Quoi qu’aient conclu les nombreux analystes ayant décortiqué sous tous les angles la composition du gouvernement de l’ère Macky II, et surtout les récentes déclarations du Président nouvellement réélu, personne n’a encore exprimé de désaccord ni sur le diagnostic récemment posé par le chef de l’Etat ni sur ses propositions de remède. En effet lors de sa prestation de serment d’abord, dans son message du 3 avril ensuite, le président de la République a entre autres évoqué pour les regretter
l’incivisme ambiant faisant le lit partout dans le pays, de dysfonctionnements dans les services de l’Administration, et de l’anarchie dans l’occupation des espaces et dans la circulation routière, pour ne parler que de ces maux si néfastes,
l’encombrement et la malpropreté qui en découlent, aussi bien dans nos faubourgs que dans nos villes, le long des rues et avenues, et autour des marchés,
le cumul des fonctions, source d’insuffisance des performances attendues de responsables d’envergure, et par voie de conséquence, de retards et de malfaçon dans l’exécution des projets et programmes, pour dire le moins.
Comme il fallait s’y attendre, des voix se sont élevées suite à ces déclarations. Celles favorables au pouvoir évidemment ont loué la clairvoyance de leur leader qu’ils ont assuré de leur total assentiment. En face, du côté de l’opposition, dans le pire des cas, l’on s’est dit sceptique quant à la sincérité des propos, évoquant des «wax-waxxet» du passé. Si une telle posture peut se comprendre selon certains, pour d’autres elle n’est pas la seule possible ainsi qu’on peut le voir dans la suite.
Le Président Sall est élu pour cinq ans. Et l’opposition, quoi qu’elle pense ou dise, n’a pas objectivement les moyens de réaliser immédiatement son vœu de balayer le régime. Dès lors, le réalisme voudrait qu’elle poursuive patiemment le développement de ses forces, mais en évitant les attitudes nihilistes. D’autant qu’il est plus payant pour tout le monde de prendre au mot le Président, une très large majorité des Sénégalais étant en phase, et avec les constats, et avec la thérapie préconisée, ainsi qu’il apparaît à travers les émissions interactives par exemple. Il n’y a donc aucun mal pour l’opposition à apprécier positivement ce que le commun des Sénégalais accepte. Au contraire, cela peut lui attirer respect et sympathie.
Mieux, certains secteurs de la société civile devraient pouvoir prendre en charge certains aspects des propositions du Président par rapport auxquels ils ont eu à initier des actions salutaires. En effet, les Moustarchidines se sont souvent illustrés par des actes civiques louables, en laissant immaculés les lieux ayant abrité leurs manifestations. Les supporters des Lions qui les ont imités lors de la Coupe du monde ont rendu fier plus d’un Sénégalais. De même, le mouvement Y’en a marre, dans ses œuvres, a séduit ceux qui ont suivi autant les opérations de sensibilisation à la citoyenneté organisées dans Guédiawaye et autres banlieues, que les rencontres d’échanges entre maires et populations de Thiès, Linguère, Kédougou, etc., dans des exercices tangibles d’implication des populations à l’élaboration des budgets et de contrôle citoyen de l’action publique.
Au vu de tout cela, le gouvernement, fort des intentions exprimées par le chef de l’Etat, et ces organisations de la société civile, vu leurs options et expériences concrètes, gagneraient sans attendre à nouer un partenariat qui ne peut être que bénéfique pour le pays.
Quant aux partisans du Président, il est évident qu’ils doivent, aux doutes de l’opposition, répondre par une adhésion au choix de leur patron, mais qui aille au-delà des proclamations et autres déclamations enthousiastes. C’est d’actes qu’il s’agit, et sans tarder. Ne serait-ce que sur la question de la suppression annoncée du cumul de fonctions, en attendant que soient prises les mesures institutionnelles nécessitant lois et/ou décrets, rien n’empêche l’anticipation politique de la part de certains responsables : des députés-maires, ou des maires-ministres pourraient – devraient, devrait-t-on dire – s’alléger de l’une de leurs fonctions pour annoncer la couleur. Il n’y a pas de doute que cela mettrait le Président à l’aise.
Il faut conclure. Mettre à l’aise le Président, lui enlever toute contrainte susceptible de l’empêcher de faire ce qu’il dit, c’est un devoir de tout souteneur sincère. En l’occurrence, pourquoi Monsieur Cheikh Omar Hanne ne démissionne-t-il pas, sa nomination dans le gouvernement ayant soulevé tout ce tollé dont on suppose facilement qu’il indispose le Président ?
Ibrahima SOW