En 1963, le Président Senghor, tirant les leçons sur les risques et les conséquences d’un bicéphalisme au sommet de l’Exécutif, a fait adopter par référendum une Constitution qui met le Président de la République à l’abri de toute éventualité d’obstruction à sa volonté.
En 1983, le Président Diouf, face à des barons puissants qui remettaient en cause sa légitimité et constituaient une menace pour son pouvoir, procède pour la deuxième fois dans l’histoire du Sénégal à la suppression du poste de Premier Ministre pour tenir tous les pouvoirs entre ses mains et être lui-même au front en vue faire face efficacement aux frondeurs et aux contestataires de son autorité.
La troisième suppression pourrait intervenir en 2019, sur décision du Président Sall, nouvellement élu pour son second et dernier mandat, au motif qu’il vise la rapidité et l’efficacité dans l’action de l’Exécutif. Si en 1963 et 1983, les enjeux étaient liés à la consolidation et au renforcement des pouvoirs du Président de la République en éliminant toute possibilité de remise en cause de son pouvoir, la réforme envisagée par le Président de la République semble motivée par une volonté d’anticipation sur : La lutte pour le dauphinat
L’instabilité qui découlerait d’une probable cohabitation suite aux prochaines législatives. Il n’est pas évident que le changement envisagé soit une solution à ces préoccupations. C’est pourquoi, j’estime que, le Président ayant lancé un appel aux forces vives pour un dialogue national, devrait par souci de logique et de cohérence inscrire cette question dans la liste des points à discuter. Il lui reviendra alors, suite aux concertations, de procéder à un arbitrage. Une telle démarche d’inclusion est un des défis que le Président de la République devrait relever pour ce mandat. La démocratie et la décrispation y gagneraient beaucoup.
Déthié FAYE est Président de la C.D.R/ Fonk Sa Kaddu