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Quand Macky AchÈte Le Vote De Ses DÉputÉs

La confiance ne règne sans doute pas entre le chef de l’Etat et sa majorité parlementaire. Ou alors, il doute du coup de Jarnac que « sa » majorité pourrait réserver à son projet de loi supprimant (entre autres) le poste de Premier ministre. Sinon, pourquoi diantre offrirait-il à chacun d’entre eux un million, une brique, une patate ? Acheter la confiance de sa majorité, n’est-ce pas le signe d’une faiblesse institutionnelle ?

Dans son édition du Jeudi 18 Avril, le quotidien l’As annonce dans « l’oreille » de sa « Une » : « Macky offre un million à chaque député de Benno ». En page rubrique des « Piques », le journaliste et le journal prennent leur pied en écrivant dans une grande jouissance : « les députés membres de Benno Bokk Yakaar reçus avant hier par le chef de l’Etat sont rentrés tout joyeux. Non seulement ils ont pu revoir leur candidat qui les a chaleureusement félicités pour leur apport dans sa réélection, mais ils sont rentrés plein aux as. Eh oui, en plus des billets pour le pèlerinage aux lieux saints de l’Islam qui leur ont été octroyés, les parlementaires ont reçu chacun une brique. Et le journal, toujours émerveillé d’assener : « un beau pactole qui devrait leur permettre d’accélérer la cadence pour adopter le projet de réforme constitutionnelle…. ».

Ne croyant pas à ce j’ai lu (même si je connais la rigueur des journalistes de l’As), j’ai attendu presque une semaine pour voir un démenti de la Présidence ou de l’auguste Assemblée. Nada ! Tous ! Juste un fluet cri du très vitaminé et activiste Babacar Diop. Pour le reste, c’est l’omerta. L’opposition parlementaire dont les leaders ne sont toujours pas sortis de leur coma post-électoral nous la joue sourde, muette, aveugle. Comme si la corruption, surtout d’élus, par le premier d’entre-nous, était d’une banalité très sénégalaise qui ne mérite plus un hoquet d’indignation.

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Nous aurions donc perdu jusqu’au plus petit des souffles d’indignation. Nous trouvons donc normal que le président de « tous les Sénégalais » achète le vote des plus nantis et des mieux logés d’entre tous, dans la plus normalité du monde. Et cela, la veille de la journée des talibés, les plus nécessiteux de notre société, qui ont le plus besoin d’aide et de soutien pour échapper aux violences, viols à l’occasion, exploitation à coup sûr, de faux marabouts qui seraient mieux dans nos prisons que certains dits délinquants. Je n’ai pas entendu les « défenseurs » de ses victimes dire au Président que « ces milliards offerts aux députés auraient trouvé meilleur usage dans les daaras et autres lieux de formation, d’instruction et de socialisation de nos enfants que nous regardons se « caïdiser » dans nos rues.

Aucun député de l’opposition n’a crû bon demander des comptes à leurs homologues « achetés ». Aucun parti politique de l’opposition n’a élevé la moindre protestation, fait montre de la moindre indignation face à l’indignité des largesses présidentielles !

Personne n’a pensé dire au président que cet argent (environ 120-130 millions de FCFA) auraient été plus utiles aux maires de nos villes, communes, communautés rurales pour son projet de « quartiers et villes zéro déchets » !

Mais, nom de Dieu ! Les députés ne sont pas les plus à plaindre de ce pays. Des salaires compris entre une brique de trois selon sa station, dotation de carburant, véhicule et chauffeur, prise en charge des factures de téléphone et autres dépenses que les citoyens mortels s’acquittent au risque de subir les foudres de ces organismes.

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Nous avons donc élu ces députés-là. Supposés être des « représentants du peuple » ! Mon œil ! Nous avons crû ce président quand il a dit après sa réélection aller en guerre contre les abus et autres dérives de sa gouvernance, de notre société.

Ce silence généralisé est la marque d’une démission collective, d’une faute collective, d’une complicité collective. Oui nous sommes tous coupables des errances et dérives de nos gouvernants.

Mais il ne faut pas être naïf. Quand des députés votent les pleins pouvoirs pour l’Exécutif ; quand ils lui accordent une caisse « noire », « secrète » sans obligation de contrôle et de compte, pourquoi refuseraient-ils le retour d’ascenseur comme prix de leur forfaiture ? 

Aucun corps de contrôle ne peut donc dire leurs faits au Président et aux députés. Aucune ONG qui prétend œuvrer pour la bonne gouvernance et les bonnes mœurs politiques pour dire son indignation !

C’est donc cela un quinquennat « fast-track » ? La cadence accélérée de la dégradation des valeurs de la République.

dndiaye@







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