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L’arme Du PÉtrole

Cette fois encore, pour faire plier l’Iran, les Etats-Unis ont décidé, lundi dernier, de mettre fin, à partir du 2 mai prochain, aux exemptions qui permettent à quelques pays (Chine, Inde, Corée du Sud, Japon, Turquie, Grèce, Taïwan et Italie) d’acheter encore le pétrole iranien. L’objectif de la Maison Blanche : « porter à zéro les exportations » de brut de Téhéran, un pays à l’économie dépendante de l’or noir.

La fin des dérogations est la suite des sanctions de Washington contre Téhéran après le retrait américain de l’accord international sur le nucléaire iranien de 2015. Dans son bras de fer avec l’Iran, le président américain compte surtout asphyxier ce pays à l’économie très dépendante de ses ressources en hydrocarbures. Avec le secret espoir de pousser le peuple iranien dans la rue pour venir à bout du régime des Ayatollahs. L’énergie, c’est le nerf de l’économie mondiale, une redoutable arme pour faire plier un adversaire. On se rappelle la guerre du Kippour de 1973, lorsque les pays arabes producteurs ont imposé un embargo pétrolier contre les pays soutenant Israël, et décidé eux-mêmes (et non plus les compagnies occidentales) de fixer les prix qui ont été multipliés par quatre en quelques semaines. Le monde venait de prendre conscience que l’arme du pétrole pouvait faire très mal.

L’arme du pétrole peut être utilisée aussi contre un producteur en lui fermant le marché international, comme c’est le cas avec l’Iran, ou en inondant celui-ci pour obtenir une baisse des cours. L’économie vénézuélienne, un pays dépendant de l’or noir, est à genoux depuis l’instauration de sanctions de la part des Etats-Unis déterminés à en finir avec le régime de Nicolas Maduro. La chute vertigineuse de 115 à 40 dollars du baril en 2015-2016 avec l’abondance du gaz de schiste américain et la hausse de production de l’Opep en 2015- 2016 avait incommodé les économies russes et iraniennes, les experts accusant Saoudiens et Américains de se servir du pétrole contre leurs adversaires. Cette fois, dans sa stratégie contre l’Iran, les Etats-Unis comptent beaucoup sur leur allié saoudien. D’ailleurs, Riyad s’est dit prêt à stabiliser le marché et l’Irak est dans les dispositions d’exporter 250.000 barils supplémentaires pour le même but.

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En réalité, Washington n’a pas accordé des dérogations à ces huit pays susmentionnés pour leurs beaux yeux, mais pour éviter une hausse des prix sur le marché qui serait sevré du brut iranien, synonyme de baisse de l’offre. Gare aux récalcitrants, prévient le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo : « Si vous ne respectez pas cela, il y aura des sanctions ». Une décision qui n’a pas du tout plu aux concernés, surtout à la Chine, qui représente, avec l’Inde, le tiers des capacités de production de l’Iran, soit un million de barils par jour. En voulant priver la Chine d’un de ses principaux fournisseurs, les Américains risquent de jeter de l’huile sur le feu dans leur guerre commerciale contre ce pays. Et puis, l’autre risque, c’est la flambée des prix, le marché étant très sensible à tout ce qui touche le Moyen-Orient.

Les cours du brent de la mer du Nord, référence du marché mondial, ont évolué à +2,75 % à 73,95 dollars le baril lundi dernier, après qu’il a atteint auparavant 74,3 dollars, soit la plus forte hausse depuis novembre 2018. Il n’est pas sûr que les cours baissent de sitôt à cause des incertitudes sur la Libye qui a renoué avec les démons de la violence. Ce serait au grand désespoir de Trump qui a toujours fustigé la cherté du baril. Mais un baril plus cher ferait aussi les affaires des Etats-Unis qui sont revenus sur le marché en tant que producteur. Selon l’Agence internationale de l’énergie (Aie), les Américaines devraient atteindre leur indépendance énergétique vers 2020 et pourraient donc se passer de l’or noir des pays du Golfe. L’agence s’attend même à ce que les Etats-Unis deviennent des exportateurs nets d’hydrocarbures d’ici à 2030. Pour le moment, ils se servent bien de cette ressource pour affaiblir Téhéran. Mais, tout comme ses cours à la bourse, le pétrole, c’est toujours l’incertitude et une arme à double tranchant

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