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24 Février 2019: Forces Publiques Et Médias Ne Doivent Pas être Complices Du Hold-up électoral

24 Février 2019: Forces Publiques Et Médias Ne Doivent Pas être Complices Du Hold-up électoral

« Il faut agir pour empêcher un coup de force électoral le soir du 24 février 2019 »

Dans les « Carnets secrets de l’alternance, un soldat au cœur de la démocratie », le Général Lamine Cissé, ancien Ministre de l’Intérieur, restituait le contenu d’un échange téléphonique historique avec le Président Abdou DIOUF, au soir du 19 mars 2000 (à 23H40 précises), au cours duquel, il avait la lourde tâche d’annoncer à ce dernier qu’il avait définitivement perdu l’élection présidentielle : « Monsieur le Président, la situation est difficile pour vous et pour votre parti. Les tendances en votre défaveur sont désormais irréversibles. Si vous félicitez votre adversaire comme vous l’avez promis à votre directoire de campagne, vous serez le vainqueur moral de cette élection ». Avec un sang-froid hors pair et un professionnalisme remarquable, le Général Lamine Cissé a fait preuve d’objectivité, d’impartialité et de responsabilité, en préparant le Président Abdou DIOUF à digérer sa défaite le 19 mars 2000, lui communiquant dès 18H50, les premières tendances issues de 275 bureaux de vote tests répartis sur tout le Sénégal.

En 2000, les médias privés, malgré la censure, la corruption, les pressions, et les intimidations, ont joué un rôle décisif dans l’avènement de la première alternance, grâce à une couverture complète du scrutin et un maillage du territoire national, s’appuyant sur les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) pour informer l’opinion publique, en temps réel, des résultats dans chaque bureau de vote. Le titre évocateur et audacieux du Journal Sud Quotidien le 20 mars 2000 « WADE, Président », traduit la fin d’une époque : celle où un régime pouvait fabriquer et imposer des résultats officiels, en matière d’élections.

En 2012, alors que tout le monde redoutait un passage en force du Président sortant, dès le premier tour, Abdoulaye Wade qui a mobilisé des millions de sénégalais lors des meetings, a été mis en ballotage, et contraint au second tour par le vote des sénégalais. Après avoir analysé la situation et tenu compte des conseils du Ministre de l’Intérieur, WADE s’est plié au verdict des urnes, précisant avoir été trompé par les images de foules compactes. La suite, on la connaît. Etrangement, le scrutin du 24 février 2019 rappelle les présidentielles de 2000 et 2012. Induit en erreur par les foules mobilisées à coups de centaines de millions de francs CFA et par les propos loufoques de ses partisans qui lui promettent une victoire au premier tour, le candidat Macky Sall (comme Abdou Diouf en 2000) fait montre d’une incroyable cécité et semble impréparé à une débâcle. Tous les observateurs avertis, tous les analystes politiques, tous les Experts des questions électorales savent que la théorie du 1er tour relève d’une fiction ; compte tenu de la configuration politique, du résultat du scrutin faussé du 30 juillet 2017 (le pouvoir n’a pu atteindre la barre des 50% malgré la neutralisation du vote de millions de sénégalais, la fraude à Dakar et le saccage de 96 bureaux de vote à Touba) et du rejet massif dont Macky Sall fait l’objet auprès d’une bonne frange de l’électorat (les jeunes).

Le 24 février 2019, les forces publiques (forces militaires, paramilitaires, police et gendarmerie) devront, à l’instar du Général Lamine Cissé en 2000, faire preuve de stricte neutralité, de professionnalisme et d’un sens républicain élevé. Elles doivent désobéir à tout ordre illégal, du pouvoir visant à confisquer le suffrage des sénégalais. Leur mission n’est pas de couvrir un coup de force électoral, mais d’assurer la sécurité des sénégalais et de garantir l’intégrité du territoire.

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Le Général Mansour SECK qui a récemment lancé un appel pour un scrutin apaisé doit compléter ses propos en appelant les forces publiques à la neutralité, et en leur demandant de veiller à ce que l’expression de la volonté populaire ne soit, en aucun cas, détournée.

Quant à la presse, son rôle sera décisif lors du scrutin du 24 février 2019 comme ce fut le cas lors des 2 alternances (2000 et 2012). La presse sénégalaise regorge de nombreux journalistes aguerris, et professionnels, qui exercent un noble métier qui est d’informer juste et vrai. Ces journalistes qui ont placé l’éthique et la déontologie au cœur de leur métier auront à jouer un rôle primordial le 24 février 2019. Ils devront communiquer à l’opinion les tendances lourdes issues des urnes, et résister aux multiples pressions émanant du régime. De leur côté, les citoyens doivent faire preuve d’une vigilance accrue pour mettre en échec la stratégie du hold-up électoral qui reposera, en partie, sur un « plan média » le jour du scrutin (diffusion de rumeurs et de fausses informations pour accréditer la thèse d’un passage au 1er tour). Le 24 février 2019, la méfiance doit être systématiquement de mise quant aux résultats publiés par une certaine presse, de connivence avec le régime, et dont les intérêts sont convergents avec ceux de Macky Sall (Le Soleil et Libération de Yakham M’Baye « membre de l’APR », TFM et l’Observateur de Youssou N’Dour « qui participe activement à la campagne du candidat Macky Sall », la RTS dont le DG Racine Talla doit tout à Macky Sall, le Quotidien de Madiambal Diagne « qui affiche publiquement sa proximité avec le régime », etc ….). Sans oublier les sites WEB « Pro-Macky » qui ont inversé les résultats à 2 heures du matin lors du scrutin du 30 juillet 2017, sur une simple déclaration d’un ministre de Macky Sall. Pour parer aux menaces de censure et au risque majeur de coupures d’Internet (Facebook, et WhatsApp), le 24 février 2019, l’ASUTIC (Association sénégalaise des Utilisateurs des Technologies de l’Information et des Communications), organise une table ronde sur la protection et l’intégrité de l’internet pour un scrutin libre et transparent le mardi 19 février 2019¬ de 14h00 à 18h00 à l’hôtel Good Rade (VDN – Dakar) ; un atelier axé sur les possibilités d’atténuer les risques. Aucune piste ne doit être négligée, pour la mise en place un dispositif anti-fraude d’envergure, le 24 février.

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L’idée selon laquelle « Macky Sall va voler l’élection présidentielle, mais qu’on ne peut rien faire pour l’en empêcher, est totalement fausse et relève d’une stratégie délibérée visant à créer un sentiment de résignation chez les sénégalais ». Modifier la volonté du peuple lors d’un scrutin est un acte extrêmement grave et constitue un coup d’état électoral. Ni plus, ni moins. La souveraineté appartient au peuple.

Le 24 février, les forces publiques républicaines, les médias libres et indépendants, et tous les citoyens peuvent et doivent agir pour empêcher un coup d’état électoral au Sénégal. Le 24 février 2019, les sénégalais ont besoin d’hommes dignes à l’image du Général Lamine Cissé qui puisse dire au candidat Macky Sall la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité « Monsieur le candidat de Benno Bok Yakaar, au vu des tendances lourdes, le second tour est inéluctable ». Comme le disait Charles Péguy, « qui ne crie pas tout haut la vérité quand il sait la vérité, se fait le complice des menteurs et des faussaires » !

Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr

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