La plupart des chaînes de télévision d’Afrique ont transmis en direct le tirage au sort de la phase finale de la prochaine Coupe d’Afrique des nations (Can), prévue en Egypte, en prélude à cette grand’messe qui est inscrite en gros caractères dans l’agenda de la Confédération africaine de football (Caf). En juin, sera donné le coup de sifflet de la phase finale. Nous Africains, avons du mal à apprécier le gros business qu’il y a autour de la Can (droits télé, publicité, ventes de postes, abonnement aux bouquets, etc.). Le business dans cette affaire tourne autour des droits télé, qui rapportaient à la Caf 2,492 milliards de FCfa jusqu’en 2008, selon Forbes Afrique. Mais, de 2010 à 2015, l’instance continentale a engrangé plus de 21 milliards de FCfa par édition, d’après Sports marketing. C’est loin, le temps où la compétition était snobée par les grandes chaînes mondiales.
Le groupe Canal +, bien présent en Afrique, était descendu sur ce terrain en mettant sur la table 2,7 millions d’euros à chaque édition (Can 2013 et 2014), rien que pour avoir la quasi-totalité des droits télé du foot africain, de 2013 à 2016. Canal + avait trouvé un accord avec la Caf et Lagardère Sports, en décembre 2016, relatif aux droits de diffusion des plus prestigieuses compétitions officielles organisées par la Caf (équipes nationales et clubs). A compter de janvier 2017, le groupe diffuse le foot africain sur ses chaînes présentes en Afrique francophone pour sept ans. Alors que BeIn a le monopole en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. En septembre 2016, la chaîne qatarie s’allie avec Eurosport pour vendre les droits de retransmission des éditions de 2017 et 2019 à 600.000 dollars aux télés africaines. On se rappelle, des grincements de dents s’étaient fait entendre, certains accusant la chaîne de revendre ces droits à un prix élevé.
Dans cette histoire de sous, on note, malheureusement, le peu de poids de l’Afrique dans un business qu’elle a créé. En effet, les plus riches achètent pour revendre aux chaînes du continent. Au risque d’être privées de la compétition. Et cela est survenu en 2015, lorsque les Algériens (qui participaient pourtant à la Can) avaient été sevrés d’images suite à l’échec des négociations entre BeIn Sports, détentrice des droits à l’époque, et l’Etablissement national de télévision (Entv).
Guinéens et Egyptiens avaient aussi raté quelques matches de leurs équipes lors de l’édition 2015. C’est qu’entre temps, l’acquisition des droits de retransmission est de plus en plus hors de portée des chaînes africaines. Esprit d’équipe, un journal camerounais, dénonçait cette situation, s’indignant que la Crtv débourse 500 millions de FCfa en 2011, 750 millions en 2013 et 898 millions pour l’édition de 2015, soit plus de 2,1 milliards de FCfa. L’Union africaine de radiodiffusion (Uar) avait dénoncé un paradoxe : les images de la Coupe du monde, avec pas plus de 400 millions de FCfa, coûtent moins cher que celles de la Can aux chaînes africaines. Lasse de subir la boulimie financière des poids lourds de l’audiovisuel, l’Uar avait tapé sur la table, au cours d’un forum à Dakar en mai 2016, pour dénoncer le tandem Caf-Lagardère, « la dérive mercantiliste des droits de retransmission dont les montants exigibles s’accroissent de manière exponentielle au fil des éditions ». Le feu a été éteint grâce à un accord-cadre signé le 8 novembre 2016 avec Lagardère allant de 2016 à 2018. Cet accord, se réjouissait Grégoire Ndjaka, président de l’Uar, devrait permettre aux chaînes africaines de réaliser 2,9 milliards de FCfa de bénéfice par rapport à la première proposition de Lagardère. On ignore pourquoi, mais en février dernier, la Caf a lancé un appel d’offres pour les droits Tv (Can 2019 et aussi 2021, 2023, y compris les éliminatoires et les autres compétitions) en terrestre gratuit pour la zone subsaharienne.
A la surprise de tous, puisque Lagardère Sports détient les droits marketing et médias des compétitions de la Caf jusqu’en 2028. Selon des sources proches du dossier, une main obscure au cœur de l’instance du football continental manœuvrerait pour « faire passer le dossier d’un soumissionnaire avec lequel » le présumé faussaire serait en « affaires », fait savoir Apanews. Cette combine, ajoute notre confrère, dont le principal inspirateur, bien connu, du monde des médias et du football africain pour avoir, pendant de nombreuses années, contrôlé les droits de diffusion télé de la compétition africaine, retarde l’ouverture, des plis pour l’attribution des droits, dit-on. Espérons que tout se passera dans la transparence, pour l’intérêt des Africains férus de foot.