Ce mardi 14 mai 2019, mon père aurait fêté ses cent ans s’il avait vécu !
Beaucoup ont magnifié l’homme de foi, le fervent musulman, l’homme épris de justice, l’homme politique, l’avocat défenseur des faibles et des opprimés, etc.
Aujourd’hui, ce qui me vient en mémoire et que je voudrais célébrer, c’est le père extraordinaire qu’il a été ! Un père qui chérissait ses enfants au-dessus de tout, tout en étant intransigeant sur leur éducation. Il nous a inculqués les valeurs de droiture et d’honnêteté, le respect de l’autre qu’elle que soit sa condition, le culte du travail et de l’effort, sans jamais lever la main sur nous.
Je me souviens encore de sa voix me récitant chaque matin, moi sa fille, qu’il avait nommée Zahra (« la fleur »), ces vers de Ronsard :
« Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil »
Je veux célébrer ce père féministe sans l’admettre, qui n’a jamais fait de différence entre moi et mes quatre frères. Ainsi, il m’emmenait chez le coiffeur me couper les cheveux en même temps que mes frères tous les 15 jours parce que je ne supportai ni le peigne, ni les tresses. Il a toujours encouragé chez moi le dépassement de soi pour être indépendante. Les restrictions qu’ils nous imposait dans nos sorties étaient valables pour tous, filles et garçons. Ce père a concilié féminisme et conviction religieuse. Ainsi, fervent musulman, il n’en était pas moins un monogame convaincu.
Je suis fière d’être sa fille, et il me manque tant. En ces temps troubles, où les repères deviennent flous et les fondations vacillent si facilement, heureusement que je garde les valeurs qu’il m’a laissées. Elles me servent de bouclier au quotidien pour affronter les vicissitudes de la vie.
Fadilou Diop, Galass comme nous aimions affectueusement l’appeler, était un homme bien ; un homme de foi, d’honneur et de conviction. Il fut un époux aimant, un père tendre, un militant acharné et un avocat passionné.
Je prie pour lui et sollicite de la famille, des amis et proches des prières pour que le paradis soit sa dernière demeure.