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Un Bouc Emissaire NommÉ ImmigrÉ

La poursuite du bonheur. Ces quelques mots figurent en bonne place dans la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis du 4 juillet 1776, à côté du droit à la vie et à la liberté. Le bonheur, l’homme a toujours été à sa quête, depuis sa chute de l’Eden, et depuis lors, il n’a jamais hésité à braver la nature pour satisfaire sa soif de vie meilleure. C’est cette même quête qui anime les milliers de jeunes Africains qui affrontent désert et mer, depuis quelques années. L’homme, par nature, a aussi le goût de l’aventure, de la conquête.

La terre est pour lui un vaste espace à explorer, à conquérir et à exploiter. Sorti de son berceau, l’Afrique, il est allé voir sous d’autres cieux s’il ne fait pas mieux vivre. L’homo erectus a quitté le continent il y a deux millions d’années pour l’Asie, avant de finir en Europe. Et selon certains historiens, nos ancêtres sont sortis de l’Afrique, non pas pour faire du tourisme mais à cause de changements environnementaux (aridité du climat, disparition des environnements marécageux et humides ou augmentation de la densité de la population dans certaines régions d’Afrique orientale). Quoi qu’il en soit, la nature y est pour quelque chose. Bizarrement, cela rappelle le réchauffement climatique actuel et son lot d’émigrés.

A l’époque préhistorique, une population dense signifiait une rude compétition autour du gibier et des terres, bref, des ressources de subsistance. L’homme a migré pour régler ce problème vital. Le souci de survie avait motivé, aux 19ème et 20ème siècles, des millions d’Italiens, confrontés chez eux aux maladies et à la famine, à déposer leur baluchon aux Etats-Unis, suscitant parfois haine et préjugés (paresseux, inintelligents, illettrés…). On avait vite oublié que l’Amérique, c’est une nation d’immigrants. Son président ignore aussi que ce pays a été et continue d’être bâti par la sueur de gens venus d’ailleurs.

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D’après une étude du think tank américain National foundation for american policy, plus de la moitié des startups basées dans ce pays et évaluées à un milliard de dollars, ont été créées par des émigrés. Quarante-quatre de ces entreprises pèsent 168 milliards de dollars (c’est beaucoup plus que les 5,7 milliards de dollars que réclame Trump pour ériger son mur) et sont créditées de 760 emplois en moyenne chacune. Et même à l’échelle planétaire, ces indésirables venus d’ailleurs sont pourtant très utiles.

Selon une étude du cabinet McKinsey, les migrants économiques font moins de 4 % de la population de la Terre, mais ils assurent à eux seuls près de 10 % de sa richesse. Soit l’équivalent des Pib réunis du Japon et de la France. Malheureusement, leur apport est régulièrement occulté par les statistiques sur leur nombre : 47 millions aux Etats-Unis (15 % de la population), 58 millions en Europe (13 %), un habitant sur deux dans les pays du Golfe (48 %). Et aussi par des préjugés (aggravation du chômage, poids sur les finances publiques avec les allocations sociales) les présentant comme de dangereux envahisseurs qui ôtent le pain de la bouche de leur hôte. Rien n’est plus faux ! Selon plusieurs recherches sur le sujet, ces étrangers sont plus une aubaine qu’un boulet pour les pays d’accueil.

Le groupe de réflexion Bsi Economics a démontré que les flux migratoires sont un stimulus pour l’activité et la consommation car ils augmentent la demande, génèrent ainsi des emplois et accroissent donc le Pib. Une étude du Cnrs, publiée en juin 2018, atteste aussi qu’un afflux de migrants signifie une hausse de 0,23 % du Pib par habitant sur deux ans. « Souvent, les migrants qui arrivent n’ont rien, ils ont besoin de tout. Leur donner de l’argent revient donc à faire une sorte de plan de relance keynésien », expliquait dans les colonnes de l’Express Emmanuelle Auriol, de la Toulouse School of Economics. En Italie, Tito Boeri de la sécurité sociale italienne indique que face au déclin démographique de son pays, il y a un grand besoin d’immigrés pour payer les retraites et assurer l’équilibre du fonds de retraites. Malheureusement, l’histoire a démontré qu’en période de crise, le bouc émissaire pour certains, c’est l’étranger.

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