En théorie, nous devrions vivre dès ce mardi, 30 jours de bonheur, de félicité, de tranquillité, de partage et de fraternité. Nous qui aimons tant, au détour de chaque phrase, préciser que nous sommes un peuple musulman, allons donc traverser 30 jours sans colères urbaines, sans médisances, et surtout sans mensonges… Quelle torture !
Mais avant tout, que Dieu durant ces jours où il est recommandé de s’emplir de sincérité et de sagesse, permette à quelques aventuriers incendiaires de retrouver raison et grandeur d’esprit, en ramenant cette désuète polémique des « foulards de Jeanne d’Arc » à de plus justes proportions, celles qui en fait ne concernent que quelques dizaines de jeunes filles sur deux ou trois milliers, lesquelles, si vraiment elles tiennent tant à vivre leur foi et leur scolarité en uniforme vert et blanc, peuvent le faire sans problèmes dans des établissements dédiés. On ne va pas foutre le feu à ce pays pour ça, alors que Yavuz Selim ou ce qui en reste est là pour les satisfaire.
J’ai la chance d’être né à Saint-Louis dans une ville où le cimetière abrite ensemble, catholiques et musulmans à Sor et d’être originaire de Ziguinchor où le même cimetière est la dernière demeure des catholiques et des musulmans…Je suis nostalgique d’une époque où le cardinal Thiandoum offrait à son ami Seydou Nourou tall le caravansérail qui appartenait au clergé, l’espace nécessaire pour y dresser cette belle Mosquée qui fait la fierté d’un Sénégal aujourd’hui amputé de ses élégances. Que ces 30 jours de sagesse permettent à ces boutefeux et partisans du zèle religieux de ne plus jouer avec des allumettes dans un pays qui sent un peu le gaz, tout de même.
Et puis surtout durant ces 30 jours, j’ai l’espoir que nous rencontrerons des hommes et des femmes qui ne se plaindront pas du jeûne, dans des bureaux climatisés, naviguant sur Facebook ou WatsApp, alors que le Prophète Lui, PSL, s’est affranchi de l’épreuve sous 50° ! Un peu de décence dans la complainte de l’affamé tout de même….
Nous allons profiter durant 30 jours de l’absence d’invectives entre politiciens, sans bagarres, sans injures, sans présomptions ni arrogances, avec des hommes politiques manifestant compassion et attentions pour les populations dont ils attendent les suffrages.
C’est aussi, si j’ai souvenance un mois de pardon et de rejet des injustices, et peut-être en plus la Grâce inspirera certains à sortir des kiffs du pouvoir, des ressentiments et des doutes qui autorisent parfois d’inconscients excès. Ces 30 jours pourraient habiter des consciences quelques fois désinvoltes et les inspirer à mieux considérer les risques possibles qu’il y aurait à perpétuer une décision judiciaire entachée de suspicion légitime. Suivez mon regard…
Ce sont aussi 30 jours durant lesquels nous serions bien inspirés de nous interroger sur les catastrophes en cascades qui s’abattent sur le Sénégal. Et de nous demander si dans l’émission des prières que l’on envoie à Dieu à longueur de prêches, d’émissions de radio, de chants religieux nocturnes et perturbant la mobilité et la quiétude des citoyens, d’évocation pour jurer, de tous les Saints Hommes de Dieu qui peuplent notre spiritualité, de nous demander donc pourquoi Dieu souvent ne nous entend pas. Y’a un problème de réception… Y’a un truc qui cloche…
Profitons de ces 30 jours bénis pour réapprendre à envoyer des prières à Dieu… Si notre pays est propre, nickel chrome, il n’y a aucune raison que Ses Grâces ne nous mènent pas vers un vrai Yonnu Yokkuté. Bon Ramadan…