C’est le général Charles De Gaule qui disait que « la vieillesse était un naufrage », je dis la retraite est l’apocalypse.
Je suis un policier, radié en 1988, versé à la police municipale en 1994 par le régime « socialiste », puis intégré dans la police nationale en 2012 par le président Wade. Cet épisode a constitué une interruption de ma carrière de fonctionnaire national (6 à 7 ans) et impacté négativement sur ma pension de retraite proportionnelle dérisoire.
Si la pension pleine ne permet pas au bénéficiaire de mener une vie moyenne décente à la sénégalaise, la proportionnelle est un désastre. En effet, au Sénégal, le système de calcul de la retraite hérité du colonisateur n’a connu que quelques améliorations minimes par rapport aux coûts et services et/ou du panier de la ménagère.
Ceci n’explique-t-il pas le fort taux de mortalité des agents fonctionnaires après deux ou trois ans, trépassant du fait de l’anxiété et des soucis financiers énormes qui habitent ces derniers. Si on sait qu’au Sénégal, les charges familiales ne diminuent pas et avec la retraite, au contraire elles accroissent ; corrélées au chômage endémique des jeunes qui ne pourront pas suppléer les parents à la retraite. C’est la poisse, le dénuement pour ne pas dire la misère.
Permettre aux retraités de jouir de sa retraite
Les retraités du Fonds National de Retraite (FNR) en général attendent du nouveau président de la République une augmentation et une révision des pensions à hauteur de 40 %, offertes aux retraités de l’Institut de Prévoyance des Retraités du Sénégal (IPRES), chargé du privé. Ce que nous voulons nous les radiés en particulier, c’est la comptabilisation de nos années de radiation et celles dans la police municipale (seuls 700 sur 3000 sont encore en vie) et il faudrait penser aux veuves et à leurs enfants.
Subséquemment à la frustration générée par cette discrimination, les retraités du FNR attendent au moins la poursuite de la mesure consistant à augmenter par bimestre1 500 à 2 000 francs la pension du FNR.
Pour les sept années du président issu de la deuxième alternance, aucun kopek n’a été ajouté aux pensions dérisoires. C’est un problème d’équilibre et de justice sociale pour ces vaillants travailleurs qui ont contribué à assoir l’administration sénégalaise. Le cas des policiers est plus prégnant. Bénéficiant des pensions proportionnelles, certains touchent le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC). Indépendamment des pensions, un effort substantiel doit être fait pour ces serviteurs loyaux de l’Etat qui ont consenti d’énormes sacrifices.
Les déclarations d’intention ne manquent pas ; le président Macky Sall avait dit le 1er Mai 2017 avoir déposé deux milliards pour compléter la retraite, jusqu’à ce jour rien n’est fait. Le Premier ministre Boun Abdallah Dionne dans sa déclaration de Politique Générale avait annoncé une augmentation de 40% pour le FNR, établie sur quatre années (2018, 2019, 2020, 2021) et sur dix ans, soit 10% par an, rien de tout cela n’est encore effectif. Les retraités du FNR attendent impatiemment la réalisation de ces promesses pour mener une existence paisible avec une espérance de vie de quinze ans au moins après la retraite.
Cheikh Amad Tidiane Niang est brigadier chef à la retraite depuis 2014, ancien policier municipal (1994-2012), policier radié suite aux évènements de 1988, porte-parole de l’association des policiers radiés.