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Renouveler La RÉflexion Pour Panser L’afrique Qui Vient

« Futanké de sang, sénégalais de hasard mais malien de cœur », Hamidou Anne est un politiste et essayiste sénégalais. Il est l’un des auteurs de la bible « Politisez-vous », et « Panser l’Afrique qui vient » est son premier papier à titre individuel, publié chez Présence Africaine, 25 bis, rue des Ecoles 75005 Paris. Par ailleurs, Hamidou est un énarque, ancien conseiller au ministère des Affaires étrangères et celui de la Culture. Un grand commis de l’Etat. Actuellement, il est doctorant en Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.

L’homme qui se définit comme un Afro-responsable pense que si l’on veut panser les innombrables plaies du continent, il faut sortir des sentiers battus et se tourner vers l’avenir en mettant sur la touche tout discours mielleux et afroptimiste béat symbole de la défaite et du refus d’une renaissance africaine.

Son opus « Panser l’Afrique qui vient » est un cri du cœur, un appel urgent pour insuffler des idées fécondes qui pourront changer la donne afin de sauver ces millions de jeunes diplômés mais désœuvrés que le continent a accouché. Ils sont victimes de mauvaises stratégies politiques orchestrées par la gérontocratie, les politiciens largement corrompus et avides de pouvoir. De Dakar, Ouaga, Bamako, Nairobi, Douala, Alger jusqu’à Tunis la situation de « tous ces jeunes retraités avant d’avoir jamais travaillé » est alarmante. Mohamed Bouazizi diplômé chômeur, jeune vendeur de fruits et de légumes qui s’était immolé par le feu à Sidi Bouzid symbolise parfaitement cette frustration, ce découragement, ce désespoir et cette absence d’objectifs de beaucoup de jeunes. Merci Hamidou pour la dédicace dédiée à ce martyr et « précurseur d’une transfiguration du monde ».

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Mais pour bien panser les plaies ouvertes dans son corps, il faudra penser à un autre médicament autre que la morphine qui n’a qu’une dose euphorisante. Pour y parvenir, seules des actions citoyennes seront nécessaires car elles sont porteuses d’alternatives.

Dans le continent africain, être jeunes est parfois synonyme de crime. Les jeunes sont déconsidérés, peu entendu par leurs aînés sous l’arbre à palabre. Pourtant ils valorisent le respect, l’honnêteté, l’intégrité, la fidélité aux engagements ce qui n’est pas le cas parfois avec les anciens. Certains d’entre eux ont gagné même le trophée du reniement et de la bassesse si nous prenons le champ politique.

Fort de ce constat, la jeunesse doit prendre son destin en main en s’armant de connaissances nécessaires pour faire advenir le changement. Cela dit, elle a l’obligation de s’engager si elle souhaite construire un monde meilleur et plus juste. Elle ne pourra trouver son salut qu’à travers l’engagement politique. En sus de cela, c’est un exercice intellectuel permanent qui lui permettra de faire face à la critique et d’accepter le débat d’idées. En fait, ce don de soi est un excellent canal pour s’ouvrir aux humanités et à la tolérance.

En outre pour panser toujours le continent de la tête jusqu’aux pieds, il est urgent de repenser la puissance publique dans la mesure où c’est elle qui assure la sécurité de ses citoyens, ainsi que l’application des lois et règlements. Pour l’auteur, l’Afrique a besoin d’une puissance publique plus agile gage de sécurité contre l’obscurantisme dont l’unique projet est l’anéantissement de la culture qui est l’élément vital d’une société dynamique. Elle permet à l’homme de s’élever au-dessus de lui-même et de l’extirper de ses propres turpitudes. Pour ce faire comme le stipule Hamidou à la page 44, « il faudrait que nous arrivions à incarner nos gouvernances de culture qui devra être un moyen d’opposition à la racine, dans nos écoles, nos lieux symboliques, nos rues et nos places, au projet terroriste. L’urgence est de revenir au concept senghorien d’enracinement au sein de valeurs endogènes et d’ouverture à l’universel. » Les politiques doivent miser davantage sur la culture pour éclairer la masse des païens. En fait, si cette entreprise est réussie, des fatwas à tout va ne tueront plus d’honnêtes gens à la trempe de l’universitaire sénégalais et transmetteur de connaissances Oumar Sankharé. Il n’a pas échappé à la vindicte populaire à cause d’une absence de culture intellectuelle.

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Les défis sont immenses dans ce continent qui ne fait plus rêver ses fils. « Dans le ventre de l’océan » des maliens, sénégalais, ivoiriens perdent la vie. Ils rêvaient de poser leurs fesses dans les cafés de l’eldorado alors que ce dernier n’est qu’une vaine et charmante utopie. Mamadou Gassama ne représente que 1% des gens qui ont fui leur pays à la quête d’une meilleure vie et qui ont le « bon passeport ». D’ailleurs cette expression m’arrache toujours un rire. Il faut que les dirigeants africains soient à la hauteur des responsabilités qui les incombent. Tout d’abord, il faut redorer le blason de l’école républicaine qui élimine de facto le privilège de la naissance. Ensuite, il faut repenser cette école afin qu’elle ne fabrique plus des chômeurs par manque de compétences.

Ces soins demandent beaucoup de rigueur et pour avoir des résultats satisfaisants, il faudra mettra au frigo la caste des « smarts », à la fois opportunistes et irresponsables. Ils sont l’autre face ignominieuse du système néolibéral. Autrement dit, ils bougent juste pour leur propre intérêt. Leurs soins ne sont pas bons pour panser les blessures qui continuent de charrier des corps.  La seule urgence de l’Afrique est d’être à la hauteur de ses potentialités pour qu’elle puisse penser le monde de demain. Hamidou a bien raison lorsqu’il dit : « il peut inspirer son avenir politique, social, écologique et spirituel. Mais il ne le fera qu’à travers une entreprise de traitement du passé, d’identification du présent et d’érection des architectures du futur. »

Ce faisant, il faut que le continent accomplisse une profonde révolution culturelle si elle veut que sa jeunesse soit maîtresse de son destin.

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Aujourd’hui des « essais politiques » sont produits pour parler du continent, mais quelques pépites seulement émergent, « Panser l’Afrique qui vient » à la chance d’être un éminent membre de ce cercle très restreint.

Ancien élève de l’EBAD/UCAD, Birane Diop est actuellement étudiant en Master « Stratégies informationnelles et documents numériques » à l’Université Jean Moulin Lyon 3







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