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Les Maux CongÉnitaux De Macky Ii

Les Maux CongÉnitaux De Macky Ii

La première mesure phare du régime Macky 2 est étrange, surprenante, déconcertante et enfin décevante : alors que le premier message lancé par le Président élu Macky Sall, après la proclamation officielle des résultats, tendait à apaiser et à rassembler autour de l’essentiel par un « dialogue inclusif », l’annonce de sa décision unilatérale de supprimer le poste de Premier Ministre aura causé l’équivalent d’un séisme de magnitude 5 sur l’échelle de Richter, dans la conscience républicaine et les bonnes mœurs politiques de notre pays. Une secousse telle que, les cinq années de son dernier mandat ne suffiront  pas pour en amortir les ondes de choc. Entre temps, une nouvelle campagne électorale aura déjà démarré avec son lot de promesses oubliées…

Alors, la question qui se pose est la suivante : est-il raisonnable, alors qu’il ne lui reste que cinq années de mandat, d’engager le pays tout entier dans une remise en cause aussi profonde des Institutions sans un consensus fort avec les différents segments de la Nation ? Alors même que des urgences d’une acuité indescriptible tenaillent notre peuple ? Un peuple dont la résilience défie toutes les lois de la logique. Certes. Mais il ne faut pas tenter le diable non plus !

Qui prend la mesure des bouleversements et tiraillements qui vont intervenir pendant et après la prise des décrets de répartition des services de l’Etat ? Querelles de préséance et d’appétits grandissant à la vue du gâteau ? Qui appréhende le temps qu’il faut pour mettre en place et huiler les automatismes entre les différentes structures en charge de tel ou tel projet ? Pendant ce temps-là, la mise en œuvre de programmes importants pourrait-être ralentie, sinon arrêtée, en raison d’un leadership flou, mal défini ou… indéfini. Sans compter qu’à la faveur du désordre, les pêcheurs en eaux troubles pourraient s’en donner à cœur joie pour détourner, planquer et distraire des ressources de leur destination normale. Il faudra deux ans pour y voir clair si tant est que la volonté y soit… En cas d’embrouilles, il faudra envoyer les inspections qui vont rédiger des rapports longs comme un jour sans pain, ensuite interpeller les coupables à la carte, et les attraire devant les Cours et Tribunaux si les dossiers ne finissent pas sous le coude… Pour dire que le « fast track » qui ne signifie, au fond, « qu’accélérer la cadence » et dont les droits d’auteurs appartiennent à Aminata Touré, Ancien Premier Ministre, risque de sombrer dans un grand fracas d’incompétences et de susceptibilités sur fond de guerres de positionnement pour l’après Macky. Ce pays unique, où la réalité dépasse souvent la fiction, c’est le Sénégal, défiguré par des années de médiocratie et d’impunité …

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Puisque le tableau à venir est si sombre, il y a lieu de se demander quel est l’objectif poursuivi par le Président Macky Sall à travers cette annonce et la mise en scène de la gestation douloureuse du gouvernement. Deux remarques dans la forme : jusqu’ici personne n’a entendu sortir de la bouche du Président de la République, la décision de supprimer le poste de Premier Ministre. Décision qui aurait dû, pour le moins, être annoncée dans le message a la Nation du 03 avril 2019. C’est à l’élu de s’adresser au pays dans les moments graves ou à l’occasion de prise de décisions aux conséquences lourdes.

Deuxième remarque dans la communication supposée devenir directe, le Premier Ministre, Secrétaire Général de la Présidence de la République et le Secrétaire Général du Gouvernement sont les porte-voix de Macky 2… la distance se creuse.

Dans ces conditions, il va falloir nous exercer à échafauder des hypothèses. Quelques invraisemblables qu’elles puissent paraître, il faut réfléchir et surtout agir vite !

Hypothèse une : faire oublier le dialogue promis, créer des conditions suffisamment traumatiques pour annihiler les effets du livre blanc promis par l’opposition qui tarde à reconnaître la légitimité du Président élu. Bref détourner les attentions…  « Faire naître une affaire dans l’affaire et au besoin une autre dans l’affaire et ainsi de suite pour faire oublier la vraie affaire » est une méthode usitée en politique. Plus c’est gros, et plus ça passe généralement.

Hypothèse deux : le Président Sall n’est pas satisfait de son Premier Ministre M. Dionne. Il pousse la torture au point de l’envoyer à l’échafaud se passer la corde au cou, lui-même et avec le sourire. Car, expliquer la suppression de son poste par la nécessité de rapprocher le Président de ses ministres pour une meilleure productivité et l’accélération de la mise en œuvre des programmes. Cela veut dire que le Premier Ministre Dionne constitue un goulot d’étranglement, depuis des années. Il fallait juste le changer, pourtant ! Pour aller vite…fast tracking.

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Hypothèse trois : le Président Sall veut tester, à l’entame de son dernier mandat, jusqu’où il peut pousser le bouchon, le plus loin possible… Dans l’hypothèse où sa réforme passe toutes les étapes sans aucune résistance et comme lettre à la poste, l’éventualité d’un troisième mandat commence à devenir envisageable, puis plausible. Puis possible. Puis faisable. Et puis… 

Hypothèse quatre : le Président prend ses distances avec ses alliés et sa coalition du premier mandat. Il va les laisser aller aux locales et aux législatives  sans son implication personnelle, la nouvelle nature du régime va lui faciliter la tâche. Il aura le loisir de se reconstruire une nouvelle majorité de souteneurs présidentiels à la lecture des résultats qui sortiront des urnes. Il anticipe donc sur une défaite possible de son camp comme le laisse prévoir la dynamique baissière des scrutins équivalents passés.

Ce qui se joue dans tous les cas de figure, c’est l’avenir de nos enfants. Le Sénégal n’est pas une principauté. Depuis 59 ans, des générations d’hommes et de femmes ont posé, avec plus ou moins de bonheur, une brique après l’autre, pour mettre en place un système de conquête et de transmission du pouvoir respectueux des normes généralement admises comme étant démocratiques. Allons-nous assister sans réagir à une remise en cause de l’esprit et de la lettre de nos institutions ? Juste pour les intérêts d’un homme ou de ceux de son clan ?

Nous sommes tous interpellés !

Enfin, avez-vous remarqué que le TER inauguré en grandes pompes durant la campagne électorale est au parking depuis ? Je suis presque en voie de gagner le pari qu’il ne sera pas ouvert au public avant 2020 et des poussières ! Je ne parle pas des dégâts collatéraux sur le cadre de vie des quartiers impactés. Au moins maintenant on saura que c’est le Président, et lui seul, qui en sera responsable ! De toutes les façons, si sept ans sont passés si vite, que reste t-il déjà  de cinq ans ?

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