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Et Si L’afrique Aimait Ses Dictateurs ?

Et Si L’afrique Aimait Ses Dictateurs ?

Ces dernières semaines ont vu en Algérie, un séisme politique. La prise de la rue par la jeunesse algérienne face au cinquième mandat du président Bouteflika est, à plus d’un titre, un motif d’espérance pour le continent africain. Cette action est la preuve que les peuples sont de moins en moins des troupeaux que l’on peut diriger vers tous les gouffres sans que jamais ils ne se cabrent.

Les jeunes Algériens ont pris leur destin en main et ont décidé de fermer un chapitre de l’histoire de leur pays. Et peu importe si beaucoup prédisaient qu’après Bouteflika, l’Algérie pourrait sombrer dans le chaos. Peu importe le spectre des années de plomb. Le peuple algérien peut désormais aller de l’avant. Une victoire donc, même si aujourd’hui il est encore trop tôt pour en évaluer la portée.

Néanmoins ce triomphe algérien suscite des questions quand on essaie de faire un parallèle avec d’autres mouvements du genre sur le continent africain, qui eux, ont connu des issues moins favorables. On peut légitimement se demander: pourquoi les autres n’arrivent-ils pas à se débarrasser de leurs dirigeants qui s’éternisent au pouvoir?

Si généralement, on avance comme argument pour justifier le long règne de certains dirigeants africains par leur mainmise sur l’appareil sécuritaire, et le contrôle des moyens de répression, cette hypothèse n’explique pas tout. Et, l’idée du “clan” qui contrôle tout le pays au détriment de la grande masse, semble plus un fantasme qu’un reflet de la réalité.

Bien-sûr, une minorité a tous les pouvoirs, mais généralement, le gâteau est partagé entre des élites, elles-mêmes issues de toutes les sphères d’influences (ethnies, congrégations religieuses, groupes socio-professionnels, etc.) qui rythment la vie sociale et politique du pays. La preuve en est que les nominations aux différents postes de pouvoirs dans nos pays tient de l’exercice d’équilibriste. 

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Certes, cette représentativité relative, ne concerne qu’une minorité, mais on ne peut en nier la réalité. D’ailleurs, le président béninois Patrice Talon affirmait avec lucidité et non sans cynisme: « Ce qui fait qu’un président de la République obtient un deuxième mandat, ce n’est pas son bilan. C’est la manière dont il tient le pays, c’est la manière dont il tient les grands électeurs, les faiseurs d’opinion ; c’est la manière dont il empêche la compétition.»

En outre, il faut croire que parfois, les peuples eux-mêmes, font l’option de la continuité avec des pouvoirs qu’on peut rapidement qualifier de « dictatures » ou même de « démocratures ».

L’argument du « moi ou le chaos » a cimenté plus d’un pouvoir en Afrique. A cet titre, la Libye post-Khadafi est devenue, pour le continent, l’exemple à ne pas imiter. Il est vrai que si on demandait aux citoyens lambdas s’ils préférent les systèmes autoritaires qui prévalent actuellement dans certains pays, à un autre plus représentatif, les partisans de la démocratie, ils crieraient « non » d’un air scandalisé. Et à plusieurs reprises des pays africains ont donné la preuve que les populations pouvaient faire tomber des régimes dont elles ne voulaient plus.

Dans le même temps, le Mobutisme, cette religion qui ressurgit en République démocratique du Congo, peut laisser songeur. En outre le sous-jacent psychologique de la fascination exercée sur bien des Africains par un Paul Kagame, souvent décrié sur le terrain de la démocratie et des droits de l’homme, parle mieux que beaucoup de discours pro-démocratie.

Pour comprendre ce qui coince, il faut aussi garder à l’esprit que la démocratie est, à l’échelle de l’histoire humaine, une idée toute neuve, à peine vieille de deux siècles et demi. En Afrique, sauf de très rares exceptions, elle n’a même pas encore trente ans. Les populations ne connaissent qu’un parti ou deux, et quelques personnalités, les mêmes, qui animent la vie politique de leur pays depuis des décennies.

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Près de 8 ans après la crise la plus sanglante de son histoire, la Côte d’Ivoire pourrait revoir s’affronter dans un processus électoral, les mêmes candidats qu’en 2011. Les leçons se tirent d’elles-mêmes et on se demande si, finalement, cette révolte de la jeunesse algérienne dont on ne connaît pas encore l’issue, ne vient pas surtout donner raison au président Paul Biya qui affirmait, non sans humour, face à François Hollande: «Ne dure pas au pouvoir qui veut. Mais dure qui peut.»







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