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Djihadisme Et Chienlit Ethnique

Djihadisme Et Chienlit Ethnique

Moins d’une dizaine de jours après les affrontements intercommunautaires d’Ogossagou le 23 mars dernier au Mali où une milice d’autodéfense dogon a été accusée d’avoir massacré 160 peuls, le même scénario s’est reproduit au Burkina Faso voisin le 31 mars dans la localité d’Arbinda, plus précisément au village d’Hamkan (province du Soum). Bilan : 62 morts dont 32 par les djihadistes et 30 à cause des affrontements qui s’en sont suivis entre peuls, mossis et koroumbas. Aujourd’hui, toute cette partie nord de la Patrie des hommes intègres est devenue un endroit où l’entente entre les ethnies se désintègre.

La paix et l’entente, ayant naguère régné entre elles, ont cédé maintenant le pas à une suspicion généralisée et des villages entiers se dépeuplent pour fuir les violences. Les greniers incendiés et le bétail tué menacent les survivants de famine aggravée par la cessation des activités agricoles. La communauté peule, qui compte le plus grand nombre de victimes dans les affrontements intercommunautaires au Mali et au Burkina Faso, doit certainement maudire deux des leurs, Malam Dicko, un djihadiste burkinabe, chef d’Ansaroul Islam, tué en mai 2017, et Amadou Koufa, un djihadiste malien, chef de la katiba du Macina, rallié au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans d’Iyad Ag Ghali, un touareg malien, affilié à Al Qaïda, à Aqmi et aux Talibans.

En effet, le 8 novembre 2018, Koufa a appelé les peuls de la sous-région à l’insurrection et au djihad. Depuis lors, les soupçons pèsent davantage sur cette communauté accusée de complicité avec les terroristes à chaque fois que de prétendues attaques djihadistes touchent les autres ethnies. Pourtant, on trouve toutes les ethnies dans ce maelstrom djihadiste. Le cycle des attaques-représailles a commencé à ensanglanter le Mali avant d’atteindre maintenant le Burkina Faso quand, en janvier dernier, à Yirgou (au centre-nord), des affrontements intercommunautaires firent 48 morts, presque tous des peuls, après l’assassinat d’un chef mossi et de son fils.

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Une milice mossi, les Koglweogos, est accusée d’être l’auteure du massacre. Depuis la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014, le tacite pacte de non-agression, qui existait entre les djihadistes et ce dernier, est devenu caduc. Qui plus est, les groupes terroristes ont enregistré le ralliement de soldats burkinabé radiés en 2011 ou compromis dans le coup d’Etat du général Gilbert Diendéré en septembre 2015. Comme au Mali, les autorités burkinabé se semblent pas avoir trouvé, pour l’instant, la parade car tout le nord du pays est maintenant sous l’influence des groupes djihadistes qui intimident les populations pour les amener à pratiquer un islam strict. Rien qu’en 2018, 200 attaques terroristes ont été recensées dans ce pays dont beaucoup étaient dirigées contre les forces de défense et de sécurité. Depuis les forêts de l’est du pays, des djihadistes tentent de s’implanter dans cette zone du Sahel. Les risques d’une plus large contamination dans notre sous-région ne sont pas à négliger car les djihadistes portent leurs attaques de manière à les faire endosser à une ethnie et susciter des représailles. Et puisque les peuls sont présents dans plus d’une dizaine de pays africains, les djihadistes cherchent ainsi à provoquer un embrasement de toute l’Afrique de l’Ouest et même jusqu’au centre du continent.

Pour contrecarrer leurs visées, il faut donc en plus d’un meilleur maillage territorial par les forces de l’ordre et l’administration, plus de développement économique, une étroite collaboration entre les appareils sécuritaires des Etats dans la coordination et les échanges d’informations et beaucoup de sensibilisation et de médiation entre les différentes communautés… Le G5 Sahel dont on attendait beaucoup connaît un retard à l’allumage avec un trop faible effectif (5 000 hommes) et l’insuffisance des moyens qui lui sont alloués ne lui permet pas une présence visible et dissuasive sur un terrain dont le premier défi est l’immensité. Quant à la France, elle maintient un dispositif militaire au Sahel, mais comme l’a reconnu Florence Parly, la ministre française des Armées, « si elle reste seulement militaire, l’action est une goutte d’eau versée sur le sable du désert »

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