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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Processus De Moutonnisation Des Populations

Généralement, c’est à la veille de l’ouverture des classes que la question sur la tenue des élèves est débattue. Au Sénégal, à quelques jours du mois de Ramadan, alors que  les  vacances sont plus proches que la rentrée scolaire, on trouve le moyen d’en faire un sujet d’intérêt national. Et, pendant que les Sénégalais, se voilant la face, déchirent le tissu qui couvre l’unité nationale, Macky Sall et son régime violent, au grand jour, la Constitution. Un nouveau tripatouillage de la charte fondamentale du pays opéré par des députés dont certains ne cachent même plus leur appartenance à la race moutonnière.

Le président Sall est dans la peau d’un nouvel élu. Comme si son premier mandat n’avait jamais existé, il se focalise sur la présidentielle du 24 février dernier pour mettre le feu sur tout ce qui s’est passé avant. Son slogan, « Fast-Track », n’est pas le seul élément de langage sur lequel le leader de l’APR s’appuie pour se dresser en homme nouveau. C’est, en effet, toute une machine qui est mise en branle pour couper définitivement le pont entre le mandat en cours et le précédant. C’est d’abord le quotidien national « Le Soleil » qui consacre un dossier de deux pages traitant du train de vie de l’Etat. Et le journal de renseigner qu’entre 2000 et 2019, 20.000 véhicules ont été achetés par l’Etat (plus de 1000 par an). Et « Le Soleil » d’estimer le coût moyen unitaire des véhicules à 25 millions FCFA, soit un montant total avoisinant les 500 milliards FCFA. Et, ajoute le journal, pour la réparation de ces véhicules, 18 milliards sont annuellement décaissés par l’Etat dont les agents portent les factures d’eau, d’électricité et de téléphone à plus de 100 milliards F CFA par an. Seulement, le journal dirigé par Yakham MBAYE, membre de l’APR et ancien secrétaire d’Etat à la Communication, n’essaie de savoir pourquoi depuis 2012, Macky SALL n’a pas mis fin à ces pratiques. C’est cette même dynamique qui a poussé le tout nouveau ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique à révéler que « 261 travailleurs fictifs recevaient 60 millions FCFA par mois », dans le cadre de la gestion des ordures. Abdou Karim Fofana n’ignore pas qu’en faisant de telles déclarations, c’est le régime de Macky Sall qu’il met en accusation.  En effet, l’Entente Cadack-CAR, qui s’occupait du ramassage des ordures de la capitale, a été écartée par le décret n°2015-1703 du 26 octobre 2015 qui transfère le programme de gestion des déchets solides urbains de la région de Dakar à l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides (UCG). Une décision politique qui  cherchait à affaiblir Khalifa Sall. Ce dernier s’en était plaint auprès de la Cour suprême qui l’avait débouté.

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Pour Macky Sall et ses partisans, leur mandat vient de débuter, les forfaitures passées ne sont pas à prendre en compte. Le leader de l’APR en a annoncé la couleur lors de la cérémonie de prestation de serment. Comme s’il n’avait pas été à la tête de l’Etat ces sept dernières années, il s’est posé en nouvel arrivant non imprégné des « mauvaises réalités ». Ainsi, comme un Président qui vient d’être élu, il engage des réformes et se dit déterminé à réduire le train de vie de l’Etat qu’il a participé à rendre dispendieux.

Que Macky SALL décide unilatéralement de réviser la Constitution ne surprend pas. Il a déjà posé de nombreux actes déconsolidant la démocratie sénégalaise qu’il a balafrée.  C’est plutôt l’absence de contre-pouvoir ou d’opposition qui interroge. Ceux qui l’attendaient du côté de l’Assemblée nationale ont eu, ce samedi, des raisons de totalement déchanter. Non pas parce que les députés ont adopté la loi à la majorité absolue,  mais parce que cette législature est en train de donner en exemple la docilité pour ne pas dire la « moutonnerie ». « Moi je suis là pour le président Macky Sall. Les lois que Macky Sall amène ici, c’est vous qui les regardez mais pas moi. J’attends le vote pour lever la main », a lancé le député Momath Sow qui met à terre son honorabilité. Avant lui, c’est le député -maire de Toubacouta, Pape Seydou Dianko, qui déclarait : « Je ne suis pas allé à l’Assem­blée nationale pour m’occuper de textes ou de projets de loi. Je ne suis là-bas que pour régler des comptes aux députés qui auront le culot de s’attaquer au Président Macky Sall ou au président Moustapha Niasse. C’est bon d’être un député : On t’appelle Honorable, tu vas à l’Assemblée, cartable en main, les gendarmes t’ouvrent les portes, tu arpentes les escaliers et entres dans une salle climatisée. Non, il n’y a rien de tel ! Celui qui a fait ça pour toi, tu lui es redevable à jamais et dois te battre de toutes tes forces pour qu’il soit maintenu au pouvoir».

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C’est véritablement ce sentiment découlant à la fois de l’ignorance et de l’égoïsme qui a jadis facilité la colonisation qui gagne de plus en plus le Sénégalais. Et qui avait poussé Maître Jackson Francis Kamga  à fâcher le juge Malick Lamotte.  Le bâtonnier de l’ordre des avocats du Cameroun, avait lancé, lors du procès de Khalifa Sall : « Les Sénégalais, habituellement, loquaces, sont devenus silencieux. Sont-ils castrés, tétanisés ? ».







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