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Un Monument De La Presse S’effondre

Un Monument De La Presse S’effondre

Un monde où chacun aura gardé un petit souvenir qui le lie au défunt. Un souvenir enfoui au plus profond de sa mémoire comme un trésor précieux que l’on lèguera à la postérité.

Les morts ne sont pas morts, disait Birago Diop. Oui Momar Seyni Ndiaye ne peut pas mourir en nous. Il ne peut tout simplement pas mourir. Je me vois dans ce monde autant à la morgue de l’hôpital le Dantec, à la mosquée de Colobane, le quartier de son enfance, qu’au cimetière de Yoff suivant silencieux dans la longue file qui marche, le corps de ce monument conduit vers le repos éternel. Friand de nouvelles en tant que journaliste, on raffole de l’information tragique et sensible qui peut faire la Une ou un appel à la Une. Lorsque cette info tragique ne concerne que les autres, cela se range dans notre catalogue de routine de journalistes toujours à la quête du scoop pour devancer les autres. Cependant, lorsque cette information nous concerne personnellement, elle dépasse le cadre du sensationnel pour prendre la tournure d’un drame personnel, et nous fait oublier qu’au-delà du journaliste, c’est l’humain qui est rattrapé par les événements de la vie. le décès subit, foudroyant de Momar Seyni Ndiaye hier à l’hôpital le Dantec trahit notre faiblesse face au décret divin imparable. Un monument de la presse s’est effondré.

Eh oui, Momar Seyni Ndiaye que certainement ses anciens collègues du Soleil où il a fait l’essentiel de sa carrière après sa sortie du Cesti, l’école de journalisme de Dakar, puis peut-être ses collègues de la Sones où il a longtemps occupé le poste de directeur de la communication et certains des doyens comme Mamadou Oumar Ndiaye, mon patron du Témoin sont mieux placés que moi pour parler de l’homme. Mais permettez-moi de raconter mon Momar Seyni Ndiaye qui a été à la base de ma venue au Témoin devenu quotidien en janvier 2015 pour l’épauler au niveau de la jeune rédaction.

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Il s’était ouvert d’un tel besoin auprès du maître de conférences Moustapha Samb, enseignant au Cesti. C’est ce dernier qui m’avait contacté pour me mettre en rapport avec celui qui deviendra mon directeur de Publication. Une complicité dans le travail venait de naître puisqu’il disait que tout le travail d’animation et de coordination de la rédaction m’incombait. Très tôt, peut-être son parcours harassant d’un très grand professionnel en était à la base, mais il s’était effacé dans la gestion et l’animation de la rédaction à mon profit. sa posture était juste de superviser notre travail puisque l’essentiel de l’équipe du quotidien est issue de son recrutement suite à la confiance que lui avaient accordé les deux dirigeants supérieurs Mamadou Oumar Ndiaye et Abdoulaye Bamba Diallo. Le défi était redoutable parce qu’il fallait rapidement que le Témoin longtemps hebdomadaire devenu quotidien en septembre 2014 puisse se positionner dans un secteur de quotidiens à 100 francs très rapidement. Un tel challenge contribuera à installer une certaine tension puisqu’il fallait faire autrement le journalisme pour mettre sur le marché un produit qui réponde à la fois de cette tradition caustique et fringante du Témoin hebdomadaire. Par conséquent, le Témoin quotidien se devait de se battre pour ne pas être devancé par les autres.

Ainsi, il arrivait des moments où l’homme était invivable surtout lorsqu’il jugeait que le contenu à présenter au PdG Mamadou Oumar Ndiaye pour les titres de la Une n’était pas fameux. la fureur de l’homme tombait sur son rédacteur en chef qui acceptait d’encaisser les couleuvres en promettant de se surpasser le lendemain. la fureur de l’homme ne m’épargnait guère lorsque le monteur principal Assane Fall assisté du doyen Mansour Kébé commettait une bourde dans l’édition. Alors, bonjour les dégâts lorsque son numéro s’affichait. Mon petit-déjeuner était foutu parce qu’en terminant avec Momar Seyni, on était anéanti et on avait l’appétit coupé. Ce côté orageux de l’homme n’en cache pas sa dimension humaine faite de générosité, de disponibilité. C’était un homme entier qui n’hésitait guère à poser des actes de bonté à l’endroit de ses confrères, collaborateurs et le premier venu tout court. Dans son esprit, le bien devait le pas prendre sur le mal, la générosité sur le reste. Oui Momar Seyni, il n’est pas possible d’oublier et nous n’avons pas le droit d’oublier. D’ailleurs, j’ai continué à l’appeler « directeur » malgré son départ du quotidien. Il trouvait mon comportement à son endroit magnifique. Repose en paix mon grand. Vous avez marqué la presse sénégalaise. Que le bon dieu vous accueille au Paradis !

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