Quand sonne l’heure de parler, l’homme qui garde le silence devient pire qu’un traitre. Il demeure lâche. C’est ce qu’a compris la tradition wolof en stipulant : je l’avais dit vaut mieux que je le savais.
En notre qualité d’anciens présidents de l’Amicale culturelle des étudiants de Sédhiou, Ibou Dramé Sylla (2015-2016) et Cheikh Ahmadou Bamba Badji (2017-2018), nous dénonçons cette pratique de Caravane politique qui, moins de deux ans après ce fatal accident qui a couté la vie à quatre étudiants, veut nous installer dans l’oubli par des procédés bassement orchestrés pour engager des étudiants dans une autre caravane. La mémoire serait assez courte si nous gardons le silence. Du pouvoir comme de l’opposition, nous pensons que c’est indigne de vouloir manœuvrer dans ce sens. Sédhiou n’a pas encore oublié et n’oubliera sûrement jamais cette grande perte en vies humaines.
Il y a une logique de fatalités assassines qui pousse certains à se renier. Mieux vaut ne pas être du côté des accusés quand l’Histoire donnera son verdict. Nos défunts méritent que nous portions le deuil avec dignité.
C’est avec un cœur meurtri que nous voyons le comportement irresponsable de certains de nos camarades étudiants qui collaborent avec les politiciens professionnels pour des miettes et un précaire emploi qui ne verra jamais le jour. A défaut de s’estimer, on vit dans la haine de soi.
El Hadji Sankoung Djité était, au moment de sa mort, le trésorier de notre Amicale. Il a cru en notre fraternité et a servi la cause des étudiants.
Thierno Aly Baldé s’était engagé dans l’Amicale en étant dans le camp de ceux qui constituaient une force de propositions dans le strict respect des règles du syndicalisme. Il avait un bel avenir.
Pierre Bertrand Sambou, nouveau bachelier, était membre de l’Amicale. Son sérieux et le sens de la responsabilité avaient fait de lui un homme taciturne. Il avait la charge de réussir pour aider sa mère qui est veuve.
Mouhamed Tafsir Diallo, attaché aux valeurs cardinales de l’honnête homme, il s’est distingué par son sérieux et son amour de Sédhiou. Après une longue absence dans ce terroir, il s’y rend sans jamais revenir vers sa famille de Dakar.
Ces jeunes étaient tous des espoirs de famille. Allez voir leurs mamans respectives et demandez-leur ce qu’elles traversent dans les profondeurs de la nuit en pensant à ces êtres qui auraient dû les prendre en charge et assurer leur voyage dans les lieux saints pour le pèlerinage. Les populations sédhioises attendent de nous des comportements exemplaires et des attitudes responsables. Etre étudiant, c’est aussi être digne.
Sans prétention aucune, nous avons parlé au nom du Vrai.
Nous lançons un appel à tous les camarades étudiants de Sédhiou, surtout ceux de Dakar, à ne pas s’engager dans une quelconque caravane. Nous espérons que notre appel sera entendu !
L’histoire se répète et dans sa phase de répétition, elle bégaie, aurait dit Karl Marx.
Ibou Dramé SYLLA
Cheikh Ahmadou
Bamba BADJI
7730624 70
77 321 74 23