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Menaces De Publicitaires Sur La DÉontologie De La Presse

Quand les chartes de déontologie prohibent au ‘’journaliste digne de ce nom’’ (Paris 1918) et lui recommandent de ‘’ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire’’ (Munich 1971),

Quand les chartes de déontologie prohibent au ‘’journaliste digne de ce nom’’ (Paris 1918) et lui recommandent de ‘’ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire’’ (Munich 1971), c’est pour éviter au journaliste et à l’organe de presse qui l’emploie le conflit d’intérêt entre le devoir moral et professionnel de publier une information-défavorable au commanditaire du message publicitaire à la diffusion payée de manière régulière ou clandestine – et l’obligation monnayée de la taire. Un fait d’actualité survenu au Sénégal depuis deux jours nous en fournit un exemple intéressant et sur lequel il faut méditer. Le voici : des travailleurs de l’opérateur de téléphonie Expresso sont en colère contre leur employeur, mais la radio dakaroise Zik Fm n’en a pas fait état. Au sein de cette radio, un agent, Ahmet Aïdara, en l’occurrence, ose déclarer à l’antenne être ‘’l’ambassadeur d’Expresso à Zik Fm’’ (sic). Nos contacts avec des personnels de la rédaction de cette radio nous assurent n’avoir pas entendu diffusée sur ZikFm une information sur la crise à Expresso, ni reçu un communiqué de travailleurs courroucés d’Expresso et, selon le journal ‘’Dakar Times’’ et le site www.senegal7.com, ‘’fustigeant les licenciements abusifs du personnel et des délégués syndicaux’’. ‘’C’est l’enfer depuis l’arrivée, en 2015, du nouveau directeur général Abdalla Saeed, assisté par son Daf Ali Bashir et Sajid Ahmad Khan, Directeur commercial’’, se plaignent les agents syndiqués cités par les deux organes de presse. La radio dakaroise iRadio a, elle aussi, relaté cette crise. Il se peut que la radio du sieur ‘’ambassadeur’’ Aïdara n’ait pas reçu l’information sur le conflit social en cours à Expresso qui dispose d’un ‘’journaliste’’ motivé on ne sait comment, ni pourquoi et pourquoi. Y aurait il eu un lien entre les ‘’fonctions’’de ce plénipotentiaire et le non-traitement de cette information par sa radio ? Questions…

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Quoiqu’il en soit, la revendication d’Aïdara est de nature à créer malaise et suspicion légitimes chez l’auditeur qui a une ou plusieurs fois entendu l’’’ambassadeur’’ exhiber à l’antenne sa carte de visite. Ce représentant d’un annonceur agit-il en clandestin ou avec l’autorisation de son employeur ? Question aussi… Sa qualité assumée et clamée ne peut-elle pas influencer un aspect de la ligne rédactionnelle – de la radio qui l’emploie – vis-à-vis d’un annonceur ? Quelle est la capacité d’inflexion et/ou d’influence de ‘’l’ambassadeur’’ d’un annonceur sur le traitement honnête et équidistant d’une information par un organe de presse ?

Autre question, parmi tant d’autres… Voilà un ‘’cas d’école’’ qui donne raison aux prescriptions des chartes de déontologie – lesquelles sont sans concession sur la possibilité pour un journaliste d’être publiciste et professionnel de la collecte et du traitement de l’information.

Le mélange de ces deux genres et de personnages n’est ni possible ni souhaitable. Le public y est lésé dans son droit à l’information et de connaître la vérité. Nombre d’individus ne sont ni gênés ni torturés par l’inconfort éthique et professionnel d’être journalistes et lecteurs de messages payés par des annonceurs. Ils n’écoutent guère les observations et conseils de confrères et consœurs préoccupés d’éthique et de déontologie, mais perçus comme des ‘’jaloux des véhicules et des crédits en banque’’ de ceux qui se tamponnent d’orthodoxie pour vivre sur un grand pied. Cette confusion volontaire – parce que rétribuée – conduit à ce concept que les spécialistes appellent‘’ menace des annonceurs contre la déontologie’’.

Et cette menace existe quand il y a possibilité et éventualité de pression(s) des pourvoyeurs d’insertions publicitaires payantes très vitales pour la vie d’un organe de presse. Et cela oblige l’organe de presse au choix cornélien entre ce que le fondateur du journal parisien ‘’Le Monde’’, Hubert Beuve Méry, dénomma ‘’moyens de vivre’’ très difficiles à faire cohabiter avec les ‘’raisons de vivre’’. Post-scriptum : Cette allusion à un cas d’éthique et de déontologie est faite en ces trois journées (25,26,27 avril 2019) à Dakar au cours desquelles le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie (Cored) de la presse sénégalaise a tenu à Dakar son Assemblée générale avec, parmi les points, le toilettage de ses textes et dont les conclusions ne tarderaient guère à être rendues publiques.

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