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Les Attentes De Macky Ii

C’est un rituel républicain qu’au sortir chaque élection présidentielle, le Président élu ou réélu mette en place une nouvelle équipe gouvernementale. Presque un mois après la validation par le Conseil constitutionnel des résultats de la présidentielle qui ont consacré Macky Sall président de la République, le Sénégal attend la nouvelle équipe gouvernementale qui prendra en charge ses préoccupations d’ici 2024. Le suspense se prolonge encore et flirte avec la tergiversation. La séquence politique parait longue pour les Sénégalais qui ont délibéré démocratiquement depuis le 24 février. On ne compte pas le nombre de balourdises, de manipulations, d’infox et de fake news jetés sur le prochain remaniement. Cette situation donne lieu à toutes sortes de supputations et d’interprétations contradictoires, renforçant la thèse d’un Président en difficulté pour faire son casting gouvernemental.

Il apparait des déclarations du Président lors du dernier Conseil des ministres que le nouveau gouvernement, qui va remplacer Dionne II, sera connu cette semaine. Beaucoup de ministres encore membres du gouvernement actuel s’interrogent déjà sur le sort qui pourrait leur être réservé, dans un contexte marqué par une nouvelle configuration du paysage politique. C’est pourquoi les tractations et manœuvres souterraines de politiciens sont toujours en cours.

Maintenant, il s’agit de gloser sur la composition du prochain gouvernement. Le Président Sall va-t-il procéder à un profond chambardement ou va-t-il vouloir faire du neuf avec du vieux ? Y aura-t-il des changements majeurs ? Occasionnera-t-il le départ de l’actuel Premier ministre Boun Abdallah Dionne ? La réunion d’adieu tenue le 29 mars dernier par le Président au palais par-devers son cabinet laisse croire que des changements abyssaux interviendront lors du prochain gouvernement. Et quels seront les profils ? Experts technocrates, politiciens aguerris ou les deux concomitamment ?

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Les fora vaticinateurs se multiplient et les prophéties font florès. Si certains disent que Macky Sall est sous la coupe de la boulimie des politiciens de sa coalition hétéroclite et des prochaines échéances locales et législatives au point d’éprouver des difficultés à constituer sa liste en toute quiétude, d’autres soutiennent que le chef de l’Etat, n’est obnubilé par aucune pression ré-électoraliste et a, par conséquent, toutes les coudées franches pour former une équipe gouvernementale idoine composée en majorité d’experts, lesquels implémenteront sa vision au cours de ce mandat. Tenant compte de ce qui précède, on en vient à penser que le chef de l’Etat est enchevêtré dans un dilemme cornélien de choisir entre la satisfaction de sa clientèle et de sa parentèle politiques et la nomination des technocrates pétris de compétences, imbus d’expériences et dignes de confiance.

Au sein de l’opinion publique sénégalaise, les attentes demeurent grandes et fortes. Les populations ont réellement besoin d’un gouvernement qui réponde enfin à leurs attentes. Ainsi, le tout prochain nouveau gouvernement devra faire face à plusieurs défis, allant non seulement dans le sens d’améliorer les conditions de vie des Sénégalais, mais d’assurer leur sécurité qui est devenue une nécessité pour asseoir tout développement. Ainsi, ce quinquennat de Macky, placé sous le prisme des grands changements, doit à la fois booster davantage notre croissance économique peu inclusive, résoudre le taux de chômage encore élevé afin de réduire considérablement les inégalités sociales et faire face au terrorisme qui déstabilise la sous-région.  

Le Sénégal traverse une situation difficile avec une crise de confiance entre gouvernants et plusieurs gouvernés et entre acteurs du jeu politique. La dernière présidentielle a laissé ouvertes de profondes divisions tant au niveau ethnico-régionaliste que confrérique. C’est pourquoi, les Sénégalais, soucieux de la préservation de l’unité nationale, veulent que le Président Sall arrête de constituer des gouvernements de nomination exclusivement politicienne ou à prédominance ethnique. En sus, ils s’attendent à ce qu’il mette sur pied un gouvernement resserré avec des ministres compétents et vertueux transcendant les contingences partisanes.

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Un gouvernement n’est point une coalition d’intérêts croisés mais une équipe d’hommes et de femmes compétents et vertueux qui mettent communément en œuvre une vision, un engagement et une volonté à satisfaire les besoins des masses populaires. La politique ne doit pas être un tremplin par excellence ou un ascenseur, permettant à des aventuriers et autres opportunistes plus enclins à l’égocentrisme qu’à l’exaltation de l’intérêt général, de s’enrichir impunément au vu et au su de tout le monde. Des aventuriers et des opportunistes, il en existe bien dans ce gouvernement pléthorique Dionne II composé de 39 ministres.

Un nombre effarant de 39 ministres et une flopée de ministres conseillers –  devenus pour la plupart des tricards de la Présidence – dans un pays de 15 millions d’habitants, est irrationnel et détonne avec les objectifs d’une croissance performante et inclusive. C’est pourquoi, le Président Sall doit éviter, pour rétribuer une clientèle politique inopérante et opportuniste de mettre en place des ministères démembrés sans attributions pertinentes, sans portefeuilles consistants et sans apport important et prégnant à l’économie du pays. En effet, l’inflation des ministères induit une augmentation corrélative des charges de l’État, sans pour autant garantir en retour une plus grande efficacité de l’équipe gouvernementale. Les 14 ministres de plus du gouvernement de Mahammad Boun Abdallah Dionne de 2014 ajoutés au 25 de départ d’Abdoul Mbaye de 2012 n’ont apporté aucune plus-value à l’efficacité gouvernementale.

Enfin, pour plus d’efficacité et de performance, il faut que le Président cesse de contraindre certains experts apolitiques à la politique politicienne. Sous son magistère, des hommes et femmes sans aucun passé politique – en tout cas connu ou reconnu – et qui gèrent des ministères régaliens ont été astreints à se jeter dans la mare politique pour sauvegarder leurs postes et passe-droits. Le fonctionnement régulier de certains ministères ou directions ne s’accommode pas d’une présence accrue de son patron sur le terrain politique. Au sortir de ce septennat mouvementé et raté, il y a lieu d’espérer que le Président, sans faire littéralement abstraction des politiciens, privilégiera les technocrates pour en faire de véritables relais de mise en œuvre de son programme Liggeyal Elëk. Et comme en la matière, ces profils ne se retrouvent pas exclusivement au sein de Bennoo Book Yaakaar, Macky Sall a l’impérieux devoir de s’ouvrir aux personnalités civiles ou politiques hors de son camp.

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Donc, il doit mettre en œuvre un management politique qui consiste à mettre en osmose une confluence de compétences et d’expériences impulsant une vraie dynamique de changement, de travail mais aussi de dialogue et de réconciliation nationale. Et ce qui est juste demandé à ces hommes et femmes de confiance du chef de l’Etat, c’est de faire valoir l’intérêt de la nation placé au-dessus de toute autre considération subjective, d’objectiver une vision transcendantale de l’Etat qui privilégie l’intérêt collectif au détriment du népotisme, du clientélisme, de la partisannerie ou du favoritisme.

sgueye@







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