égard pour le guide religieux dont il dit se réclamer. Plus grave, Abdoulaye Wade, après avoir épuisé tout son chargeur d’invectives et d’insultes contre Macky Sall, n’a pas souhaité entendre une réponse du guide religieux. Il lui a immédiatement demandé un entretien en privé. Il aura ainsi coupé l’herbe sous le pied à Serigne Mountakha qui, selon ses proches, aurait prévu de «recadrer le président Wade et de l’appeler à cultiver la paix et la concorde». Ainsi, Abdoulaye Wade a décidé de tout, s’est comporté comme en terrain conquis, jusqu’au protocole et à l’agenda dans la résidence même du Khalife des mourides. La retenue du guide religieux et de ses proches n’a pas manqué de heurter l’opinion publique. Comment Abdoulaye Wade a-t-il pu se permettre une telle attitude ? La passivité dont les autorités religieuses de Touba ont fait montre, à l’occasion, a créé un gros malaise. Des dignitaires religieux de la ville de Touba n’estiment pas moins qu’il est inconvenant de laisser un hôte déblatérer des injures contre le chef de l’Etat ou contre toute autre personne ou même n’importe quel quidam, devant le khalife, de surcroît dans ses salons, sans être rappelé à l’ordre d’une quelconque façon. Serigne Mountakha aura beau faire dire qu’il a été contrarié par le comportement de Wade, qu’il se trouvera toujours des personnes pour s’étonner de ce laisser-faire. Même durant leur tête à tête, Abdoulaye Wade n’aurait fait aucune concession au khalife des mourides. Le malaise est si profond d’autant que le khalife des Mourides avait pris l’initiative d’appeler les acteurs politiques à porter une parole de paix et d’appeler à la sérénité en direction de l’élection présidentielle.

Les autres prêcheurs de paix deviennent sourds-muets-aveugles

Abdoulaye Wade aurait souhaité rendre visite au Khalife général des Tidianes, mais Serigne Mbaye Sy Mansour lui aurait fermé la porte. C’est une attitude diamétralement opposée à celle des autorités religieuses de Touba. On peut considérer que c’est un moindre mal. Sans doute qu’il aurait été plus productif de recevoir Abdoulaye Wade et de lui dire certaines bonnes vérités. Mais on se consolera que Tivaouane ne lui a pas offert une tribune libre pour insulter le chef de l’Etat. On va aussi regretter le silence du clergé catholique, qui s’était associé à un groupe de personnalités de la Société civile pour lancer des appels à la paix. Le président Macky Sall avait reçu ce groupe et lui avait donné l’assurance qu’il exhorterait ses partisans à battre campagne dans un esprit de paix. Il apparaît maintenant que les appels à la paix n’étaient destinés qu’au camp du président sortant et que les opposants pourraient allègrement alimenter un discours de fauteurs de troubles, de pyromanes. Cette initiative de la Société civile n’avait été mise en place que quand le ministre Mame Mbaye Niang avait commis la bêtise de bander les muscles pour menacer de riposter à d’éventuelles attaques. Il préconisait d’utiliser les «marrons du feu», une milice du parti présidentiel. Il reste que toutes les menaces proférées par Me Wade et ses partisans, tout le long du processus électoral, n’avaient nullement ému les personnalités de la Société civile. Comme si la violence condamnable ne devrait être que celle qui proviendrait du côté du pouvoir !

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Il faut dire que Abdoulaye Wade, qui reste encore dans l’histoire politique du Sénégal comme le seul chef d’Etat à avoir sur les mains le sang de plus de 14 jeunes Sénégalais tués en période électorale, voudrait installer un climat de violence. Depuis qu’il a quitté le pouvoir, il hante le sommeil des Sénégalais en cherchant systématiquement à provoquer de la violence. Il a maintes fois appelé publiquement à la violence. Il apparaît comme l’éternel «esprit du mal», cherchant à susciter la discorde, la confusion et les troubles. Un tel esprit est à exorciser. Il lui sied la formule latine «Vade retro satana» (qui peut se traduire par «Arrière, Satan», «Recule, Satan», «Retire-toi, Satan» ou «Va-t’en, Satan») qui étaient les premiers mots d’une formule catholique utilisée lors de séances d’exorcisme. Abdoulaye Wade va chercher à installer le Sénégal dans une situation de troubles post-électoraux. Il est dans une logique insurrectionnelle et putschiste. C’est assurément ce que traduit son idée d’instaurer un Conseil national de transition ; ce qui équivaudrait à suspendre les institutions de la République. De telles velléités, Abdoulaye Wade les avait toujours eues durant tout son parcours d’opposant au Président Abdou Diouf, mais il trouvait en face de lui un Etat assez ferme. Sa rencontre avec Ousmane Sonko le samedi 9 février 2019, suivie de celle avec une délégation de proches de Khalifa Ababacar Sall, procède d’un jalon d’une alliance en vue de la contestation des résultats du scrutin du 24 février prochain et surtout, un plan de provoquer une certaine tension post-électorale. Déjà, Abdoulaye Wade peut compter sur des chevaux de Troie comme Mamadou Diop Decroix par exemple, qui a fait un ancrage dans la coalition «Idy 2019» afin de pouvoir drainer cette coalition dans des actions de contestations des futurs résultats. Il ne faudrait pas non plus oublier que l’opposition avait déjà annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas les résultats de la prochaine élection présidentielle. La règle est claire, c’est aller à l’élection avec la résolution de rejeter les résultats, s’ils sont favorables à Macky Sall.







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